« Se désolidariser du financement du Plan Grand Froid est une honte ! »
Alors que le gouvernement fédéral annonçait il y a quelques jours de plus vouloir assumer sa participation, notamment pour des raisons de respect des compétences, au financement du Plan Grand Froid (PGF), la Wallonie réagissait, lundi, par la voix de son ministre-président wallon, Adrien Dolimont, en assurant pouvoir compenser la suppression du subside fédéral. L’information rassurait dans la foulée les deux principales villes touchées par le nombre de sans-abris, à savoir Liège et Charleroi. Pour rappel, le PGF est dispositif mis en place depuis plusieurs années dans les cinq grandes villes du pays; il favorise l’accueil en journée et durant les nuits des personnes sans toit dans des lieux chauffés et ce, de novembre à la fin du mois de mars. Hier, le RWLP, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté a tenu à réagir au désengagement du Fédéral qui est pourtant compétent pour certains aspects du sans-abrisme comme la prime d’installation, l’adresse de référence et l’aide des CPAS aux personnes SDF. En d’autres termes, le sans-abrisme est au moins une compétence partagée..
Le gouvernement fédéral a pris la décision de couper les moyens du « Plan Grand froid » annuel. Il vient de l’annoncer, juste avant l’hiver. Cette décision soulève notre effarement, alors que plusieurs milliers de personnes sans-abri survivent grâce à ces mesures hivernales. Sous prétexte qu’il s’agirait d’une compétence usurpée, le choix posé par le fédéral affiche son mépris pour la population – de plus en plus – malmenée.
Le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) et le Réseau Belge de Lutte contre la Pauvreté (BAPN) se réjouiraient si l’information venue du fédéral à l’entame de l’automne était accompagnée d’une proposition du genre :
« Nous supprimons le « Plan Grand froid » comme réponse au sans-abrisme, parce que nous déplaçons ces budgets, et nous les augmentons, vers les politiques qui donnent des résultats structurels, durables… c’est-à-dire vers le Housing First, vers de l’accompagnement social-santé en quantité-qualité dans la proximité, vers la prévention pour tarir les causes qui sont à l’origine du sans-abrisme, pour assurer un accueil correct des populations qui venant de l’étranger trouvent refuge en Belgique… ».
Les politiques fédérales laissent à l’abandon, gèrent mal ou n’investissent pas dans des solutions durables.
Mais il n’en est rien : pour le fédéral, le budget est supprimé, point. Dans cette petite guerre du renvoi des responsabilités ailleurs, les populations déjà à terre dans notre pays font l’objet d’une déconsidération fédérale accablante. Et pas uniquement pour les personnes sans emploi. Car oui dramatiquement, il y a des travailleurs et des travailleuses ou des personnes en formation, sans chez eux, qui dorment aussi chez l’un, chez l’autre, dans leur voiture… ce qui rend leur quotidien encore plus difficile.
Se retrouver sans toit c’est le drame que vivent un nombre croissant de personnes, cassées par les accidents de la vie, ces éléments douloureux qui font qu’un moment donné on perd pied. Pourtant, les politiques fédérales laissent à l’abandon, gèrent mal ou n’investissent pas dans des solutions durables.
D.Servais
Pensons au statut cohabitant délétère qui brise des familles, qui met des jeunes à la rue ; aux sorties de séjours hospitaliers pour les personnes fortement vulnérabilisées qui dispose de trop peu de moyens ; au manque de moyens de la justice et des services connexes pour agir plus vite et mieux dans le cadre des violences faites aux femmes ; aux politiques en charge de l’endettement qui peut plonger ou maintenir dans la rue ; au non-accueil des personnes extra-européennes et intra-européennes (notamment les Roms) qui devraient trouver refuge dans notre pays ; à l’inaction climatique qui crée des drames familiaux pour les plus vulnérables, pouvant jeter dans l’errance ; à l’accompagnement et la préparation de la sortie de prison totalement délaissés, comme la prison dans son ensemble d’ailleurs ; à la déstructuration des politiques protectrices de notre système de sécurité sociale ; à la politique globale de lutte contre la pauvreté beaucoup trop peu investie sur le fond et à travers des budgets, etc. Faut-il encore en ajouter à la liste pour attester de la responsabilité de ce niveau de pouvoir lui-aussi ?
Le gouvernement fédéral montre une fois encore que les réponses structurelles en matière d’éradication de la pauvreté e(…) sont absentes de ses intentions.
D’autant qu’on ne peut ignorer le fait que le niveau politique fédéral est compétent pour certains aspects du sans-abrisme en tant que tel : la prime d’installation, l’adresse de référence et l’aide des CPAS aux personnes SDF. En d’autres termes, le sans-abrisme est au moins une compétence partagée.
Pour le RWLP et BAPN, le gouvernement fédéral montre une fois encore que les réponses structurelles en matière d’éradication de la pauvreté et de combat contre les inégalités sont absentes de ses intentions… Il va jusqu’à rejeter les mesures sparadrap acquises jusqu’ici aux autres entités. Certes le Plan Grand Froid n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois mais se désunir autour de cet emplâtre au moment où plusieurs mesures vont conduire à plus d’appauvrissement… c’est un comble ! Se désolidariser du financement est une honte !
Alors que vont se faire sentir les effets cumulatifs d’une série de mesures comme les exclusions du chômage sans garantie d’une aide sociale, le durcissement de l’accueil des personnes migrantes, le RWLP et BAPN se battront contre ce modèle politique qui réduit la population à un paquet de dépenses à compresser le plus possible, qui rejette ses responsabilités et qui prétexte des économies en posant des choix plus qu’étonnants au vu des montants concernés.
Le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté
avec Réseau Belge de Lutte contre la Pauvreté (BAPN)
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Source: LPOST