13 novembre 2025 : Paris commémore, dix ans après, la nuit qui a bouleversé la France
Tout avait commencé par un match banal au Stade de France. La rencontre France-Allemagne venait à peine de débuter lorsque, à 21h16, une première explosion retentit. Le chauffeur de bus, Manuel Dias, est tué sur le coup. Il sera la première victime de la longue série qui marquera l’attaque islamiste du 13 novembre 2015.
Dans Paris, plusieurs lieux festifs, espaces de vie et de rencontre, sont touchés : Le Petit Cambodge, La Bonne Bière, Le Carillon, La Belle Équipe, ainsi que la célèbre salle de concert Le Bataclan où 92 personnes perdront la vie ce soir-là. La France est frappée de plein fouet par un conflit lointain, celui de la Syrie, et par la volonté de Daech d’attaquer ce qui incarne le plus son mode de vie : la fête, la jeunesse, la ville-lumière.
Le Bataclan, lieu de mémoire à ciel ouvert
La matinée du 13 novembre 2015, pompiers et policiers réalisaient une simulation d’attentat dans des lieux bondés, notamment les grands magasins. Quelques mois après les attaques contre Charlie Hebdo, la menace était réelle, mais personne n’imaginait que, le soir même, les forces de l’ordre auraient à affronter ce qui demeure encore aujourd’hui l’un des traumatismes les plus profonds du pays, le « 13/11 », parfois qualifié de « 11 septembre français ».
Ce n’est pourtant pas un quartier dangereux ici. Avant, les maisons étaient moins hautes, on allait acheter des bonbons au coin.
Dix ans plus tard, devant le Bataclan, la foule se mélange : Parisiens de tous âges, curieux, passants, parents venus avec leurs enfants, tous ceux qui souhaitent être témoins de l’Histoire, l’Histoire de France. L’émotion renvoie à celle d’il y a dix ans. Certains pleurent, d’autres partagent des anecdotes : « Un ami d’un ami a perdu son fils ici », souffle un participant à la cérémonie d’hommage devant la salle de spectacles, organisée jeudi 13 novembre 2025.
Philippine, 67 ans, vit en face du Bataclan depuis toujours. « Ce n’est pourtant pas un quartier dangereux ici. Avant, les maisons étaient moins hautes, on allait acheter des bonbons au coin », se souvient-elle. Elle raconte avoir acheté un billet pour le concert de Sting, celui qui a rouvert le Bataclan après les attentats « pour se forcer à y retourner, sinon je n’aurais jamais pu », confie-t-elle.
La foule s’est rassemblée jeudi soir sur la place de la République pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. D.R.
Marie, elle, attire les regards avec une rose géante. Elle devait avoir dix ans à l’époque, mais elle est là aujourd’hui « pour s’unir aux gens qui ont souffert ».
Des Belges aussi font le déplacement : « Nous sommes cousins avec la France. Quand elle pleure, on pleure aussi », expliquent-ils.
L’émotion est partout. Les larmes se mêlent aux hommages spontanés. Un moment solennel s’installe lorsque Mathilde Panot, Présidente du groupe LFI à l’Assemblée, vient déposer une gerbe avant de s’accorder une minute de silence, puis de repartir discrètement, comme elle est venue.
Place de la République : cœur symbolique des manifs… et du recueillement
La place de la République, habituée aux (grandes) manifestations, est aussi le haut lieu des commémorations et des rassemblements citoyens. C’est là que la « res publica » prend tout son sens, dans cet espace qui est devenu un symbole démocratique et plus encore depuis les premiers hommages de 2015.
En ce 13 novembre 2025, l’endroit porte, comme attendu, une charge émotionnelle immense. La statue de Marianne, souvent parée de fleurs, est cette fois illuminée aux couleurs tricolores avec ses symboles de « travail, justice, fraternité » et imitant la Tour Eiffel pour un soir, bleu, blanc, rouge elle aussi.
La République se tient aux côtés de celles et ceux qui ont été touchés.
Pas de Marseillaise ce jeudi soir, mais la retransmission sur grand écran des discours officiels. Emmanuel Macron insiste sur la solidarité nationale : « La République se tient aux côtés de celles et ceux qui ont été touchés ». La cérémonie se conclut par 132 étoiles-drones s’élevant dans le ciel parisien, une pour chaque victime du 13 novembre 2015. « Paris a tenu, la France a tenu, la République a tenu », déclare le président, en écho à une femme qui, quelques instants plus tôt, chantait devant la foule avant de crier « Plus jamais ça » trois fois, avant de s’évanouir sous de timides applaudissements.
Paris, dix ans après, n’a rien oublié. Ce 13 novembre 2025, la tristesse était palpable dans les rues et dans les yeux de la capitale. Dix ans après, Paris pleure encore ses disparus et continue de porter leur mémoire comme une part essentielle de son histoire contemporaine.
Yannick Ferruzca (à Paris)
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Source: LPOST

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