Fin de la guerre au Proche-Orient : Trump, Macron et le sommet de la paix en Égypte


Fin de la guerre au Proche-Orient : Trump, Macron et le sommet de la paix en Égypte
Ce dimanche soir, 12 octobre 2025, le monde observera, entre espoir et crainte, le ballet diplomatique qui va se jouer pour plusieurs jours au Moyen-Orient. Au cœur du conflit qui ravage Gaza et Israël depuis deux ans, une étape majeure s’annonce : la libération imminente des otages israéliens, celle de prisonniers palestiniens, l’arrêt des bombardements sur l’enclave, l’accès des convois humanitaires, le tout conjugué à la présence sur le terrain de Donald Trump et d’Emmanuel Macron, ce lundi 13 octobre, au   sommet international en Égypte qui pourrait bien marquer un tournant vers la paix et la reconstruction. Mais le Hamas a déjà annoncé qu’il ne participera pas à la signature officielle de l’accord de paix.
La libération des otages : un premier signal d’apaisement
Après une impasse de nombreux mois, Le Hamas a confirmé que la libération des premiers otages commencera lundi matin tôt, selon les termes de l’accord de trêve négocié avec Israël. On parle de 48 otages dont 20 seulement présumés vivants. Après deux années d’attente et de drames humains, des dizaines de familles pourraient enfin retrouver leurs proches.
Cette libération, qui s’accompagnera de la remise en liberté de prisonniers palestiniens ne met pas fin à la douleur, mais amorce un long processus politique.
Cette libération, qui s’accompagnera de la remise en liberté de prisonniers palestiniens (il est question de 250 Palestiniens condamnés à perpétuité et d’environ 1.700 Gazaouis arrêtés depuis le 7 octobre 2023) ne met pas fin à la douleur, mais amorce un long processus politique. Pour Israël, c’est la reconnaissance que la voie diplomatique peut compléter la force militaire même si le Premier ministre, Benjamin Netanyahou n’en est pas friand.
Quid du désarmement du Hamas ?
Pour le Hamas, c’est un geste qui, sans effacer la responsabilité du conflit, pourrait décider de son avenir, probablement hors Gaza, mais surtout de sa survie. Dans les rues de Tel-Aviv comme dans celles de Gaza, la tension fait place, pour un instant, à la respiration du possible. Mais la route vers un retour à la « normale » reste sinueuse : le désarmement du Hamas n’est pas clairement acté, et chaque mouvement sur le terrain pourrait tout remettre en cause.
Sans armes, qu’est le Hamas avec son idéologie ? Rien en réalité. Soit on l’expulse, soit on le normalise au sein de la future administration de Gaza, soit on arrête les cadres. Le plan de paix de Trump n’est pas totalement fixé sur ce dossier épineux.
Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, s’exprime lors d’un entretien avec l’AFP à Doha, le 11 octobre 2025. M. Badran a prédit des négociations difficiles, suggérant que la question clé du désarmement pourrait constituer un point de friction pour le groupe militant palestinien. (Rania SANJAR / AFP).
Trump et Macron, deux présences, deux styles
Ce lundi, deux figures s’inviteront sur la scène du Proche-Orient : Donald Trump et Emmanuel Macron. Le premier, de retour sous les projecteurs, coprésidera à Charm el-Cheikh le sommet international de la paix avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Fidèle à son tempérament, le Président américain espère capitaliser sur un rôle de faiseur de paix qu’il revendique depuis son premier mandat. Pour lui, ce rendez-vous est autant un test diplomatique qu’une démonstration d’influence. Même s’il n’a pas eu le prix Nobel de la Paix vendredi, il cherche à résoudre des conflits, dont il n’est pas à l’origine, mais qui lui pèsent, et qui rappellent que sans les Etats-Unis, la communauté internationale est clairement impuissante. Donald Trump fera un passage éclair à Jérusalem avant d’arriver à Charm el-Cheikh.
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, discrédité sur la scène interne, incarne une approche plus mesurée, plus multilatérale et tente encore de briller à l’international.
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, discrédité sur la scène interne, incarne une approche plus mesurée, plus multilatérale et tente encore de briller à l’international. Il se rendra en Égypte pour soutenir le plan de paix, dans la continuité d’une diplomatie française qui se veut force d’équilibre et qui, pour beaucoup, a largement contribué avec l’Arabie Saoudite à la situation actuelle et au succès diplomatique en cours qui n’est pas dû qu’aux Etats-Unis selon Paris.
La France entend maintenir le cap d’une position claire : défendre la sécurité d’Israël, sans tourner le dos aux droits des Palestiniens. Deux méthodes, deux rythmes, mais un objectif commun : sortir d’une spirale de violence où la communauté internationale a trop longtemps échoué à peser.
L’un par son autorité directe, l’autre par la continuité et la nuance, chacun cherche à replacer la parole et le compromis au centre du jeu.
Le sommet international de Charm el-Cheikh : une opportunité historique
Prévu lundi 13 octobre 2025, le sommet de Charm el-Cheikh s’annonce comme un moment fort, potentiellement historique. Coprésidé par Trump et al-Sissi, il réunira plus de vingt nations, la France, les États-Unis et les Nations unies sous l’égide d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
L’ambition du sommet est triple : consolider la trêve, établir des garanties de sécurité durables et lancer un plan international de reconstruction de Gaza. Un autre acteur-clé se distingue par son influence discrète et décisive : le Qatar.
L’ambition du sommet est triple : consolider la trêve, établir des garanties de sécurité durables et lancer un plan international de reconstruction de Gaza.
Doha a joué depuis des mois un rôle de médiateur patient et efficace, notamment dans la négociation de la libération des otages. Grâce à ses canaux de communication privilégiés avec le Hamas, mais aussi à sa capacité à dialoguer simultanément avec Washington, Téhéran et Jérusalem, le Qatar s’impose comme le pivot incontournable de cette séquence.
Cette photo, distribuée par l’Agence de presse saoudienne (SPA) le 11 novembre 2023, montre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (à gauche) s’entretenant avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d’une réunion d’urgence de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à Riyad. (SAUDI PRESS AGENCY / AFP).
Le rôle du Qatar et de l’Egypte
Sans Doha, aucun accord n’aurait pu être finalisé à ce stade. Son rôle de facilitateur entre les appareils de sécurité israéliens, les émissaires américains et les représentants du Hamas, est unanimement salué — y compris à Paris, où l’on mesure désormais l’importance de son action.
Les excuses de Netanyahou au Qatar, forcées par Trump, lors de son dernier voyage à Washington, montrent à quel point les frappes israéliennes sur Doha en septembre dernier, étaient une erreur stratégique majeure.
L’Égypte, pour sa part, assume son rôle historique de médiatrice régionale et d’hôte du sommet.
L’Égypte, pour sa part, assume son rôle historique de médiatrice régionale et d’hôte du sommet. Elle cherche à canaliser les efforts, à éviter les blocages, et à transformer cette initiative en un texte commun doté d’un mécanisme de suivi concret sur le terrain.
Les obstacles demeurent — notamment l’engagement formel de certains acteurs à respecter les termes de la trêve — mais la dynamique générale semble enfin aller dans le bon sens. Peut-on faire confiance au Hamas ou au gouvernement israélien ? Rien n’est moins sûr mais quelle autre alternative pour arrêter les morts ?
Vers un nouvel équilibre régional
Derrière ce sommet, c’est tout un échiquier géopolitique qui se redessine. L’implication conjointe des États-Unis, de la France, de l’Égypte et du Qatar marque le retour d’un dialogue triangulaire — et désormais quadrangulaire — entre grandes puissances, États arabes et institutions internationales.
L’Arabie saoudite, la Jordanie et la Turquie (active sur le dossier de la libération des otages et des prisonniers) observent de près, prêtes à jouer un rôle dans la reconstruction et la stabilisation régionale.
L’Arabie saoudite, la Jordanie et la Turquie (active sur le dossier de la libération des otages et des prisonniers) observent de près, prêtes à jouer un rôle dans la reconstruction et la stabilisation régionale.
Au-delà des ambitions politiques, c’est peut-être un modèle de gouvernance régionale qui s’esquisse : celui d’une coopération pragmatique autour de la sécurité, du développement et de l’aide humanitaire. Cela fait des années qu’on pronostique le retour des grandes puissances régionales pour contrer l’effondrement du système multilatéral. Si cette dynamique se confirme, elle pourrait ouvrir la voie à un nouveau cycle d’accords fondés sur la confiance et la transparence, plutôt que sur la peur et le rapport de force.
Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe géopolitique relations internationales, directeur de l’Institut Géopolitique Europeen (IGE), associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse). Consultant médias et chroniqueur.
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Source: LPOST

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