J-1 en France : le Premier ministre François Bayrou joue son avenir politique avec un vote de confiance à haut risque


J-1 en France : le Premier ministre François Bayrou joue son avenir politique avec un vote de confiance à haut risque
Le Premier ministre François Bayrou a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. Ce vote de confiance, prévu ce lundi 8 septembre, pourrait être un tournant majeur du quinquennat. Rarissime dans l’histoire de la Ve République, cette procédure est d’autant plus périlleuse que le gouvernement ne dispose d’aucune majorité absolue à l’hémicycle français. François Bayrou s’est-il lance dans une operation de suicide politique ou s’agit-il d’une volonté de sa part d’opérer une sortie par la grande porte avec la chute programmée de son gouvernement ? La situation place le président français Emmanuel Macron face à une lourde responsabilité dans la suite des évènements. Charlotte Minvielle, ancienne candidate écologiste dans la circonscription d’Europe du Nord et membre d’EELV, ne se fait aucune illusion sur l’issue du vote. Ele n’est pas opposée à l’alliance avec La France Insoumise (LFI).
Un outil constitutionnel presque jamais utilisé
L’article 49-1 de la Constitution permet au Premier ministre d’engager la responsabilité de son gouvernement sur une déclaration de politique générale. Si les députés approuvent, le gouvernement sort renforcé. Si la confiance est refusée, le Premier ministre est de facto renvoyé, et le président doit en nommer un nouveau.
Dans l’histoire de la Ve République, cet outil est resté marginal. La plupart des Premiers ministres, lorsqu’ils n’avaient pas de majorité solide, s’en sont tenus à d’autres leviers, notamment en forçant des compromis parlementaires ou en ayant recours au fameux 49-3. Jamais encore un chef de gouvernement minoritaire n’avait tenté un vote de confiance.
Le choix de François Bayrou marque donc une rupture. Officiellement, il justifie ce recours par son budget et son plan d’austérité, très critiqués. Mais en pratique, la question posée aux députés dépasse largement le cadre budgétaire : il s’agit de trancher sur la survie de son gouvernement.
« Tous les partis d’opposition vont voter contre la confiance »
Pour Charlotte Minvielle, ancienne candidate écologiste dans la circonscription d’Europe du Nord et membre d’EELV, le résultat ne fait guère de doute : « Tous les partis d’opposition vont voter contre la confiance et [il y aura] potentiellement un nouveau Premier ministre », nous a-t-elle confié.
Tous les partis d’opposition vont voter contre la confiance et [il y aura] potentiellement un nouveau Premier ministre.
La gauche, en particulier, affiche son unité de circonstance. Les socialistes, les écologistes, les insoumis et les communistes ont déjà annoncé qu’ils voteront contre Bayrou. Mais la véritable question se posera après. Minvielle insiste : « Pour EELV, il est très important de continuer à s’allier et [le parti] est prêt à gouverner et ne s’oppose pas à une alliance [avec] LFI », poursuit-elle.
Selon elle, la gauche doit « prendre ses responsabilités face à l’extrême droite en trouvant des accords et en ne gouvernant pas au 49-3 ».
Une décision difficile à lire
Pourquoi Bayrou a-t-il choisi cette voie, alors que le rejet semble assuré ? Charlotte Minvielle s’interroge. « Je ne comprends pas forcément la décision. Est-ce que c’est de l’excès de confiance ou l’évènement du blocage du 10 septembre en anticipant un rejet de la part de la population et de la mobilisation syndicale du 17 septembre ? », interpelle-t-elle.
Je ne comprends pas forcément la décision.
Elle estime que le gouvernement aurait dû au contraire chercher à apaiser les tensions sociales : « Il est de la responsabilité du gouvernement de mettre en place un budget plus social qui prend en compte la gauche qui était arrivée en tête des dernières élections ».
Charlotte Minvielle, ancienne candidate écologiste dans la circonscription d’Europe du Nord et membre d’EELV, plaide pour un nouvel effort de rassemblement (JULIEN DE ROSA / AFP).
Les scénarios si Bayrou échoue
Si la confiance n’est pas votée, Emmanuel Macron disposera de plusieurs options.
– Nommer un nouveau Premier ministre : Le président pourra reconduire Bayrou malgré le désaveu ou lui trouver un successeur, dans ou hors de sa majorité.
– Dissoudre l’Assemblée : Une nouvelle dissolution est possible depuis juillet, mais elle pourrait se révéler explosive. L’échec de celle de 2024 – qui avait fragmenté le Parlement – reste un avertissement. Dissoudre aujourd’hui risquerait d’accentuer l’impopularité du président et de renforcer l’extrême droite.
– Anticiper des législatives : Cette option est une conséquence directe de la précédente. Le RN réclame des législatives anticipées, convaincu de son avance dans les sondages. Jordan Bardella espère en sortir Premier ministre.
– Autres pistes institutionnelles : LFI évoque la destitution, un processus long et rarement utilisé. Macron pourrait aussi chercher à s’arroger temporairement des pouvoirs exceptionnels face au blocage, mais cette option resterait limitée et politiquement risquée.
Une opposition aux stratégies divergentes
Le RN pousse pour de nouvelles législatives. Fort de ses scores récents, le parti d’extrême droite table sur une percée historique qui ouvrirait les portes de Matignon à Jordan Bardella.
La gauche, de son côté, sait qu’elle ne pourra pas se contenter d’un « non » à Bayrou. L’expérience du Nouveau Front populaire en 2024, formé dans l’urgence face à la menace de l’extrême droite, avait permis d’éviter une percée encore plus large du RN. Mais cette union s’est effritée depuis lors.
Les représentants de gauche [doivent] prendre leurs responsabilités face à l’extrême droite en trouvant des accords.
Charlotte Minvielle, ancienne candidate écologiste dans la circonscription d’Europe du Nord et membre d’EELV, plaide pour un nouvel effort de rassemblement : « Les représentants de gauche [doivent] prendre leurs responsabilités face à l’extrême droite en trouvant des accords ».
Une Ve République sous tension
Au-delà du sort de François Bayrou, ce vote de confiance est révélateur d’une crise plus profonde. La Ve République, pensée pour donner de la stabilité à l’exécutif, se retrouve paralysée par une Assemblée nationale éclatée en trois blocs : macronistes minoritaires, gauche divisée et extrême droite renforcée.
Si Bayrou survit, il sera un Premier ministre diminué, contraint de chercher des appuis au cas par cas. S’il tombe, Emmanuel Macron devra choisir entre l’impasse d’une nouvelle dissolution et l’ouverture, encore jamais tentée sous son mandat, d’un gouvernement de coalition.
Dans les deux cas, le 8 septembre pourrait marquer un basculement. Car derrière le vote de confiance, c’est bien une autre question qui hante l’Assemblée : qui, demain, aura la légitimité pour gouverner la France ?
L.J.
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Source: LPOST

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