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Opinion: La tension entre les deux Corées s’inscrit dans un contexte global d’insécurité en mer de Chine
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un (à gauche), lors d’une visite en Chine, serre la main du président chinois Xi Jinping (à droite) lors d’une cérémonie de bienvenue au Grand Hall de le peuple de Pékin; AFPDepuis plusieurs mois, la Corée du nord montre les dents à l’égard des Usa et de la Corée du sud. La tension entre Pyongyang et Séoul n’est pas nouvelle, elle dure depuis des décennies en fait. Elle s’inscrit dans le contexte global de tension en mer de Chine depuis plusieurs années et en particulier depuis que le président chinois Xi Jiping a décidé de passer à l’offensive dans la région pour étendre son influence.
Le 19 février dernier, Kim Jong-Un, le leader nord-coréen inféodé à Pékin, affirmait avoir tiré un missile balistique « par surprise »[1] intercontinental Hwhasong-15, afin de montrer en particulier aux Etats-Unis et à la Corée du Sud qu’en cas de quelque attaque que ce soit, Pyongyang saurait riposter par une contre-offensive nucléaire. Car ce missile peut contenir des ogives nucléaires et est présenté comme capable en théorie d’atteindre tout le continent américain. Il aurait atteint l’altitude de 5768,5 km et aurait parcouru 900 km en un peu plus de 4 secondes. Mais dans l’absolu, il peut parcourir 5000 km. Ces tirs se multiplient depuis plusieurs semaines avant tout pour prouver les capacités opérationnelles de Pyongyang.
Tous unis contre Pyongyang ?
La possession par la Corée du Nord de l’arme nucléaire est presque un secret de polichinelle. Les menaces sont sérieuses et la politique erratique du leader nord-coréen n’est pas rassurante. C’est pour cela qu’en riposte, Japonais, Sud-Coréens et Américains ont mené des exercices communs dans la foulée du dernier tir du missile nord-coréen pour montrer leur unité en cas de menace en direction de Séoul. C’est la seconde provocation nord-coréenne depuis le début de l’année, et qui démontre bien une certaine fébrilité dans la région.
L’attention mondiale portée au conflit en Ukraine pourrait jouer à la faveur de Pékin qui continue à avancer ses pions. C’est aussi un moyen pour le président nord-coréen de montrer, qu’à l’instar de la Russie ou de l’Iran, il résiste malgré la flopée de sanctions internationales qui le frappe. Bien entendu, depuis l’accord qui unit la Chine et la Corée du Nord, le régime chinois soutient et finance le pays qui aurait du mal à tenir sans cette aide.
Taïwan reste dans le viseur de la Chine
L’administration américaine sait que le gros des enjeux géopolitiques du siècle en cours se situe en indopacifique. Pendant que le Japon a annoncé se réarmer, ce qu’il ne faisait pas depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la Chine de Xi Jiping est prête à poursuivre son extension, canalisée, elle, depuis des siècles. Pour cela, elle dispose de peu d’alliés dont fait partie la Corée du Nord. C’est un moyen pour Pékin de tester aussi la réactivité internationale maintenant que Pyongyang banalise ses tirs.
La Chine rêve de pouvoir mettre à la botte Taïwan, un confetti géopolitique dont le détroit est stratégique, l’influence américaine majeure, et qui produit plus de 90% des micro-processeurs du monde et que n’est pas prêt de lâcher Washington. Il en va de même pour la Corée du Sud qui, depuis la scission des deux Corées après la guerre qui s’est achevée en 1953, a vu Séoul devenir un élève modèle libéral, démocratique, capitaliste des Etats-Unis.
Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)
[1] Prouvant sa capacité à frapper à tout moment.
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Source: LPOST
