Titulaire d’un CDI depuis 9 ans et en Belgique depuis 16 ans, Mustafa est incarcéré au centre fermé de Vottem en vue de son expulsion


Titulaire d’un CDI depuis 9 ans et en Belgique depuis 16 ans, Mustafa est incarcéré au centre fermé de Vottem en vue de son expulsion
Mustafa (à gauche sur la photo) et son frère Murad (à droite) encadrent leur mère lors d’un évènement. D.R.Originaire de Turquie et arrivé en Belgique, il y a 16 ans, Mustafa Erkmen (bientôt 44 ans), a été arrêté le 5 septembre 2025 par la police allemande alors qu’il travaillait sur un chantier à la frontière belgo-allemande. Remis aux policiers belges, il est incarcéré depuis lors au centre fermé de Vottem pour sans-papiers en vue de son expulsion vers la Turquie où il dit n’avoir plus de famille, sa mère arménienne et son frère vivant désormais légalement en Belgique. Il redoute des persécutions s’il est renvoyé en Turquie. L’homme a pourtant une vie calme en Belgique : il est engagé chez Sotraliège depuis le 2 août 2016 dans le cadre d’un Contrat à durée indéterminée (CDI) et est très apprécié par son employeur. Celui-ci souhaite d’ailleurs le conserver au sein de ses effectifs. Mustafa Erkmen comparaît devant la chambre du conseil du tribunal de première instance de Liège ce lundi matin 29 septembre et espère être libéré pour reprendre son travail.
Incarcéré depuis plus de trois semaines au centre fermé pour illégaux de Vottem (région liégeoise), Mustafa Erkmen vit une situation paradoxale et se demande de quoi son avenir sera fait. « Je n’ai jamais eu de problème avec qui que ce soit, ni avec la justice. J’ai toujours payé mes impôts et maintenant, je me retrouve ici, dans un centre fermé, alors que je n’ai rien fait », nous a confié par téléphone Mustafa, depuis Vottem.
Un travailleur rigoureux et consciencieux
Né le 9 octobre 1981 à Gaziantep en Turquie, c’est en 2009 qu’il est venu rejoindre sa mère et son frère Murad, arrivés quelques années plus tôt en Belgique. Il introduit une demande d’asile pour être reconnu comme réfugié politique qui sera soldée par un échec après quelques années de procédure.
Il tente sa chance pour une autorisation de séjour, mais celle-ci échouera aussi. Son avocate de l’époque l’a laissé tomber en l’informant qu’il quittait la profession, sans le recommander à un autre confrère.
Mustafa est engagé chez Sotraliège depuis le 2 août 2016 dans le cadre d’un Contrat à durée indéterminée et très apprécié par son employeur.
Entre-temps, Mustafa, débrouillard, arrive à trouver du travail. Il est engagé comme ouvrier de chantier au sein de l’entreprise de travaux, Sotraliège. Celle-ci est bien connue des automobilistes, car elle s’occupe de plusieurs chantiers sur les routes wallonnes pour le compte de la Région wallonne.
Mustafa y est engagé depuis le 2 août 2016 dans le cadre d’un Contrat à durée indéterminée (CDI) et très apprécié par son employeur. « C’est un travailleur rigoureux et attentionné. Aucune faute ne peut lui être reproché dans le cadre de son travail », témoigne Sélim Laraki, son supérieur. Il est contrôleur de gestion chez Sotraliège.
Arrêté le 5 septembre en plein travail
Mustapfa est donc un ouvrier déclaré chez Sotraliège depuis plus de 9 ans. C’est d’ailleurs dans le cadre de son emploi que sa vie va basculer. Le 5 septembre 2025, il réalisait l’entretien des abords autoroutiers à la frontière belgo-allemande, dans les cantons de l’est qu’il est arrêté par les policiers allemands.
« A hauteur de la borne kilométrique 0, il devait changer de sens et passer de l’autre côté de l’autoroute pour poursuivre son travail. Il devait effectuer cette manœuvre parce que la borne kilométrique 0 se trouve au milieu deux entrées d’autoroute, cela nécessite de traverser la frontière allemande pour poursuivre le travail d’entretien de l’autre côté de l’autoroute », raconte le chef de Mustafa.
Il n’a rien fait de mal. C’est un honnête citoyen qui se retrouve en centre fermé, menacé d’expulsion, alors qu’il y a d’autres qui ont des problèmes avec la justice et qui sont en liberté.
C’est à ce moment qu’il est arrêté par les policiers allemands pour un contrôle d’identité. C’est suite à son arrestation que son employeur découvre son ouvrier n’est pas en ordre de papiers. Et même s’il regrette que Mustafa ne l’ait pas prévenu de sa situation administrative, son supérieur considère que le traitement qui lui est imposé est exagérée.
« Il n’a rien fait de mal. C’est un honnête citoyen qui se retrouve en centre fermé, menacé d’expulsion, alors qu’il y a d’autres qui ont des problèmes avec la justice et qui sont en liberté. C’est un peu frustrant. Nous payons des charges sociales concernant Mustafa et jamais nous n’avons été informés par les autorités qu’il est en situation illégale », observe son supérieur.
Audience devant la chambre du conseil ce lundi matin
« On veut me renvoyer en Turquie, alors que mon frère et ma mère vivent légalement en Belgique, je n’ai plus personne en Turquie et ma mère étant arménienne, je risque d’y avoir de sérieux problèmes », redoute Mustafa.
Au nom de Sotraliège, son supérieur a fait une attestation pour plaider la cause de son ouvrier en s’engageant à le reprendre dans son travail dès sa libération. Contacté par nos soins, l’Office des étrangers se refuse à commenter un cas particulier.
On veut me renvoyer en Turquie, alors que mon frère et ma mère vivent légalement en Belgique, je n’ai plus personne en Turquie.
En attendant, Mustafa est placé en détention à Vottem et est tourmenté. Il se fait du souci pour sa maman handicapée dont il s’occupe avec son frère Murad. Celui-ci travaille aussi chez Sotraliège.
Il est aujourd’hui assisté par une autre avocate, Me Najate El Janati (Verviers). Elle a introduit un recours dont un devant la justice liégeoise pour demander la libération de son client. C’est dans le cadre de celui-ci que Mustafa passe ce lundi matin 29 septembre devant la chambre du conseil du tribunal de première instance à Liège. Il espère recouvrer rapidement la liberté afin de reprendre son travail et de poursuivre sa vie en Belgique tout en continuant à s’occuper de sa maman.
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Source: LPOST

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