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Menace terroriste : la « piqure de rappel » Taylor Swift en Autriche
A priori, cela n’a rien à voir avec les JO de Paris. Pourtant, le démantèlement d’une cellule terroriste qui préparait une action contre un concert de Taylor Swift, ce soir ou demain soir à Vienne, est étudiée de près par les services de renseignement français. Détail glaçant : une vidéo de revendication avait déjà été tournée. Les trois concerts prévus dans la capitale autrichienne, eux, ont été annulés par mesure de sécurité.
Une opération préventive de la police et des services de renseignement autrichiens a permis d’éviter un attentat massif contre l’un des trois concerts de Taylor Swift prévus à Vienne en cette fin de semaine. La chanteuse américaine devait se produire trois soir de suite au stade Ernst Happel de Vienne, chaque concert rassemblant 65 000 spectateurs.
Action préventive in extremis
Informés par les services de renseignement américains, les Autrichiens sont passés à l’action ce mercredi 7 août et procédé à trois arrestations. Le principal suspect (19 ans) a été interpellé mercredi matin à Ternitz (à moins de 80 kilomètres au sud de Vienne) et ses deux complices, âgés de 17 ans et de 15 ans, ont été cueillis dans l’après-midi du même jour dans la capitale.
Outre le fait qu’un massacre a été évité, le principal intérêt de ce dossier est que les deux protagonistes du complot ont été pris vivants et qu’ils sont bavards, ce qui permet de se faire une idée assez précise des tenants et aboutissants de toute l’affaire.
Outre le fait qu’un massacre a été évité, le principal intérêt de ce dossier est que les deux protagonistes du complot ont été pris vivants et qu’ils sont bavards.
Jeudi matin, Omar Haijawi-Pirchner, patron du DNS (Direktion Staatsschutz und Nachrichtendienst, ou « Direction de la protection de l‘Etat et du Renseignement ») a ainsi pu révéler que le leader de la cellule avait avoué, en garde-à-vue, vouloir commettre un attentat suicide à l’aide d’une ceinture explosive et de couteaux. Son plan était apparemment de poignarder le plus de gens possible avant de se faire exploser. Il voulait, selon Haijawi-Pirchner, « tuer un grand nombre de personnes et se tuer ». L’attentat devait être exécuté ce jeudi soir ou vendredi.
Projet d’attentat minutieusement élaboré
Il ne s’agit par d’un projet fumeux et mal abouti : des précurseurs chimiques permettant de fabriquer du TATP et des détonateurs ont été retrouvés au domicile familial du jeune homme, à une centaine de kilomètres de Vienne, ainsi que des explosifs déjà prêts à l’emploi, des couteaux et des machettes.
Son complice, lui, s’était fait engager par une société de maintenance devant fournir des services durant les concerts et son rôle était, à minima, de faciliter l’entrée de son chef dans l’enceinte du stade. Toutefois, au vu du nombre de détonateurs et de la quantité de produits chimiques retrouvés, les enquêteurs envisagent sérieusement la possibilité qu’il devait, lui aussi, se faire sauter.
AFP
Une fan de la mégastar américaine Taylor Swift porte un t-shirt avec son étoile lors du « Taylor Swift The Eras Tour Picnic » le 7 août 2024 dans un jardin public de Vienne, en Autriche, avant ses trois concerts prévus. (Photo by Eva MANHART / APA / AFP).
Au moment de son arrestation, il était présent dans les installations du stade et en possession « d’une importante documentation » relative au groupe Etat islamique. Il semble qu’au cas où l’acteur principal de la cellule n’arriverait pas à pénétrer les lieux (il ne possédait pas de ticket pour les représentations), il ait envisagé de mener son action à l’extérieur du stade où l’on estime que 20 000 à 25 000 personnes devaient être présentes chaque soir. Enfin, un gyrophare a été saisi, qui devait peut-être servir à faciliter l’approche des lieux… Détail glaçant : une vidéo de revendication avait déjà été tournée.
Une fois de plus, les suspects sont très jeunes et déterminés
Le suspect principal est un Autrichien d’origine macédonienne et son complice un autre ressortissant autrichien, mais d’origine turque et croate. Tous deux s’étaient rapidement radicalisés en ligne et avaient prêté, début juillet, le serment d’allégeance à l’Etat islamique au Khorasan (EIK). Un troisième garçon, âgé de 15 ans et d’origine turque, a été également été interpellé.
Le jeune homme de 19 ans avait quitté son emploi le 25 juillet, évoquant « de grands projets personnels ».
Autre preuve de la détermination des terroristes : le jeune homme de 19 ans avait quitté son emploi le 25 juillet, évoquant « de grands projets personnels » et son complice de 17 ans avait rompu avec sa petite amie à la même période. Le plus jeune des deux était lié au monde des bandes organisées et aurait participé, le 7 juillet, à un affrontement entre groupes syriens et tchétchènes à Meidling (8 kilomètres au sud de Vienne) qui avait fait 4 blessés graves. Lors de cet affrontement, il était, d’après les renseignements déjà établis, aux côtés des Tchétchènes.
Menace terroriste plus présente que jamais
Si cet attentat déjoué ne peut qu’intéresser les services de renseignement français (et tous leurs homologues européens), c’est qu’il confirme que la menace terroriste islamiste est revenue à son plus haut niveau et que l’EIK est considéré comme étant, aujourd’hui, la branche la plus dangereuse et la plus tournée vers l’international de la mouvance E.I.
Le complot déjoué à Vienne souligne également que l’EIK se tourne de plus en plus souvent vers des adolescents ou de très jeunes adultes, parfois liés aux milieux criminels.
On sait qu’après son « exploit » à Moscou, fin mars, – l’attaque qui a fait des dizaines de morts au Crocus City Hall de Moscou – le groupe entend frapper l’Europe de l’Ouest. Plusieurs attentats ont d’ailleurs été déjoués ces derniers mois, entre autres en Allemagne et en Autriche. Mais des sympathisants d’EIK ont également été interpelés en France au printemps et en Belgique à la veille de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Et l’on sait que des complots visant les Jeux ont ainsi été déjoués. Or, si l’on ne peut que se réjouir que les JO se déroulent, jusqu’à présent sans incident, ils ne sont pas terminés et, au moins jusqu’à la fin des jeux paralympiques, la menace restera maximale.
AFP
Un steward guide les fans de la chanteuse américaine Taylor Swift, également connue sous le nom de Swifties, alors qu’ils arrivent pour acheter des produits dérivés devant le stade national de Varsovie, le 31 juillet 2024, un jour avant le premier des trois spectacles de la tournée Eras de la pop star. (Photo par Sergei GAPON / AFP).
Des adolescents comme auteurs
Par ailleurs, le complot déjoué à Vienne souligne également que l’EIK se tourne de plus en plus souvent vers des adolescents ou de très jeunes adultes, parfois liés aux milieux criminels. Outre le fait que beaucoup d’entre eux n’ont pas encore été repérés par les « services » – ne serait-ce que par la rapidité de leur radicalisation et le laps de temps souvent très court qui sépare celle-ci d’une tentative de passage à l’acte – ces jeunes gens sont prêts à tout et n’ont aucune limite.
L’objectif de l’EIK étant de cibler des évènements de masse, particulièrement médiatisés, dans le but de conforter sa position au sein de la mouvance terroriste islamiste, la hantise du renseignement français est donc qu’une cellule du même type ait échappé à toute détection et sorte de l’ombre pour frapper. Pas question, donc, de baisser la garde.
Hugues Krasner
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Source: LPOST
