Nouveaux revers pour la France en Afrique : le Tchad et le Sénégal sonnent la fin des bases militaires sur leurs territoires
Le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, a annoncé ce jeudi 28 novembre 2024 la décision de son pays « de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française ». Il s’agit d’une décision importante, car cette coopération est en vigueur depuis près de 50 ans et qu’elle entraînera la fermeture des trois bases militaires où sont stationnés des militaires français (N’Djamena, Abéché, Faya-Largeau). La décision des autorités tchadiennes tombe, alors que président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a déclaré que la France va devoir fermer ses bases militaires dans son pays. La fin de la coopération militaire française avec le Tchad et le Sénégal intervient après que les militaires français ont été chassés de leurs territoires par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. En attendant, la nature ayant horreur du vide, la Russie et les USA sont certainement en embuscade pour occuper la place.
L’influence française continue à diminuer en Afrique et les décisions négatives se suivent pour les autorités françaises. Après le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui ont mis fin brutalement à la présence des militaires sur leurs territoires, il y a plusieurs mois, c’est au tour de deux autres pays du continent, considérés comme des alliés de la France en Afrique sub-saharienne, de décréter la fin de la présence militaire française.
Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française.
« Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française révisé (en) date du 5 septembre 2019, visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense entre les deux nations », a indiqué dans un communiqué du jeudi 28 novembre 2024, Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine, des Tchadiens de l’étranger et de la Coopération internationale.
Décision après une analyse approfondie
Il justifie la décision du Gouvernement tchadien par le fait que le pays est aujourd’hui mature et qu’il entend choisir librement ses partenaires. Elle revêt une importance capitale dans la mesure où la coopération militaire entre le Tchad et la France est vieille de près de 50 ans. « Cette décision prise après une analyse approfondie marque un tournant historique. En effet, après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », précise le ministre d’Etat tchadien.
Il rappelle que son pays respectera les modalités de résiliation prévues par l’accord concernant notamment le délai de préavis. Et d’observer au passage que la fin de la coopération militaire avec la France « ne remet en aucun cas en question les relations historiques et les liens d’amitié entre les deux nations ».
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Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, assure que la fin de la coopération militaire entre le Tchad et la France ne signifie pas la fin des relations historiques et d’amitié entre les deux pays. (Photo par FRANCK FIFE / AFP).
Revers pour la France
Malgré les précautions diplomatiques, la décision du Tchad est un revers pour la France d’autant plus qu’elle a été annoncée juste après une rencontre jeudi à N’Djamena entre le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et le président du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, élu en mai 2024, après pris le pouvoir à la tête d’une junte militaire suite à la mort de son père, Idriss Deby Itno.
Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales.
Des observateurs relèvent que les relations entre le président tchadien et la France se sont envenimées des derniers mois. En effet, la presse avait fait état, en juillet 2024, de l’enquête ouverte par le Parquet national financier (PBF) français pour « détournement de fonds publics et recel » contre le président tchadien.
Traquant la délinquance économique et financière, le PNF soupçonne celui-ci d’avoir dépensé près de 900.000 euros (environ 985 millions de francs CFA) pour acheter des vêtements en France (100 chemises, une cinquantaine de costumes, des abacosts, etc.). Il s’est défendu par la voix d’un conseiller en communication à la présidence qui a rappelé ce que le général Mahamat Idriss Deby Itno avait indiqué dans son livre autobiographique (De Bédouin à Président sorti en 2024, VA Editions). Il y affirmait qu’il n’a « jamais été un adepte des costumes » et qu’il préfère de loin les habits traditionnels tchadiens. Il assurait également que les vêtements lui avaient été offerts par un ancien ministre d’Etat.
Fin des bases militaires françaises en Afrique
Même si on ne peut pas directement lier l’enquête du Parquet national financier français à la décision des autorités tchadiennes, celle-ci aura des conséquences immédiates. La plus visible sera probablement le départ des militaires français stationnés notamment à Faya-Largeau (dans le nord du pays), à la base capitaine Croci à Abéché (à l’est) et à la base aérienne 172 à N’Djamena.
La question est de savoir si ce départ ne va pas fragiliser le Tchad. En effet, les militaires français ont permis de repousser des tentatives d’incursion des rebelles armés sur le territoire en 2006, 2008 et en 2019. La dernière tentative de la rébellion du Front pour l’alternance et la concorde (venue de Libye) a causé la mort du président Idriss Deby Itno, décédé le 20 avril 2021.
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Le président français Emmanuel Macron (à droite) serre la main du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye lors de leur rencontre au palais présidentiel de l’Élysée à Paris, le 20 juin 2024. (Photo par Ludovic MARIN / AFP).
Outre le Tchad, le Sénégal a également annoncé la fin de la présidence militaire sur son territoire. Le président élu en mars 2024 Bassirou Diomaye Faye a déclaré que la « souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires ». Cette déclaration suppose aussi la fin des contingents militaires au pays de Léopold Sédar Senghor.
D’après des observateurs, la nature ayant horreur du vide, il y a de fortes chances que la Russie et les USA sont en embuscade pour occuper la place.
Ph. Law.
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Source: LPOST