Lettre ouverte aux parents : « Je ne ferai pas grève ce lundi 10 novembre 2025 »


Lettre ouverte aux parents : « Je ne ferai pas grève ce lundi 10 novembre 2025 »
Un élève lève la main dans uen salle de classe d’une école namuroise. BELGALe monde de l’enseignement se croise les bras ce lundi 10 novembre 2025 pour protester contre les mesures décidées par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles : révision du tronc commun jusqu’à la troisième secondaire (introduction de 8 périodes d’options différentes), faire travailler les enseignants du secondaire supérieur 2 heures de plus sans être payés sans augmentation de salaire, réforme de la gratuité dans le primaire, fin des nominations dès la rentrée 2027 et introduction de Contrat à Durée Indéterminée (CDI). Une enseignante dans une école primaire en région liégeoise prévient qu’elle ne fera pas grève et explique les raisons de sa démarche : Je ne ferai pas grève le 10 novembre.
Mais je ne peux pas non plus rester silencieuse.
Comme beaucoup d’enseignants, j’aime profondément mon métier. J’aime transmettre, accompagner les enfants, les voir progresser et s’épanouir. Mais aujourd’hui, je ressens un profond malaise face à l’évolution de l’école.
Toujours faire plus, avec moins
Les programmes nous demandent toujours d’en faire plus, avec moins : plus d’attention individuelle, plus de projets, plus de suivi, plus d’inclusion… mais avec moins de temps, moins de moyens, et parfois sans formation adéquate pour de nouvelles matières ou de nouvelles missions.
J’ai la chance d’exercer dans une école où les parents soutiennent les enseignants et reconnaissent leur investissement. Ce climat de confiance est précieux, et je les en remercie sincèrement.
Mais je pense aussi à mes collègues qui n’ont pas cette chance, et à ceux que j’entends exprimer leur épuisement ou leur découragement.
Les programmes nous demandent toujours d’en faire plus, avec moins : plus d’attention individuelle, plus de projets, plus de suivi, plus d’inclusion… mais avec moins de temps, moins de moyens, et parfois sans formation adéquate.
Des propos qui blessent
Déjà, j’entends certains dire : « Ils ont choisi cette date-là pour faire le pont, comme s’ils n’avaient pas assez de congés… »
Ces propos blessent, car ils ne reflètent en rien la réalité de notre engagement. Aucun enseignant ne fait ce métier pour avoir des congés, mais pour faire grandir les enfants. Et quand certains décident de faire grève, c’est rarement de gaieté de cœur : c’est souvent un cri d’alerte, une tentative pour se faire entendre.
Je vois trop souvent circuler sur les réseaux sociaux des messages qui dénigrent notre profession, comme si enseigner était un privilège ou un métier de confort. Pourtant, derrière chaque enseignant, il y a un engagement, une exigence et souvent une grande fatigue.
Pourquoi je ne fais pas grève ?
Je ne fais pas grève. Non pas parce que je suis d’accord avec les décisions ou les réformes actuelles du gouvernement — bien au contraire. Je partage les inquiétudes de nombreux collègues quant à la direction que prend l’école. Mais je pense qu’une grève d’un jour ne permettra pas d’apporter les réponses de fond dont notre système éducatif a besoin.
Pire encore, elle risque de renforcer une image injuste et blessante : celle de « l’enseignant fainéant ».
Je partage les inquiétudes de nombreux collègues quant à la direction que prend l’école. Mais je pense qu’une grève d’un jour ne permettra pas d’apporter les réponses de fond dont notre système éducatif a besoin.
Je crois profondément à la valeur de l’école, à son rôle dans la formation de citoyens libres et responsables.
C’est pour cela que je prends la parole aujourd’hui : par attachement à mon métier et à l’avenir de nos enfants.
Alors, si vous aussi, vous croyez en l’école, si vous avez vécu de beaux moments, vu un enseignant encourager, écouter ou faire grandir votre enfant, dites-le, partagez-le, écrivez-le.
Chaque mot positif compte.
Il aide à noyer les messages injustes et à rendre justice au travail de milliers d’enseignants qui se donnent chaque jour sans compter.
Nous avons besoin de vous.
Votre soutien est notre meilleure reconnaissance.
Sabrina Mazy
Enseignante en primaire dans une école en région liégeoise
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Source: LPOST

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