Visagate : la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, en sursis ?


Visagate : la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, en sursis ?
La ministre Hadja Lahbib est sur la sellette à cause de l’affaire du Visagate. Elle est de nouveau attendue lundi prochain en commission sur le dossier.pour BELGAMalgré le soutien affiché par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD) à sa ministre des Affaires étrangères, malgré la fermeté de son président de parti (MR), Georges-Louis Bouchez qui campe sur sa position (en résumé : Hadja Lahbib n’a commis aucune faute), malgré les explications (il est vrai, de plus en plus embrouillées et approximatives) de la ministre, l’orage soulevé par l’octroi controversé de visas au maire de Téhéran et à sa suite de barbouzes ne se calme pas. Bien au contraire. Ce jeudi, les deux formations libérales espéraient tourner la page et pouvoir passer à autre chose. Un espoir vain. A peine ont-elles gagné quelques jours de répit.
A quoi pensait le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), ce jeudi 22 juin, lorsqu’il déclarait au parlement, vers 14h30, que « l’incident était clos » ? Que les explications alambiquées fournies la veille en commission des Affaires étrangères étaient suffisantes ? Que la ministre Hadja Lahbib avait convaincu ? Ou simplement que la méthode Coué fait des miracles et qu’il suffit de répéter qu’un incident est clos pour qu’il le soit ?
Une fois de plus, il a été démontré, en tout cas, que cette méthode est loin d’être infaillible. Non seulement l’incident est (très) loin d’être clos, mais la tempête gagne en intensité.
Hadja Lahbib devra revenir s’expliquer lundi prochain
Le MR et l’Open VLD ne peuvent plus, c’est désormais totalement clair (en admettant que le doute ait subsisté) compter sur la solidarité aveugle de leurs partenaires socialistes, écologistes et CD&V du Gouvernement fédéral. Ceux-ci semblent vouloir éviter d’aller à l’affrontement et ne réclament pas (encore ?) la démission de madame Lahbib. Même si les dirigeants de ces partis laissent toutes latitudes à leurs parlementaires pour déclarer que la ministre ne dispose plus de leur confiance.
Il a donc été décidé qu’Hadja Lahbib devra revenir s’expliquer, lundi prochain, 26 juin, en commission des Affaires étrangères. Mais cette fois, ce sera vraiment sa dernière chance. Elle ne pourra esquiver aucune question et devra fournir des réponses plus satisfaisantes qu’elles ne l’ont été jusqu’à présent. Et en tout cas, Socialistes et Ecologistes ont clairement laissé entendre qu’ils ne voteraient pas, en l’état, la motion de confiance déposée par les Libéraux. Ce qui signifie que si ceux-ci insistent, le Gouvernement fédéral n’aura plus de majorité et pourrait chuter.
Les plus vindicatifs sont certainement les Verts qui n’ont toujours pas digéré la démission forcée de Sarah Schlitz, mise en cause pour une affaire nettement moins grave que celle que l’on reproche aujourd’hui à Hadja Lahbib. Et qui ne mettait pas en cause l’image de la Belgique sur la scène internationale…
Les avis de la Sûreté, de l’OCAM et de l’Office des étrangers : un imbroglio à démêler
Les révélations, elles, continuent à tomber. Au compte-gouttes, mais avec assez de régularité pour alimenter le feu. Il y a une semaine, Hadja Lahbib affirmait que la décision d’octroyer les visas à la délégation iranienne avait été prise après réception d’un avis positif de l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace). Mercredi 21 juin, était révélé que ces visas avaient été délivrés un peu plus de dix-huit heures avant l’arrivée de cette note : l’ambassade de Belgique à Téhéran a délivré les visas à 20h45, le 8 mai et l’avis de l’OCAM est arrivé au cabinet Lahbib le 9 mai un peu avant 15h. Il est vrai que le ministère avait reçu un premier avis positif de la Sûreté de l’Etat. N’empêche, c’est gênant.
Lundi prochain 26 juin, la ministre Lahbib devra donc faire ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent : fournir des explications claires et argumentées.
L’avis de l’OCAM ne portait que la personne du maire de Téhéran, Alireza Zakani, pas sur ceux qui composaient sa suite et au nombre desquels on trouvait un certain nombre de barbouzes et autres Gardiens de la révolution….
Jeudi, nos confrères de L’Echo dévoilaient que deux membres de la délégation iranienne (qui n’étaient pas des invités de la conférence sur l’urbanisme dans les grandes villes) étaient arrivés à Bruxelles dès le lendemain de l’attribution des visas, soit deux jours avant la délégation au complet. Pourquoi ? Mystère.
Au minimum, Hadja Lahbib devra s’excuser et assumer (enfin) ses responsabilités
Lundi prochain 26 juin, la ministre Lahbib devra donc faire ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent : fournir des explications claires et argumentées, combler les blancs et s’expliquer sur la chronologie exacte des faits. Entre autres sur cette journée cruciale du 8 mai qui reste confuse. Peu après 14h, l’ambassade belge à Téhéran envoie un mail disant que l’avis de l’Office des étrangers (qu’elle a sollicité) est négatif ; à 15h10, le ministère des Affaires étrangères répond que dans ce cas, il n’est pas opportun de délivrer les visas ; d’autres messages sont certainement échangés, puisque ces visas seront finalement délivrés en début de soirée.
Mais surtout, Hadja Lahbib devra s’excuser pour avoir « menti » au Parlement et il lui faudra accepter d’endosser la responsabilité politique du scandale alors que, depuis le début, elle (comme son président de parti) se décharge de cette responsabilité en impliquant le désormais ex-secrétaire d’Etat bruxellois, Pascal Smet (Vooruit). Or, ce dernier, s’il a bien fait pression pour la délivrance des sésames, n’avait, en tout état de cause, aucune autorité pour les octroyer.
GLB devra choisir…
Et si l’exercice de lundi prochain échoue ?
Dans les partis de la majorité, on refuse encore d’envisager cette hypothèse, car la crise entrerait alors dans sa phase finale et la survie du Gouvernement serait menacée.
Sauf si le président du MR, Georges-Louis Bouchez (GLB), cesse de soutenir inconditionnellement sa ministre. Une hypothèse qui semble aujourd’hui inconcevable.
Il nous reste quatre jours pour faire comprendre à GLB qu’il s’est engagé trop loin.
Mais la crise de gouvernement se doublerait alors d’une crise au sein du MR. Certains rappellent que c’est GLB qui a imposé Hadja Lahbib aux Affaires étrangères, « alors qu’il existait au sein du parti des candidats très valables, expérimentés et capables d’assumer cette tâche… » martelait un baron du parti qui nous parlait jeudi sous couvert d’anonymat.  « Or, poursuit-il, soit Mme Lahbib n’a pas compris comment fonctionnait l’administration, soit elle n’a pas compris que cette affaire, c’était de la dynamite qui allait lui sauter à la figure… Dans un cas comme dans l’autre, elle est en tort. »
Et de conclure : « Il nous reste quatre jours pour faire comprendre à GLB qu’il s’est engagé trop loin. Il l’a choisie, alors c’est à lui de régler le problème et pas en sacrifiant un gouvernement qui a encore une dizaine de mois de travail utile devant lui. Soit il pousse Lahbib à présenter ses excuses et à reconnaître ses erreurs, et ça passe, soit il la laisse s’enferrer et ça casse. Ou alors, il peut penser que Socialistes et Ecolos vont s’écraser. En politique, tout est possible, certes, mais dans le contexte et le climat actuels, je ne parierais quand même pas là-dessus. Et s’il la soutient jusqu’au bout, il portera la responsabilité de la chute éventuelle du gouvernement. »
A bon entendeur…
 
Hugues Krasner
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Source: LPOST

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