La Belgique va reconnaître un Etat palestinien et imposer des sanctions aux ministres extrémistes israéliens
Après d’intensives négociations, le conseil des ministres restreint (kern) s’est accordé aux petites heures, mardi 2 septembre 2025, pour une reconnaissance d’un Etat palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra du 9 au 23 septembre 2025 à New-York. Mais elle ne formalisera sa décision par un arrêté royal que lorsque « le dernier otage aura été libéré et que les organisations terroristes telles que le Hamas auront été écartées de la gestion de la Palestine ». En attendant, elle a pris des décisions importantes : interdiction d’exportation et de transit des armes vers Israël, interdiction nationale d’importation des marchandises produites, exploités ou transformés dans les territoires occupés illégalement par Israël, les ministres extrémistes Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich et les leaders politiques et militaires du Hamas sont déclarés persona non grata en Belgique, etc. Les autorités belges vont aussi plaider pour des sanctions au niveau européen et vont poursuivre tout Belge qui se sera rendu coupable d’acte terroriste en Israël et en territoire palestinien occupé.
Fumée blanche à l’issue d’un long conseil des ministres restreint (kern) qui a commencé lundi et qui s’est terminé mardi 2 septembre 2025 à l’aube. Selon le communiqué du Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés), les principaux ministres du Gouvernement fédéral ont accordé leurs violons sur le dossier relatif au conflit israélo-palestinien. Ce dernier a donc réussi à arracher un accord dans un dossier où il est souvent monté au front pour défendre la position des Centristes francophones belges.
La Belgique invite aussi tous les pays arabes à reconnaître l’État d’Israël.
La principale mesure du kern est la reconnaissance d’un Etat palestinien lors de l’Assemblée générale des Nation unies qui se tiendra du 9 au 23 septembre 2025 à New-York.
Les pays arabes doivent reconnaître Israël
« Aujourd’hui, la reprise des colonisations en Cisjordanie, le projet E1 visant Jérusalem-Est, l’opération militaire d’occupation totale de Gaza et la situation de famine et de crise humanitaire indescriptible laissent craindre qu’en l’absence de réaction internationale réaffirmant la nécessité de préserver les chances de création d’un État palestinien, une coexistence pacifique et durable à deux États ne puisse plus exister. C’est pourquoi la Belgique souhaite envoyer un signal politique et diplomatique fort en se joignant aux nations qui vont annoncer la reconnaissance de l’État de Palestine en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, en s’inscrivant dans l’initiative conjointe de la France et de l’Arabie saoudite comme souhaité dans la résolution votée à la Chambre des représentants. (…). Consciente du traumatisme vécu par les Israéliens en suite des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, la Belgique ne formalisera cette reconnaissance de l’État palestinien par voie d’arrêté royal qu’une fois que le dernier otage aura été libéré et que les organisations terroristes telles que le Hamas auront été écartées de la gestion de la Palestine », indique le communiqué de Maxime Prévot.
La Belgique ne formalisera cette reconnaissance de l’État palestinien par voie d’arrêté royal qu’une fois que le dernier otage aura été libéré et que les organisations terroristes telles que le Hamas auront été écartées de la gestion de la Palestine.
La Belgique invite aussi tous les pays arabes à reconnaître l’État d’Israël.
Au-delà de cette clarification forte de sa position dans un dossier qui déchaîne les réactions, la Belgique a également pris d’autres mesures tout aussi importantes et fortes. Il s’agit notamment de prendre un arrêté royal décrétant une interdiction nationale d’importation des marchandises produites, exploités ou transformés dans les territoires occupés illégalement par Israël. Ce faisant, la Belgique entend se conformer à l’avis rendu par la Cour internationale de justice le 19 juillet 2024 tout s’alignant sur les positions en la matière de l’Irlande et de la Slovénie. Des contrôles nécessaires seront prévus pour garantir le respect de l’interdiction d’importation.
BELGA
Le Premier ministre, Bart De Wever (N-VA) à son arrivée à la réunion du kern lundi 1er septemùbre 2025. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).
Interdire l’exportation d’armes vers Israël
Il est aussi question d’interdire l’exportation et le transit des armes ou de tout matériel à double usage (lorsque l’utilisateur final est militaire) vers Israël. Par ailleurs, le Gouvernement fédéral sensibilisera les Régions pour qu’elle s’aligne sur sa décision en la matière et plaidera, au niveau européen, pour un embargo sur les armes et les biens à double (lorsque l’utilisateur final est militaire).
Il est aussi question d’interdire l’exportation et le transit des armes ou de tout matériel à double usage (lorsque l’utilisateur final est militaire) vers Israël.
Le Gouvernement fédéral demande au ministre des Affaires étrangères « de refuser, aussi longtemps que la guerre se poursuit, les demandes de survol de notre espace aérien émanant des autorités israéliennes pour les vols militaires ».
Il est demandé au ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA) de veiller à réduire la dépendance militaire de la Belgique vis-à-vis d’Israël tant que le conflit israélo-palestinien ne sera pas terminé.
Les ministres extrémistes israéliens interdits en Belgique
La Belgique durcit aussi le ton à l’égard des ministres extrémistes du Gouvernement Netanyahou et des responsables militaires du Hamas. Ainsi, les ministres extrémistes Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ainsi que les leaders politiques et militaires du Hamas sont déclarés persona non grata en Belgique. Cette mesure vise aussi les colons juifs violents et les terroristes du Hamas inscrits sur la liste européenne. Notre pays prend aussi d’autres mesures à l’égard de ces derniers : restrictions financières, gel des avoirs, interdiction d’entrer sur le territoire, etc.
Les ministres extrémistes Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ainsi que les leaders politiques et militaires du Hamas sont déclarés persona non grata en Belgique.
Par ailleurs, tant les ministres extrémistes du Gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou que les responsables militaires du Hamas et les colons juifs violents seront signalés « dans le Système d’information Schengen (SIS) par l’Office des étrangers, avec la mention qu’elles ne sont plus les bienvenues sur le territoire belge en raison d’une menace pour l’ordre public, la sécurité nationale ou en raison de violations graves du droit international ».
Le ministre israélien, Itamar Ben-Gvir, est l’un des dirigeants déclarés persona non grata en Belgique. (DEBBIE HILL / POOL / AFP).
La Belgique charge la ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt (N-VA) de veiller, conformément au droit international, à ce que la résidence dans un territoire occupé soit un motif de refus de délivrance de visa D de long séjour pour tout demandeur non-palestinien.
Procédures judiciaires à l’encontre de Belges
Il est demandé au ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V) de donner injonction au parquet fédéral pour qu’il initie des poursuites judiciaires à l’encontre de « tout Belge ou toute personne ayant sa résidence habituelle en Belgique qui, en Israël ou en territoire palestinien occupé, se sera rendu coupable d’une violation grave du droit international humanitaire et/ou d’une infraction terroriste ».
La Belgique entend renforcer la lutte contre l’antisémitismes et la glorification du terrorisme. Notre pays entend renforcer les évacuations médicales « d’enfants atteints de pathologies complexes qui ne peuvent être traitées dans la région ».
Notre pays entend renforcer les évacuations médicales « d’enfants atteints de pathologies complexes qui ne peuvent être traitées dans la région ».
Les autorités fédérales vont par ailleurs poursuivre l’aide humanitaire à Gaza. « À cette fin, il examine comment réitérer les démarches d’aide humanitaire couronnées de succès par voie aérienne (Cerulean Skies 2). La Belgique va intensifier ses efforts pour procurer de l’aide humanitaire aux Palestiniens par toutes les voies possibles. En sus, 12,5 millions d’euros seront dégagés par le ministre de la Coopération au développement pour s’ajouter aux 7 millions déjà engagés cette année pour l’aide humanitaire à Gaza », précise le cabinet du ministre des Affaires étrangères dans le communiqué.
BELGA
Le ministre-Président wallon, Adrien Dolimont (MR, à gauche sur la photo) et le ministre wallon de l’Economie, Pierre-Yves Jehloet (MR, à droite) s’aligneront aisément sur la position fédérale visant à interdire l’exportation d’armes et de matériel à double usage destiné aux militaires en Israël. (BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE).
Des sanctions au niveau européen
Sur la scène internationale, la Belgique va plaider pour des sanctions au niveau européen. Elle va donc voter l’adoption au niveau européen de toute une série de mesures :
Suspension (complète) du volet commercial de l’accord d’association ;
Suspension (complète) du volet recherche, innovation et coopération technologique de l’accord d’association, en ce compris de la participation d’Israël aux programmes de l’Union tels que Horizon Europe ;
Suspension de l’Agreement on Conformity Assessment and Acceptance of Industrial Products (ACAA, 2012) ;
Suspension de la participation d’Israël à l’accord Open Skies ;
Suspension de la coopération technique prévue par l’instrument Neighbourhood, Development and International Cooperation Instrument (NDICI) – en ce compris au travers du Technical Assistance and Information Exchange Instrument (TAIEX) mais excepté les financements profitant aux ONG israéliennes actives dans la défense des droits humains.
Penser déjà à la reconstruction de la Palestine
La Belgique se projette aussi dans l’après conflit et pense à la reconstruction de la Palestine. Aussi, elle plaidera donc pour la mise en place d’une force d’interposition, sous mandat des Nations unies, afin de garantir des couloirs humanitaires pour la distribution de l’aide alimentaire et la protection des populations.
Une fois qu’un Etat palestinien sera reconnu, il demande que celui-ci « soit pleinement reconnue par le FMI et la Banque mondiale.
Le Gouvernement fédéral entend soutenir la Palestine dans ses différentes demandes. Il compte donc plaider pour que les recettes fiscales auxquelles l’Autorité palestinienne a droit lui soient transférées. Une fois qu’un Etat palestinien sera reconnu, il demande que celui-ci « soit pleinement reconnue par le FMI et la Banque mondiale, afin qu’elle ait accès à l’aide macroéconomique et monétaire nécessaire dans tous les domaines ».
La Belgique demande que le Registre des dommages de l’ONU recense tous les dommages causés aux personnes physiques et morales par l’occupant à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En vue d’un éventuel dédommagement ?
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Source: LPOST