Accueil mitigé pour la visite d’Etat de Donald Trump à Londres : entre faste et contestations


Accueil mitigé pour la visite d’Etat de Donald Trump à Londres : entre faste et contestations
Londres. Le président américain Donald Trump effectue depuis mardi, 16 septembre 2025, une visite d’État au Royaume-Uni. Entre cérémonial royal discret, sécurité renforcée et manifestations massives, son déplacement met en lumière les fractures politiques et diplomatiques qu’il suscite. La visite de Trump au Royaume-Uni est suivi avec intérêt depuis Bruxelles, siège de l’OTAN.
Arrivé mardi soir, 16 septembre 2025, Donald Trump réside au château de Windsor, le palais de Buckingham étant toujours en rénovation. Contrairement aux usages, la traditionnelle procession d’État ne se déroule pas dans les rues de la ville, mais exclusivement à l’intérieur du château, afin de tenir le public et les protestataires à distance.
Deuxième visite d’Etat
Coups de canon, procession en carrosse et cérémonie militaire marquent le début de cette deuxième visite d’État, après celle de 2019. Le président américain et son épouse Melania sont accueillis par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III et la reine Camilla. Le monarque britannique, 76 ans, prend place aux côtés du président américain, 79 ans, dans un carrosse noir et or tiré par six chevaux.
Plus de 1.600 policiers, dont 500 renforts venus d’autres unités, sont mobilisés pour encadrer les manifestations et garantir le bon déroulement de la visite, selon la police métropolitaine.
Le dirigeant américain passe ensuite en revue une garde d’honneur dans la cour carrée du château, au son des fanfares, tambours et cornemuses. Un privilège rare : pour la première fois, trois régiments sont représentés lors d’un tel événement, rassemblant quelque 1.300 membres des forces armées britanniques. La rue principale de Windsor, à une quarantaine de kilomètres de Londres, est pavoisée de drapeaux britanniques et américains.
Sécurité maximale et dispositif exceptionnel
Plus de 1.600 policiers, dont 500 renforts venus d’autres unités, sont mobilisés pour encadrer les manifestations et garantir le bon déroulement de la visite, selon la police métropolitaine.
Louise Puddefoot, commissaire adjointe, précise qu’il s’agit « d’une autre journée chargée » pour les officiers. Les forces de l’ordre, en contact étroit avec les organisateurs, exhortent les participants à limiter les perturbations et à tenir compte de la communauté locale.
Londres en colère : manifestations et slogans
À Londres, à l’appel de la coalition « Stop Trump », des milliers de manifestants se sont rassemblés à Parliament Square et à Trafalgar Square. Pancartes et slogans dénoncent :
– « Les migrants sont les bienvenus, Trump n’est pas le bienvenu » ;
– « Non au racisme, non à Trump » ;
– « Bombarder des enfants à Gaza et festoyer au Royaume-Uni ».
Nous voulons donner aux Britanniques l’occasion d’exprimer leur haine envers Donald Trump, sa politique, son racisme.
« Nous voulons donner aux Britanniques l’occasion d’exprimer leur haine envers Donald Trump, sa politique, son racisme », déclare Zoe Gardner, porte-parole de la coalition. Elle ajoute que « c’est une indignation qu’il ait été invité à revenir pour être à nouveau honoré. En fait, c’est encore pire cette fois-ci, parce que nous savons maintenant qu’il est un violeur. Nous savons qu’il est venu à se défaire des mensonges racistes. Nous savons qu’il permet et finance un génocide en Palestine. Nous savons qu’il est un ami de Poutine. Il n’aurait jamais dû être invité au Royaume-Uni ».
Des manifestants anti-Trump participent à une marche lors d’une manifestation contre la deuxième visite d’État du président américain Donald Trump dans le centre de Londres, le 17 septembre 2025. (JUSTIN TALLIS / AFP).
Jo Williamson, 58 ans, confie : « J’ai peur de la façon dont le monde est envahi par des hommes vraiment mauvais ».
Auriel Dowty Glanville, militante climatique de Wimbledon, ajoute : « Je manifeste, parce que le président est un négationniste du climat. Le changement climatique est la plus grande menace à laquelle nous sommes confrontés sur Terre ».
Une petite foule se rassemble aussi à Windsor, où Trump passe la journée avec la famille royale avant le banquet d’État.
Boycott politique et fractures internes
La visite divise la classe politique britannique. Le chef des Libéraux-démocrates, Ed Davey, annonce son boycott du banquet d’État, invoquant notamment la position de Trump sur Gaza. De son côté, Lord Peter Mandelson, ancien ambassadeur à Washington, limogé par Keir Starmer en raison de ses liens présumés avec feu Jeffrey Epstein, risque de rallumer des controverses.
Donald Trump n’est pas le bienvenu ici. Il évite notre capitale, l’une des villes les plus diverses du monde, et se cache derrière les murs du château de Windsor. Pendant ce temps, les Palestiniens meurent de faim et un génocide se poursuit depuis près de deux ans.
Shaista Aziz, membre de la coalition Stop Trump, dénonce : « Donald Trump n’est pas le bienvenu ici. Il évite notre capitale, l’une des villes les plus diverses du monde, et se cache derrière les murs du château de Windsor. Pendant ce temps, les Palestiniens meurent de faim et un génocide se poursuit depuis près de deux ans ».
Diplomatie britannique : prudence et stratégie
Éviter les situations embarrassantes reste une priorité pour la diplomatie britannique. Le cœur de Londres est soigneusement écarté du programme, et la rencontre de travail de ce jeudi 18 septembre 2025 se déroulera à Chequers, résidence de campagne de Keir Starmer, à 60 km de la capitale. Une réception y réunira investisseurs britanniques et américains tels que GSK, Microsoft ou Rolls Royce.
Hasard du calendrier ou stratégie, la visite coïncide avec la pause annuelle de Westminster. Trump n’aura donc pas l’occasion de s’exprimer devant le Parlement, un soulagement pour Keir Starmer alors que certains députés et lords s’opposaient ouvertement à sa venue.
Christopher Featherstone, maître de conférences à l’Université de York, souligne : « Trump n’apprécie pas du tout le maire de Londres, un musulman de gauche, et pourrait y faire allusion. Cela placerait Keir Starmer dans une situation très délicate ».
Des manifestants anti-Trump participent à une marche lors d’une manifestation contre la deuxième visite d’État du président américain Donald Trump dans le centre de Londres, le 17 septembre 2025. (JUSTIN TALLIS / AFP).
Faste monarchique et cérémonies
Donald Trump et Melania sont reçus avec tout le faste de la monarchie britannique : défilé en carrosse, coups de canon et cérémonies militaires. Après un déjeuner privé avec la famille royale, le couple dépose des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II dans la chapelle St George.
Un défilé aérien inédit, combinant des F35 britanniques et américains et la patrouille acrobatique des « Red Arrows », précède le banquet royal réunissant quelque 150 invités. Charles et Camilla offrent au président le drapeau britannique qui flottait au-dessus du palais de Buckingham le jour de son investiture. Les Trump, en retour, offrent une réplique de l’épée du président Eisenhower, symbole du partenariat historique forgé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Gaza, Ukraine, commerce : lignes de fracture
Les manifestants dénoncent également l’approche de Trump sur les conflits en Gaza et en Ukraine, l’accusant d’affaiblir l’ordre international et de renforcer les régimes autoritaires. Les tensions commerciales entre Washington et Londres, nourries par la menace de nouveaux tarifs douaniers, ajoutent une dimension économique à la contestation.
Le Royaume-Uni cherche à préserver sa « relation spéciale » avec Washington, mais se heurte à une opinion publique massivement hostile à Trump.
Pour Londres, la visite est hautement symbolique. Le Royaume-Uni cherche à préserver sa « relation spéciale » avec Washington, mais se heurte à une opinion publique massivement hostile à Trump. Entre diplomatie pragmatique et valeurs démocratiques, le pays avance sur une ligne étroite.
Un manifestant résume : « En déroulant le tapis rouge à Trump, le Royaume-Uni choisit son camp. Mais ce camp n’est pas celui des valeurs que nous voulons défendre. »
Vue de Bruxelles et implications européennes
À Bruxelles, siège de l’Union européenne et de l’OTAN, la visite est suivie de près. Les responsables européens redoutent que Trump, fidèle à ses positions nationalistes et unilatéralistes, fragilise la coopération transatlantique.
À Bruxelles, siège de l’Union européenne et de l’OTAN, la visite est suivie de près. Les responsables européens redoutent que Trump, fidèle à ses positions nationalistes et unilatéralistes, fragilise la coopération transatlantique.
Pour la Belgique, membre fondateur de l’UE et hôte des institutions européennes, cette visite rappelle l’importance d’un front européen uni face aux incertitudes américaines. Là où Londres mise sur sa relation bilatérale « spéciale », Bruxelles et les autres capitales plaident pour une approche collective afin de préserver la stabilité du continent et l’avenir de l’Alliance atlantique.
Londres s’abrite dans les ors de Windsor, Bruxelles scrute l’horizon : et si l’Atlantique devenait un océan de malentendus ?
Alexander Seale (Londres)
L’article Accueil mitigé pour la visite d’Etat de Donald Trump à Londres : entre faste et contestations est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST

Check Also

Un premier guide en ligne sur le deuil pour aider les familles à mieux vivre le départ d’un être cher

Un premier guide en ligne sur le deuil pour aider les familles à mieux …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.