France : après la chute de François Bayrou, Emmanuel Macron est face à un système politique en panne
Le président français Emmanuel Macron (à droite) serre la main du Premier ministre français François Bayrou (au centre) à son arrivée pour une cérémonie d’adieu aux armes de l’ancien chef d’état-major des armées françaises dans la cour de l’hôtel des Invalides à Paris le 5 septembre 2025. Christophe Ena / POOL / AFPCe lundi soir 8 septembre 2025, le Premier ministre français, François Bayrou, a chuté. Sa démission qu’il devrait présenter au président de la République, Emmanuel Macron, ce mardi matin, intervient après un vote de censure explosive mais qui n’est autre la chronique d’une chute annoncée. La démission du Premier ministre, François Bayrou expose ainsi l’exécutif français à une crise politique et sociale majeure. Le président Emmanuel Macron se retrouve sans Premier ministre et face à un parlement fracturé, alors que la rentrée promet des mobilisations sociales d’ampleur. Celui qui voulait incarner le courage budgétaire a quitté la scène sur un constat d’échec, laissant Emmanuel Macron sans majorité et confronté à un calendrier politique et social explosif.
Le sacrifice raté de Bayrou
Ces dernières semaines, François Bayrou avait fait du budget son combat central. Il répétait que la dette publique étranglait le pays et que la France devait adopter un « budget de vérité » pour protéger sa souveraineté. Sa stratégie consistait à se présenter comme un home prêt à tout risquer, espérant rallier les parlementaires et convaincre l’opinion publique.
En dénonçant l’« irresponsabilité » de l’opposition et en plaçant les Français face à un discours alarmiste, François Bayrou a isolé ses derniers soutiens.
Mais sa posture s’est retournée contre lui. En dénonçant l’« irresponsabilité » de l’opposition et en plaçant les Français face à un discours alarmiste, François Bayrou a isolé ses derniers soutiens. Le vote de censure fut sans appel : 194 députés pour, 364 contre. Le Premier ministre du courage est devenu le symbole d’un sacrifice politique inutile.
Un parlement irréconciliable
Depuis la dissolution ratée de 2024, le Parlement français est divisé en trois blocs irréconciliables : gauche, droite et centre. La gauche a voté en bloc contre le gouvernement, mais seule La France insoumise a annoncé vouloir déposer une motion de destitution contre le Président Macron. Cette procédure, très improbable sur le plan constitutionnel, n’est possible que si le président est jugé incapable de gouverner ; elle a surtout une portée symbolique, destinée à accentuer la pression sur l’exécutif.
La gauche a voté en bloc contre le gouvernement, mais seule La France insoumise a annoncé vouloir déposer une motion de destitution contre le Président Macron.
À l’inverse, le Rassemblement National adopte une stratégie de calcul électoral et judiciaire. Marine Le Pen réclame une nouvelle dissolution, ce qui pourrait renforcer son poids électoral avant son procès en appel pour le scandale des faux assistants parlementaires au parlement européen, qui pourrait la rendre inéligible. Le procès en appel de l’affaire des assistants parlementaires européens du FN se tiendra du 13 janvier au 12 février 2026, plus d’un an avant la présidentielle de 2027, selon le calendrier fixé lundi lors d’une audience à la cour d’appel de Paris
Quant aux centristes, ils sortent affaiblis. Bayrou était la figure qui pouvait les rassembler ; son départ laisse un vide difficile à combler et fragilise toute tentative de compromis.
Macron sans marges de manœuvre
Emmanuel Macron se retrouve piégé par le calendrier. La nomination d’un nouveau Premier ministre avant les mobilisations prévues semble improbable, même s’il a annoncé, lundi, que celle-ci interviendra « dans les tout prochains jours ». Dès le 10 septembre, une première journée de mobilisation sociale s’annonce, suivie le 17 d’une grève nationale susceptible de bloquer le pays. La crise politique et la contestation sociale risquent donc de se combiner dans un contexte explosif.
Face à cette situation, le président dispose de trois options, toutes risquées : gouverner par le 49.3, tenter de recomposer une majorité parlementaire, dissoudre de nouveau l’Assemblée nationale.
Face à cette situation, le président dispose de trois options, toutes risquées. Il peut gouverner par le 49.3, un outil constitutionnel qui permet d’imposer le budget sans vote, mais qui renforce l’accusation d’autoritarisme. Il pourrait tenter de recomposer une majorité parlementaire, mais les blocs étant irréconciliables, cette option semble quasi impossible. Enfin, une nouvelle dissolution reste envisageable, mais elle reproduirait le risque du fiasco de 2024 et pourrait profiter au Rassemblement National.
François Bayrou espérait marquer l’histoire en portant un budget de vérité. Il risque surtout d’être retenu comme celui qui a précipité une nouvelle crise politique. Emmanuel Macron, lui, affronte désormais une équation quasi insoluble : gouverner sans majorité et sans relais crédible, dans un pays divisé et en colère.
L. J.
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Source: LPOST
