Assaut du Capitole : un rapport du Sénat accable le FBI et le Département de la sécurité intérieure
REUTERS
Outre d’innombrables enquêtes de presse, plusieurs rapports officiels ont déjà été publiés sur les circonstances qui ont permis et accompagné l’assaut des partisans de Donald Trump sur le Capitole, le 6 janvier 2021. Et les procès en cours -dont certains se sont soldés par de très lourdes condamnations – permettent d’en savoir plus sur les émeutiers, leurs motivations et la manière dont ils ont préparé et organisé ce qui s’apparente à une véritable tentative de coup d’Etat. Lais pour la première fois, ce mardi, le Sénat a rendu public, ce mardi, un rapport exclusivement consacré aux erreurs commises par le FBI et le Department of Homeland Security (DHS). Edifiant !
Le FBI et le Département de la Sécurité intérieure ont minimisé ou ignoré « une quantité massive de renseignements » avant l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, selon Gary Peters, le président d’un groupe d’experts du Sénat qui publiait mardi un nouveau rapport sur les défaillances des services de renseignement avant l’insurrection tentée par des milices d’ultra droite américaines.
Les agences avaient également connaissance de nombreux messages sur les réseaux sociaux qui laissaient présager des actes de violence.
Le passionnant document revient en détail sur les erreurs du FBI et du DHS qui n’ont pas su reconnaître et prévenir la crise alors que certains partisans extrémistes de Donald Trump échangeaient ouvertement des messages faisant allusion au siège avenir du Capitole, qui abrite la Chambre des représentants et le Sénat américains et que des sources des services de renseignement faisaient état des préparatifs d’un véritable putsch.
Le FBI savait qu’une milice projetait de « tuer des gens » !
Ainsi, en décembre 2020, le FBI recueillait des renseignements démontrant que la milice des « Proud Boys » (quatre de ses dirigeants, dont son fondateur Enrique Tarrio, ont été reconnu coupables de « sédition » le 5 mai dernier, le verdict sera rendu en août, ils risquent jusqu’à vingt ans de prison) prévoyaient d’être présents à Washington pour l’annonce de la victoire de Joe Biden et que leur « plan était de tuer des gens », selon le rapport du Sénat.
La commission sénatoriale de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales a également établi que les agences avaient également connaissance de nombreux messages sur les réseaux sociaux qui laissaient présager des actes de violence, certains appelant les partisans de M. Trump à « venir armés » et à prendre d’assaut le Capitole, à tuer des législateurs ou à « réduire l’endroit en cendres ».
Un autre informateur avertissait le FBI que des membres d’un autre groupe extrémiste, les « Oath Keepers » échangeaient des messages disant que pour « entrer au Capitole », il ne fallait pas « se rassembler avec des pancartes » mais utiliser « des balles ». Les responsables d’une plateforme d’échanges, « Parler », très utilisée par les extrémistes, s’inquièteront des messages qu’ils voient passer et les transmettront au FBI en affirmant qu’il y en avait « d’autres ». Sans susciter aucune réaction.
En d’autres termes, les renseignements avaient bien été collectés (aucune erreur n’est relevée à ce niveau) mais ils ont été mal exploités (en termes de renseignement, « l’exploitation » désigne l’évaluation, l’analyse et le recoupement de l’information obtenue) et mal ou pas diffusés (la diffusion consiste à adresser le renseignement exploité vers les niveaux de pouvoirs ou de décision qui en ont besoin, en l’accompagnant, le cas échéant, de recommandations).
Ainsi, les agences en charge du maintien de l’ordre public, en l’occurrence la police de Washington et la police du Capitole, mal informées, n’ont pu prévoir toutes les hypothèses et dimensionner leur dispositif de manière adéquate, ce qui explique que, sur le terrain, les forces de l’ordre aient été rapidement débordées et le Capitole envahi.
Manque d’imagination, de coordination, d’échanges
Pour Gary Peters (sénateur démocrate du Michigan, ancien officier de réserve et Président de la « Commission sénatoriale sur la Sécurité intérieure et les affaires gouvernementales ») le manque de prise en compte de ces renseignements est du « en grande partie à un manque d’imagination » qui n’a pas permis de « considérer comme crédibles les menaces d’intrusion dans le Capitole ».
Le rapport arrive à la conclusion « que la communauté du renseignement ne s’est pas entièrement réorientée pour se concentrer sur les menaces du terrorisme national plutôt qu’international », alors que depuis une dizaine d’années, les agences qui composent cette communauté tirent régulièrement la sonnette d’alarme en signalant que la menace principale, aujourd’hui, n’est plus le terrorisme islamiste qui avait attaqué l’Amérique le 11 septembre 2001, mais bien le terrorisme d’ultra-droite sous ses différentes formes (néo-nazis, suprémacistes blancs, milices survivalistes etc.)
Pour Gary Peters, la contradiction évidentes entre ces avertissements maintes fois répétés et l’incapacité des agences de renseignement à anticiper l’attaque du 6 janvier (alors qu’elles disposaient d’une quantité massive de renseignements, « défie toute explication facile ».
Le rapport avance pourtant plusieurs explications : le manque de coordination, des retards bureaucratiques (ainsi un contrat permettant au FBI d’utiliser un logiciel de surveillance des réseaux sociaux avait expiré sans être renouvelé), ou la crainte de traiter des renseignements touchant à la vie privée ou aux opinions politiques de citoyens américains.
Depuis le 6 janvier 2021, le FBI et le DHS ont pris la mauvaise habitude de s’accuser mutuellement des défaillances ayant conduit à cet échec. Or, celui-ci est collectif : pour Gary Peters, « tout le monde devrait être responsable parce que tout le monde a échoué ».
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Source: LPOST