Sénégal : le président Macky Sall maintient l’impasse !


Sénégal : le président Macky Sall maintient l’impasse !
Le président sénégalais Macky Sall (au centre) assiste au dialogue national à Diamniadio le 26 février 2024. AFPA travers la décision n°1/C/2024, le Conseil constitutionnel prend le contrepied du président de la république et l’assemblée nationale en réaffirmant la poursuite du processus électoral. Cependant le Président Macky Sall entretient encore le flou quant à la date de l’élection présidentielle. Il assure qu’il quittera bien son mandat de Président de la république le 2 avril prochain, mais jusqu’à présent aucune date n’a réellement été confirmée pour l’élection présidentielle. Si Macky Sall quitte son mandat à la fin de son échéance, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assurera l’intérim. Il dispose de 60 à 90 jours pour organiser une nouvelle élection présidentielle. Après deux jours d’échange les 26 et 27 février, les participants au dialogue ont proposé d’organiser l’élection présidentielle le 2 juin, la date retenue est rejetée par la population et la plateforme de l’opposition. 
Le jeudi 15 février, le Conseil constitutionnel sénégalais prenait une décision courageuse d’annuler la loi sur le report de l’élection présidentielle au 15 décembre 2024 décidé par le Président Macky Sall. Ce faisant, ce dernier prolonge son mandat à la tête du pays qui arrive à échéance le 2 avril.  Apres le bafouement de la démocratie sénégalaise avec ce décret, le Conseil constitutionnel remet le Sénégal sur les rails de la démocratie. Il demande au président d’organiser dans les plus brefs délais l’élection présidentielle conformément à la constitution sénégalaise. 16 sur les 20 candidats magnifiaient cette décision à travers un communiqué conjoint.
Libération des prisonniers politiques
Quelques heures avant, plusieurs centaines de détenus politiques furent libérés. Ces libérations se poursuivirent durant les jours suivants. Les témoignages des ex-détenus glacent le cœur en raison des conditions difficiles de détention et la torture subite.
L’entretien du président Macky Sall le jeudi 22 février avec quatre médias sénégalais laisse planer le doute.
Néanmoins, c’est le flou total malgré cette décision du Conseil constitutionnel. En effet bien que le Président de la République, à travers un communiqué de la présidence en date du 16 février 2024, entendit l’exécuter toutefois sa démarche en est autre. S’il dit être disposé à organiser l’élection dans les meilleurs délais selon toujours ce communiqué, l’entretien du président Macky Sall le jeudi 22 février avec quatre médias sénégalais laisse planer le doute.
Les sénégalais ont dû prendre leur mal en patience, car le président Macky Sall n’a annoncé aucune date. Selon lui, un dialogue est plus que jamais nécessaire. Il convoqua la tenue de ce dialogue national les 26 et 27 février. Il y ressortit la proposition de la date du 2 juin pour l’élection présidentielle. Dans tous les cas, le dernier mot reviendra au Conseil constitutionnel.
Les Sénégalais rejettent les propositions de dialogue
Ce dialogue est rejeté déjà par 16 des 19 candidats. Il en est de même concernant la plateforme citoyenne AAR SUNU ELECTION (Protégeons notre élection). Pour eux, il n y a pas sa place d’être et le président doit appliquer, sans conditions, la décision du Conseil constitutionnel en fixant une date avant la fin de son mandat prévue le 2 avril.
Les Sénégalais rejettent donc les propositions de dialogue qu’ils jugent inutiles.  Des manifestations pacifiques ont été organisées partout dans le pays le samedi 24 février. Une grève générale a été observée dans tous les secteurs d’activité le mercredi 28 février. Ce samedi 2 mars, la nouvelle plateforme de l’opposition regroupant les candidats officiels, la société civile, les partis d’opposition du F24 et bien d’autres organisations et mouvements appellent au rassemblement pour protester contre le président Macky Sall qui tarde à choisir une date.
Cette situation inédite de la politique au Sénégal appelle à des réformes en profondeur des institutions.
Cette situation inédite de la politique au Sénégal appelle à des réformes en profondeur des institutions. La réduction de l’hyperpuissance du Président de la république s’impose par la mise en place d’un régime parlementaire. Une réforme de la justice sénégalaise doit être faite aussi afin de lui donner plus de pouvoir et d’empêcher l’influence de l’exécutif sur le judicaire notamment à travers le conseil supérieur de la magistrature. Le président de la république et le ministre de la justice ne doivent plus siéger dans ce conseil qui pourrait être désormais présidé par le président de la Cour Suprême. D’un autre côté, des commissions d’enquête doivent être créées pour faire la lumière sur les quatre morts issus l’annulation de l’élection présidentielle et surtout sur les cas de tortures. Au-delà de ces abus, une réforme de la détention provisoire ainsi que celle des conditions d’enquête et des prisons deviennent un impératif.
En attendant, Macky Sall assure qu’il quittera bien son mandat de Président de la République le 2 avril. Dans ce cas, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assurera l’intérim. Ce dernier dispose d’un délai de 60 à 90 jours pour organiser une nouvelle élection présidentielle.
Serigne Saliou Leye
Professeur d’histoire et géographie au Sénégal
Diplômé en Justices Transitionnelles (Université Catholique de Louvain/Université Libre de Bruxelles)
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Source: LPOST

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