Salon du Bourget : l’industrie aéronautique entre décarbonation et gros contrats


Salon du Bourget : l’industrie aéronautique entre décarbonation et gros contrats
L’édition 2023 du Salon aéronautique du Bourget bat son plein depuis le 19 juin. Equipementiers, avionneurs et motoristes rivalisent d’ingéniosité pour exposer les dernières nouveautés technologiques. Mais l’objectif, cette année, est surtout de montrer que le monde l’aérien se soucie aussi de l’environnement et qu’il déploie des efforts pour réduire les émissions polluantes. Certains en profitent pour parapher des contrats dont les négociations ont démarré depuis des mois. A cet exercice, les entreprises belges tirent leur épingle du jeu. L’équipementier wallon, Sonaca (Gosselies) y a signé le plus gros contrat de son histoire. D’après la direction, il s’agit de trois contrats majeurs avec l’avionneur français, Airbus. Le groupe wallon devient désormais le fournisseur officiel des volets de bord de fuite de l’Airbus A321 et étend son contrat historique pour la fourniture de bords d’attaque pour les modèles d’avions A320 et A350. Par ailleurs, l’entreprise aérospatiale, Sabca, a également annoncé lors du salon la signature d’un accord-cadre avec le groupe américain de l’armement, Lockheed Martin. Il devrait déboucher la fabrication d’éléments d’ailes de l’avion de combat F-35 pour un montant total potentiel de près d’un demi-milliard d’euros. La production devrait se faire dans l’usine de Sabca, basée à Lummen et qui est spécialisée dans les matériaux composites.
Dans les allées du 54ème Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE) de Paris-Le Bourget qui se tient jusqu’au 25 juin 2023, un mot court sur toutes les lèvres : décarboner. Pendant une semaine, ce qui est présenté comme le premier et le plus grand évènement consacré au monde de l’aérien réunit l’ensemble des acteurs de l’industrie mondiale autour des dernières innovations technologiques. Sur 125 000 m², pas moins de 2.453 exposants issus de 49 pays et 140 aéronefs présentés. Pendant la durée de la semaine, sont attendus près de 350.000 visiteurs (professionnels et grand public). Le Salon a été inauguré par le Président de la République Emmanuel Macron.
Gros contrat inédit pour Airbus
Dès le premier jour, l’industrie aéronautique française pouvait se vanter d’un gros coup : IndiGo, la compagnie à bas coûts indienne, a commandé à Airbus de 500 monocouloirs moyen-courriers de type A320 et A321, offrant ainsi à l’avionneur le plus gros contrat de son histoire, voire de l’histoire de l’aviation civile. « Jamais aucune compagnie aérienne n’avait commandé autant d’avions qu’IndiGo », commente le quotidien économique « Les Echos ». D’autant que ces 500 avions A320 s’ajoutent aux 300 monocouloirs de la famille A320 déjà en service chez IndiGo et aux quelque 500 autres déjà inscrits à son nom dans le carnet de commandes d’Airbus. Mais aussi aux 30 A320 commandés un peu plus tôt dans la journée par la compagnie saoudienne Flynas… »
Fort de dix lignes d’assemblage d’A320 dans le monde, à Toulouse, Hambourg (Allemagne), à Tianjing (Chine) et à Mobile (Alabama), Airbus envisage l’avenir avec confiance : « Nous prévoyons une augmentation de notre rythme de production », confie Guillaume Faury, P.D.G. d’Airbus. « Ainsi, nous sortirons des chaînes d’assemblage 65 exemplaires mensuels en 2024, puis 75 avions par mois en 2026, l’objectif étant de produire environ 4.500 avions entre 2030 et 2035. Actuellement, nous ne sommes pas surbookés pour la prochaine décennie. On peut donc prendre de nouvelles commandes », a-t-il poursuivi. Après un coup d’arrêt imposé par la pandémie du Covid-19, le secteur de l’aviation civile ne s’est jamais aussi bien porté : ainsi, dans les allées du SIAE, on explique que la demande d’avions civils est bien supérieure à ce que les constructeurs peuvent fournir. Mieux : chez Airbus, on annonce le doublement d’avions nécessaires dans les vingt prochaines années…
Rendre durable le secteur de l’aviation
Mais il est aussi une tout autre chanson cette année au SIAE. Le mot court donc sur toutes les lèvres : décarboner. Demain sera le temps de l’avion vert. Le temps de « l’aviation durable », dont le groupe Air France-KLM avec son directeur général Benjamin Smith veut devenir le champion, précisant que « la France a les atouts en main pour devenir leader dans la décarbonation de l’aérien. À condition d’alléger les taxes ». Et d’ajouter que son groupe travaille sur « la nécessité de créer une filière de carburant durable », appelé « sustainable aviation fuel » (SAF), issu d’huiles usagées, de résidus de bois ou agricoles. Concrètement, ce SAF permet de réduire de moitié les émissions de CO2 d’un vol. Décarboner, tel un leitmotiv, tel un mantra, répètent les écologistes européens. Certains, tel l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici préconise, pour lutter contre le réchauffement climatique et anticiper l’épuisement des ressources énergétiques, d’instaurer des quotas de vols : « Il faudrait limiter chaque personne à 4 trajets en avion sur toute une vie… Parce qu’une fois qu’il n’y aura plus de pétrole, il n’y aura pas de quoi assurer quatre vols dans une vie par terrien… »

BELGA
Un ouvrier de Sonaca est occupé sur un bord d’ailes d’un avion dans l’usine de Gosselies. (BELGA PHOTO).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Au hasard de déambulations au SIAE, nombre de solutions sont ainsi évoquées pour l’avion vert de demain. Par exemple, alléger le poids de l’appareil, élaborer des moteurs moins gourmands en kérosène, introduire plus de biocarburants (avec, posé par l’Union européenne, un premier objectif de monter à 6% d’ici 2030). Elaborer des carburants de synthèse. Perfectionner l’avion électrique ou solaire, à l’image de celui qu’en explorateur de la durabilité, le Suisse Bertrand Piccard a utilisé en 2016 pour effectuer les 43.000 kilomètres de son tour du monde. Sans oublier également un avion alimenté à l’hydrogène… Mais chez certains avionneurs, on ne cache pas que la protection de l’environnement et la mise au point de l’avion vert auront un coût… qui sera répercuté inévitablement sur le prix du billet…
Ce nouveau partenariat marque une étape importante dans notre relation avec Airbus.
Quid des Belges au Bourget ?
Les entreprises du secteur aéronautique belge ont fait le déplacement du Bourget avec 75 représentants qui se présentent en front uni. Elles engrangent des résultats. L’équipementier wallon, Sonaca (Gosselies) y a signé le plus gros contrat de son histoire. D’après la direction, il s’agit de trois contrats majeurs avec l’avionneur français, Airbus. Le groupe wallon devient désormais le fournisseur officiel des volets de bord de fuite de l’Airbus A321 et étend son contrat historique pour la fourniture de bords d’attaque pour les modèles d’avions A320 et A350. « Ce nouveau partenariat marque une étape importante dans notre relation avec Airbus. Nous sommes partenaires depuis presque 40 ans et je suis ravi de voir notre collaboration atteindre de nouveaux sommets pour la décennie à venir », s’est réjoui Yves Delatte, CEO du groupe. Sonaca va profiter de l’opportunité pour développer de nouvelles technologies avec l’achat d’une nouvelle machine d’usinage mécanique de grandes pièces. « Cette solution plus durable par rapport aux procédés actuels permettra ainsi à Sonaca de poursuivre ses efforts pour une industrie aéronautique plus verte. Dans cette perspective, des investissements de plus de 40 millions d’euros sont prévus pour supporter ces nouveaux développements avec notamment la construction d’un nouveau bâtiment de production, qui reprendra le traitement de surface, l’étirage et le détourage des pièces », précise la direction de Sonaca.
Par ailleurs, l’entreprise aérospatiale, Sabca, a également annoncé lors du salon la signature d’un accord-cadre avec le groupe américain de l’armement, Lockheed Martin. Il devrait déboucher la fabrication d’éléments d’ailes de l’avion de combat F-35 pour un montant total potentiel de près d’un demi-milliard d’euros. La production devrait se faire dans l’usine de Sabca, basée à Lummen et qui est spécialisée dans les matériaux composites.
Philippe Lawson & Serge Bressan (à Paris)
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Source: LPOST

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