Plan de paix à Gaza : après la rencontre Trump-Netanyahou, le Hamas a « 3 ou 4 jours » pour livrer sa position


Plan de paix à Gaza : après la rencontre Trump-Netanyahou, le Hamas a « 3 ou 4 jours » pour livrer sa position
C’est le temps que le président américain, Donald Trump, a laissé au Hamas pour accepter son plan de paix pour l’enclave palestinienne, après sa rencontre à la Maison Blanche avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Le texte est soutenu par une partie de la classe politique israélienne y compris de l’opposition, les pays arabes, et les Européens.  Analyse
Le 29 septembre 2025, à Washington, le Président américain est revenu en force dans la négociation internationale à quelques jours de la commémoration des deux ans du pogrom du 7 octobre 2023. L’attaque du mouvement terroriste du Hamas contre l’Etat hébreu a fait plus de 1.200 morts en Israël et la prise en otage de 200 personnes (à ce jour, il en resterait encore une cinquantaine dans les mains du Hamas). Et ce, alors que sur le dossier russo-ukrainien, il est plutôt à la peine et qu’il s’accroche toujours à l’espoir de décrocher le prix Nobel de la Paix en octobre pour son action.
Les grandes lignes du « Plan Trump »
Face au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, Donald Trump a donc présenté les grandes lignes de son « plan de paix » au Moyen-Orient, qu’il veut tenter d’imposer avant la date symbolique du 7 octobre. Ce plan reprend nombre de propositions anciennes et celles récemment formulées par les Européens et les Saoudiens, mais en les durcissant par une exigence simple : la libération immédiate de tous les otages par le Hamas en échange d’un cessez-le-feu et d’un engagement à reconstruire Gaza.
C’est aussi dans le même temps une atténuation du projet pharaonique contesté d’établissement d’une « riviera » à Gaza sur les décombres du territoire rasé, et surtout l’abandon, semble-t-il, d’une expulsion massive des Palestiniens vers d’autres pays voisins ou plus lointains.
Grâce présidentielle pour Netanyahou
La mise en scène à Washington n’avait rien d’improvisé. Entouré de ses conseillers, Trump a déroulé un scénario qu’il veut définitif. Côté israélien, l’accueil fut enthousiaste. Netanyahou, en quête de survie politique, sait que ce plan est peut-être sa seule porte de sortie honorable : un cessez-le-feu validé par les pays arabes modérés, les Européens et même une partie de son opposition, prête à le soutenir si sa coalition portée par l’ultra-droite israélienne le lâche.
Pour la première fois depuis longtemps, une initiative internationale semble rallier une quasi-unanimité. Washington, Paris, Riyad, Bruxelles… tous veulent clore le cycle de violence et obtenir de Netanyahou qu’il signe.
Pour la première fois depuis longtemps, une initiative internationale semble rallier une quasi-unanimité. Washington, Paris, Riyad, Bruxelles… tous veulent clore le cycle de violence et obtenir de Netanyahou qu’il signe. Le Président israélien s’est même engagé ces derniers jours, si l’accord est signé, à offrir à Benjamin Netanyahou une grâce présidentielle dans les affaires qui le poursuivent depuis des années, afin qu’il se maintienne au pouvoir et clôture ce cycle de guerre en préparant l’après jusqu’aux prochaines élections.
Gaza est aujourd’hui une ville en ruines que ses habitants abandonnent pour se réfugier dans des camps. (Eyad BABA / AFP).
Quelle position va adopter le Hamas ?
Reste le maillon faible : le Hamas dont tout le monde attend la réponse. Netanyahou s’est vu contraint par Trump de s’excuser auprès du Qatar pour les frappes menées contre Doha le 9 septembre 2025. Pour rappel, le Qatar est le seul médiateur dans ce conflit israélo-palestinien à avoir la main sur l’organisation islamiste du Hamas.
Tout repose donc sur celui-ci, car il est impossible de faire sans lui. Pour le Hamas, sa survie se joue désormais sur sa dernière monnaie d’échange : la libération des otages encore détenus. Il se sait fragile sans ces derniers mais quel avenir a-t-il en gardant les otages ? Aucun. Acceptera-t-il de céder pour sauver ce qu’il reste de Gaza et éviter son effacement définitif ? Rien n’est moins sûr.
Trump joue son va-tout aussi en posant un ultimatum, déterminé à finir cette guerre dans les prochains jours, et prêt à assumer un échec qui enterrerait toute chance de paix avant longtemps.
Israël a probablement généré des milliers de jeunes à Gaza prêts à reprendre le flambeau et à se venger hélas à un moment ou à un autre des drames qu’ils ont vécus et de la mort de leurs proches. Sur le terrain, les sables sont encore mouvants : on parlerait finalement d’un retrait très progressif de l’armée israélienne de Gaza, contrairement au plan initial, alors que l’organisation islamiste souhaite un retrait total avant de discuter.
Trump joue son va-tout aussi en posant un ultimatum, déterminé à finir cette guerre dans les prochains jours, et prêt à assumer un échec qui enterrerait toute chance de paix avant longtemps. Le pari est risqué : sans un geste rapide du Hamas, la fenêtre d’opportunité se refermera, laissant la guerre se poursuivre avec les conséquences dramatiques qu’elle engendre. Netanyahou l’a promis : il finira le travail.
Une force d’interposition à Gaza
Au-delà du court terme, c’est l’avenir de Gaza qui est en jeu. Le plan Trump prévoit non seulement la fin des bombardements, mais aussi la mise en place d’une force d’interposition internationale. Il s’agit concrètement d’une opération de maintien de la paix à la mode onusienne sans les Nations unies, confiée à une coalition de pays arabes et occidentaux.
Pour administrer l’enclave, un nom a ressurgi sur le dessus de la pile : Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, pressenti pour piloter une autorité civile internationale durant trois ans, mais il y a un hic : il est toujours très mal vu côté arabe depuis l’invasion de l’Irak en 2003 qu’il a soutenu auprès des Américains.
Pour administrer l’enclave, un nom a ressurgi sur le dessus de la pile : Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, pressenti pour piloter une autorité civile internationale durant trois ans.
Les Palestiniens, eux, n’ont pas eu voix au chapitre véritablement dans ce plan. L’Autorité palestinienne doit se réformer, il serait certes grand temps, mais il n’est pas prévu de toute façon, qu’elle administre Gaza de sitôt. Leur lot de consolation, si le plan aboutit : rester sur leur terre, éviter l’expulsion et voir se dessiner un avenir moins meurtrier.
Tutelle internationale
En échange, ils devront accepter une tutelle internationale, un compromis présenté comme la dernière et unique alternative à la destruction totale. Mais une grande question demeure : la paix peut-elle naître d’un ultimatum et d’un marchandage diplomatique imposé de l’extérieur ?
Gaza, au cœur de toutes les ambitions et de tous les calculs, attend encore une réponse.
Gaza, au cœur de toutes les ambitions et de tous les calculs, attend encore une réponse. Mais ce qui est sûr, c’est que le seul qui peut proposer une solution et tenter de l’imposer à l’heure actuelle, c’est bien Donald Trump. Solution à court terme ou pérenne ? En Terre Sainte, Dieu seul le sait. Mais si le Hamas refuse, le Président américain a promis que l’organisation « expiera en enfer ».
Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA Paris), au Nordic Center For Conflict Ttransformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).
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Source: LPOST

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