Trois pays du Maghreb concrétisent une nouvelle alliance politique pour contrer les crises


Trois pays du Maghreb concrétisent une nouvelle alliance politique pour contrer les crises
Les dirigeants de trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Libye/Tripoli) se sont réunis le lundi 22 avril à Tunis pour tenter de ranimer ce sous-ensemble régional. Ce sommet fait suite à une première rencontre, tenue le 3 mars à Alger, en marge du 7ème Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz. L’objectif est de faire de la nouvelle alliance un bloc face notamment à l’offensive des monarchies du Golfe, Emirats arabes unis en tête, dans la région, et pour faire face aux menaces grandissantes qui guettent la région, en plus des flux  migratoires venant des pays du Sahel, et aussi, depuis peu, du Soudan.
Si pour le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, cette initiative n’est « motivée par aucune conjoncture particulière » et qu’elle n’est pas « une alternative à l’Union du Maghreb arabe », il n’en demeure pas moins que ce regroupement, dont sont exclus le Maroc et la Mauritanie, signe tacitement la mort de cette union fondée en 1989, et restée inactive depuis des années en raison des conflits entre ses principaux fondateurs. Alors qu’il y a peu de chances que ces deux pays puissent être (ré)intégrés dans cet espace, eu égard aux circonvolutions qui continuent à dominer les relations algéro-marocaines notamment. L’initiative de la rencontre avait été entérinée le 3 mars dernier à Alger en marge du 7ème sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (https://lpost.be/2024/03/26/reunion-tripartite-algerie-tunisie-libye-le-lancement-dune-nouvelle-dynamique-maghrebine/).
Alliance et mésalliance
Rabat n’a pas réagi officiellement à cette initiative, mais les commentaires, unanimement hostiles, de la presse marocaine montrent une certaine frustration ressentie par les Marocains de voir se créer, à leur insu, un espace régional.  « La première réunion consultative entre les dirigeants de trois pays, en l’absence du Maroc et de la Mauritanie, trahit une volonté de créer une alternative à l’Union du Maghreb arabe », écrit le site 24 Saa, proche du Palais.
Il faut donc s’attendre à ce que les relations entre le Maroc, d’un côté, et l’Algérie et la Tunisie, de l’autre, s’enveniment davantage. D’ailleurs, à peine cette réunion s’était achevée qu’une nouvelle crise a éclaté entre Alger et Rabat, à cause d’un match de football, où les Algériens contestaient la présence d’une équipe marocaine portant sur des maillots une carte géographique controversée.
Trouver des solutions aux crises
Par ailleurs, ce regroupement se donne comme objectif de trouver des solutions aux crises qui traversent les pays de la région, dont principalement la Libye. Or, sur cette question, l’implication d’une seule partie de la Libye (le gouvernement de Tripoli) n’est pas de nature à contribuer au rapprochement des vues entre les deux camps rivaux. Là aussi, la partie dirigée par l’armée du maréchal Khalifa Haftar (est), soutenue par l’Egypte et les Emirats arabes unis (EAU), devrait se sentir visée par cette nouvelle alliance. Chose qui risque d’accroître les hostilités entre les belligérants, à l’heure où on parle, en Libye, d’une effervescence au sein de certaines milices.

AFP
Pour le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, la nouvelle alliance  n’est « motivée par aucune conjoncture particulière » et qu’elle n’est pas « une alternative à l’Union du Maghreb arabe ». (Photo pary Odd ANDERSEN / AFP)
Il y a aussi d’autres raisons plus urgentes. L’apparition de troupes étrangères (turques et américaines), près du poste frontalier tuniso-libyen, Ras El-Jedir, inquiète les autorités des deux pays (Tunisie, Libye) et constitue une des raisons qui ont précipité la tenue de cette réunion au sommet, estime Mustapha Abdelkebir, président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme, et spécialiste de la Libye.
Cela dit, pour la Tunisie, l’enjeu essentiel de cette alliance reste celui d’arriver à juguler les flux migratoires qui pèsent lourdement sur ce pays et qui attirent sur lui les foudres de l’Union européenne, et celles notamment de l’Italie.
Un rempart contre les Emirats !
Pour l’Algérie, l’enjeu est plutôt stratégique. Ce redéploiement d’Alger au plan régional intervient dans un contexte marqué par l’exacerbation des tensions diplomatiques avec les pays voisins du Sud, dont notamment le Mali et le Niger, et récemment aussi avec la Mauritanie. Avec Bamako, les relations se sont subitement détériorées, après la décision prise, en janvier dernier, par le conseil de transition de ce pays, issu du coup d’Etat du 18 août 2020, de se retirer du Processus d’Alger qui offrait un cadre de dialogue entre le pouvoir central et les forces de l’Azawed du Nord-Mali. Quelques semaines plus tard, ce fut le tour de Niamey de provoquer une crise avec Alger, en accusant les autorités algériennes de maltraiter des réfugiés nigériens rapatriés dans des conditions qualifiées d’indignes, puis en convoquant l’ambassadeur d’Algérie…
L’Algérie s’interdira désormais de s’immiscer dans les affaires du Mali et du Niger.
Après cette double estocade, le chef de l’Etat algérien a, lui-même, avoué que les gouvernements malien et nigérien « étaient libres », s’ils le voulaient, de se passer de l’aide de l’Algérie. Entendre que l’Algérie s’interdira désormais de s’immiscer dans les affaires de ces deux pays. Mais cela imposera à l’Algérie d’être plus vigilant à ses frontières sud, pour parer aux débordements des groupes djihadistes, de plus en plus acculés dans le Nord-Mali.
Vu sous un autre angle, l’engouement affiché à Alger pour ce regroupement des trois pays du Maghreb révèle le besoin de briser l’étau qui enserre l’Algérie de partout, et d’anticiper une grosse conspiration qui la viserait. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait clairement accusé, début avril, les Emirats arabes unis de vouloir dresser les pays de la région contre son pays, en apportant son soutien au régime marocain, et aussi au maréchal Haftar, puis, récemment au nouveau pouvoir nigérien. C’est pourquoi cette alliance algéro-tuniso-libyenne est perçue à Alger comme un premier rempart contre l’expansionnisme émirati
M. Achour (à Alger)
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Source: LPOST

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