Maison de repos et domicile : nos seniors victimes de maltraitances


Maison de repos et domicile : nos seniors victimes de maltraitances
Depuis quelques jours, la vidéo choquante d’une personne âgée frappée par une infirmière circule en masse sur les réseaux sociaux. La scène a été filmée dans un centre médico-social situé dans la ville de Pejë, au Kosovo. Si le ministre de l’Intérieur, Xhelal Sveçla, a immédiatement réagi à l’incident, affirmant que ces actes sont d’autant plus graves quand ils se produisent au sein d’institutions censées offrir des soins, les faits nous rappellent que la question de la maltraitance des seniors demeure largement sous-estimée : 5% des personnes âgées de plus de 65 ans et 15% des plus de 75 ans en Europe seraient victimes du phénomène. Dans 75% des situations, la maltraitance est commise à l’encontre des aînés vivant à domicile, tandis que dans 25% des cas elle est commise envers des personnes vivant en institution. Pressions psychologiques, violences physiques, spoliation financière, mise sous tutelle abusive, négligences, attitudes indélicates, infantilisation et brimades, les plaintes pour maltraitances envers des seniors sont en augmentation constante. L’âgisme ordinaire, cette discrimination silencieuse à l’égard des aînés, accentue encore le phénomène.
L’âgisme, soit la dévalorisation due à l’âge, serait colossal, dans notre pays.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée, se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance et que cela cause du tort ou de la détresse à une personne âgée ». Entre 4 et 6 % des personnes âgées de plus de 65 ans connaissent une forme de maltraitance.
Des enquêtes plus ciblées avancent mêmes quelques 20 à 25%. L’auteur désigné de la maltraitance soupçonnée ou avérée ? C’est d’abord un membre de la famille (pour près de 62% des cas), devant un professionnel en institution (17,6%) et l’entourage proche (8,7%). S’agissant des cas familiaux, l’enfant (36%) précède le conjoint/partenaire (12%).
Une réalité sous-estimée
Ces chiffres sont toutefois sans doute sous-estimés de par la difficulté pour l’aîné à dénoncer et sa crainte d’être délaissé. A cela, s’ajoute la peur d’être placé en institution et le chantage affectif à l’isolement. La deuxième maltraitance majeure est le manque de temps passé auprès des personnes âgées placées.
Enfin, les maltraitances touchent bien davantage les seniors restés vivre à domicile que ceux vivant en institutions. Généralement, elles viennent des familles qui s’épuisent dans la prise en charge au quotidien, avec trop peu de moyens et de mesures d’accompagnement. Fatiguées, elles basculent dans la négligence. L’âgisme, soit la dévalorisation due à l’âge, serait colossal, dans notre pays.
 L’exclusion est aussi mouroir
On fait preuve d’une fausse sollicitude exagérée à leur endroit. Parce qu’ils entendent moins bien ou que leur vue baisse, on suppose qu’ils deviennent moins intelligents. Chaque fois qu’ils oublient quelque chose, on leur rétorque que c’est le début d’Alzheimer.
Pire encore, le discours ambiant tend à laisser croire que le déclin de la santé est forcément lié à l’âge, au point que celles et ceux qui vieillissent s’en persuadent. Cet « âgisme ordinaire » a été décortiqué par une équipe de chercheurs des universités de l’Oklahoma et du Michigan. L’étude américaine parue au mois de juin dernier dans la revue spécialisée JAMA Geriatrics détaille les effets de cette discrimination envers les seniors. Elle détruit la santé des plus âgés.
Une atteinte à la dignité
Les conséquences d’une maltraitance peuvent être particulièrement sévères. Outre le fait que l’état de santé général se dégrade rapidement, le sentiment d’abandon entraîne le repli sur soi. Ce désarroi peut rapidement mener à la dépression et même au suicide dans le pire des cas. Les professionnels du secteur s’accordent pourtant à répéter que l’aîné est un être de droits. Il n’y a pas de date de péremption à partir de laquelle il ne doit plus être considéré comme un adulte. Bien au contraire, plus vulnérable, cet adulte qui vieillit doit pouvoir compter sur le respect qu’il est en droit d’attendre des siens.
La maltraitance des aînés, nous sommes tous concernés. Le premier réflexe est d’en parler. Si vous ou l’un de vos proches est concerné, vous pouvez contacter le numéro vert gratuit : 0800 30 330.
 
L’article Maison de repos et domicile : nos seniors victimes de maltraitances est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST

Check Also

Oui, on peut influencer le choix de la présidence de la Commission UE

Oui, on peut influencer le choix de la présidence de la Commission UE Avec …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.