Distribution de journaux et de périodiques : attention à ne pas fragiliser bpost


Distribution de journaux et de périodiques : attention à ne pas fragiliser bpost
La présidente de bpost, Audrey Hanard, lors de la présentation du nouveau CEO de bpost group, Chris Peeters, le 6 septembre 2023. BELGAL’éventualité de la perte de la concession de distribution des journaux et des périodiques par bpost pour la période 2024-2028 suscite l’inquiétude de nombreux acteurs du dossier. A commencer par le groupe postal historique qui pourrait se retrouver avec une perte de chiffre d’affaires de 125 millions d’euros. Par ailleurs, il se retrouvera dans une situation où il devra procéder à une restructuration, car cette activité représente environ 4.500 travailleurs dont une partie sera obligée de quitter le navire.
Ensuite, il y a les syndicats de bpost qui redoutent cette éventualité, car ce sont eux qui devront négocier avec le groupe postal les plans de départ des travailleurs qui sont aussi leurs affiliés. Les éditeurs de journaux (groupe IPM, éditeurs notamment de La Libre, la DH, Moustique, L’Avenir, etc.) et Rossel (Sudinfo, Le Soir, L’Echo, le Tijd, etc.) donnent aussi de la voix, car ils risquent de se retrouver avec un partenaire, à savoir la société belge, PPP, avec qui l’expérience actuelle de distribution des journaux à Bruxelles ne livre pas les résultats escomptés. Et pour l’instant, les politiques jouent la carte de la discrétion.
En privant bpost de ce contrat, le Gouvernement fédéral jette une peau de banane sous le pied du nouveau CEO de bpost, Chris Peeters, qu’il vient juste de débaucher chez Elia.
L’inquiétude des uns et des autres est largement justifiée dans la mesure où l’analyse des offres déposées par les entreprises concurrentes dans le cadre du marché public et qui a mené au mauvais classement de bpost interpelle. Pourquoi les experts de l’administration (SPF Economie) qui ont procédé à l’évaluation des offres n’ont-ils pas jugé utile de consulter les parties intéressées, notamment les éditeurs de journaux, pour avoir leur retour d’expérience de leur collaboration actuelle à Bruxelles avec une des entreprises candidates ? Ils auraient pu aussi élargir la consultation en demandant leur avis sur les prestations de service de bpost dans le cadre de la distribution des journaux dans d’autres régions. Ce faisant, ils auraient eu un feed-back du terrain qui leur aurait été plus qu’utile dans l’analyse des offres.
Un autre point mérite également d’être soulevé : pourquoi avoir accordé autant d’importance au prix du service à prester (60% des points) donnant l’impression que la qualité est une donnée secondaire ?
A force d’avoir trop misé sur un tarif bas, les experts de l’administration ont pris le risque de porter préjudice aux conditions de travail des collaborateurs.
Ceux qui ont élaboré le cahier des charges portent donc une grande responsabilité dans le cafouillage actuel, car à force d’avoir trop misé sur un tarif bas, ils ont pris le risque de porter préjudice aux conditions de travail des collaborateurs. Car in fine, l’entreprise qui aura remporté le marché aura probablement tendance à se rattraper sur le personnel qu’elle utilisera comme une variable d’ajustement. En bout de course, aucun acteur ne sera satisfait : les collaborateurs ne seront pas motivés pour fournir un travail de qualité vu le salaire qu’ils percevront, les bénéficiaires du service, à savoir les lecteurs, se plaindront chez les éditeurs de presse, parce que la distribution des journaux et des magazines aura des ratés, et le Gouvernement fédéral sera obligé de monter au créneau pour sanctionner le prestataire (à condition que des pénalités soient prévues dans l’appel d’offres public).
Le Gouvernement fédéral est aujourd’hui dans une situation délicate avec le marché public de concession de la presse dans la mesure où il va devoir prendre une décision à quelques mois des élections du 9 juin 2024.
Le Gouvernement fédéral est aujourd’hui dans une situation délicate avec le marché public de concession de la presse dans la mesure où il va devoir prendre une décision à quelques mois des élections du 9 juin 2024. Comment va-t-il donc expliquer aux électeurs et aux travailleurs de bpost qu’il a pris une décision qui risque d’avoir un impact négatif sur l’emploi salarié chez le groupe postal ?
L’équation est d’autant plus compliquée à résoudre pour le Fédéral qu’en cas d’éjection de bpost du contrat, l’entreprise qui remportera le marché ne sera pas obligée d’appliquer la CCT 32 bis. Car, cette législation qui permet la reprise des travailleurs associés à un contrat ne semble pas s’appliquer, a priori, aux entreprises publiques. Les travailleurs qui seront impactés seront donc livrés au bon vouloir du prestataire retenu.
Sans oublier qu’en privant bpost de ce contrat, le Gouvernement fédéral jette (à l’insu de son plein gré ?) une peau de banane sous le pied du nouveau CEO de bpost, Chris Peeters, qu’il vient de débaucher chez Elia…
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Source: LPOST

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