Opinion. Belgique : un Etat évanescent ? L’inquiétude est de mise face à l’inexorable marche vers un futur incertain


Opinion. Belgique : un Etat évanescent ? L’inquiétude est de mise face à l’inexorable marche vers un futur incertain
A l’ccasion de la fête nationale, ce lundi 21 juillet 2025, le ministre d’État, et  Président honoraire de la Chambre des représentants, André Flahaut (PS), dresse une liste d’éléments qui n’annoncent rien de bon pour l’avenir du pays. C’est l’analyse d’un acteur qui a été pendant plusieurs au cœur de l’exécutif fédéral dont plus de 4 ans comme ministre fédéral de la Fonction publique (23 juin 1995-12 juillet 1999) et plus de 8 ans comme ministre de la Défense. Il dénonce la mise en place progressive d’une Belgique à deux vitesses avec la complicité de certains Francophones (MR et Les Engagés?) et la montée en puissance des idées nationalistes dans le Nord du pays. Malgré le tableau sombre qu’il dresse sur l’état de la Belgique, André Flahaut entrevoit une lueur d’espoir si les Wallons et les Francophones de Bruxelles se mobilisent dans un dernier sursaut de lucidité.
Un malaise grandissant
En tant que citoyen belge soucieux de l’équilibre des pouvoirs et de la solidarité entre Régions et Communautés, je suis habité par le doute et l’inquiétude.
Car comment ne pas s’interroger lorsque le déséquilibre entre le Nord et le Sud du pays s’accentue à coups de réformes insidieuses et d’initiatives orientées, sans résistance véritable des responsables francophones au pouvoir ?
Depuis la coalition « Arizona », dominée par la N-VA, avec à sa tête un Premier ministre issu de ses rangs (Bart De Wever) et entouré de ministres et d’acteurs majeurs également acquis à cette ligne, on assiste à une normalisation et une accélération de cette domination.
Un équilibre jadis respecté
Pendant longtemps, des compromis équilibrés ont permis à notre pays de rester stable. Jusqu’au gouvernement Di Rupo (décembre 2011-octobre 2014), ces compromis, parfois difficiles, traduisaient encore une volonté de co-construction, de respect mutuel et d’équité entre les entités fédérées. Mais depuis, tout a changé.
L’influence montante de la N-VA
L’arrivée de la coalition suédoise menée par Charles Michel (octobre 2014-décembre 2018-octobre 209), à très faible représentation francophone (le MR était le seul parti francophone de la coalition suédoise), a permis à la N-VA de s’imposer et d’imprimer sa marque sur l’action gouvernementale.
Le Sud a dès lors été délaissé, et le Nord, favorisé. La Vivaldi (dirigé par Alexander De Croo de 2020-2025), malgré les crises, a temporisé le mouvement.
L’Arizona : un virage assumé
Depuis la coalition « Arizona », dominée par la N-VA, avec à sa tête un Premier ministre issu de ses rangs (Bart De Wever) et entouré de ministres et d’acteurs majeurs également acquis à cette ligne, on assiste à une normalisation et une accélération de cette domination.
Les postes clés du Gouvernement fédéral et le ministre-Président flamand incarnent tous un nationalisme affirmé.
Les postes clés du Gouvernement fédéral et le ministre-Président flamand incarnent tous un nationalisme affirmé. Ces personnalités, unies par une même vision, appliquent un programme dans lequel la voix francophone, déjà minoritaire, semble désormais réduite à un rôle docile, voire complaisant.
Complicité francophone ?
Le plus troublant reste peut-être l’attitude de certains responsables francophones, qui, loin de résister à cette tendance, la confortent. Trop heureux d’écarter le PS, certains ont préféré s’allier aux forces les plus radicales du Nord, allant jusqu’à relayer un discours de culpabilisation du Sud.
Un discours qui accuse les Wallons et les Bruxellois de tous les maux, les présentant comme assistés ou irresponsables.

BELGA
A l’avant-plan, ministre flamande du Logement et de l’Énergie Melissa Depraetere (Vooruit); le Premier ministre, Bart De Wever (N-VA) et le ministre-Président flamand, Matthias Diependaele (N-VA), photographiés lors d’une réception à l’Hôtel de Ville de Bruxelles, dans le cadre des célébrations à l’occasion de la fête régionale flamande, le vendredi 11 juillet 2025. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).
Un « Grand Bruxelles » sous tutelle ?
Il y a à Bruxelles une forme de résistance — encore — mais elle reste fragile. Car certains semblent vouloir faire pourrir la situation jusqu’à créer les conditions d’un passage sous la tutelle fédérale.
Une tutelle qui serait de fait dominée par les forces flamandes, conduisant à la fusion des zones de police, des communes, voire à l’émergence d’un « Grand Bruxelles », majoritairement francophone, mais potentiellement gouverné depuis le Nord.
Une tutelle qui serait de fait dominée par les forces flamandes, conduisant à la fusion des zones de police, des communes, voire à l’émergence d’un « Grand Bruxelles », majoritairement francophone.
On pourrait craindre aussi la suppression pure et simple des communes à facilités, où les francophones ne seraient plus que tolérés. La Flandre a déjà supprimé ses provinces. Demain, pourquoi pas les nôtres ?
On avance, mine de rien, vers une Belgique où l’équilibre initial entre Régions et Communautés, qui fondait notre modèle fédéral, est grignoté pièce par pièce.
Des signaux alarmants
Des exemples ?
Le RER, fonctionnel au nord de Bruxelles, reste bloqué vers le sud. La Flandre investit dans l’aéroport national sans que cela ne suscite de réaction.
La suppression du Sénat, présentée comme une mesure d’économie, cache en réalité le refus du Nord de son maintien. Désormais, tout se jouerait à la Chambre, où les Néerlandophones sont 87, contre 63 Francophones (dont seulement 32 dans la majorité actuelle).
La suppression du Sénat, présentée comme une mesure d’économie, cache en réalité le refus du Nord de son maintien.
Cette domination se reflète aussi dans les postes stratégiques : les entreprises publiques sont pour la plupart dirigées par des CEO flamands. Qu’en est-il de la répartition des investissements publics ? Des bâtiments de l’État ? Des retombées militaires ? Les moyens accrus pour la Défense profiteront-ils vraiment à tout le pays comme on le promet, ou serviront-ils avant tout le Nord ?

bePress Photo Agency / BOURGUET
L’ancien président des Engagés, Maxime Prévot, devenu vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, et Georges-Louis Bouchez, président du MR. Les deux partis sont les seuls membres francophones de la majorité fédérale. (Photo Philippe BOURGUET / bePress Photo Agency/bppa).
Une Belgique à deux vitesses ?
Mais comment s’étonner d’une telle situation quand les deux chefs de l’exécutif — fédéral et flamand — affirment que la politique fédérale doit servir la Flandre avant tout ?
Il nie l’histoire, il piétine la solidarité ancienne du Sud envers le Nord. Désormais, la règle semble être : ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi, se négocie.
Ce genre de propos constitue une rupture avec l’esprit même de la Belgique. Il nie l’histoire, il piétine la solidarité ancienne du Sud envers le Nord. Désormais, la règle semble être : ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi, se négocie.
Un tournant à venir
Alors, que restera-t-il de la Belgique après cette législature ?
On peut craindre qu’une crise, une situation de guerre entretenue ou des pressions européennes soient invoquées pour justifier des pouvoirs spéciaux. Un prétexte de plus pour accélérer un processus de concentration des pouvoirs aux mains du Gouvernement fédéral.
Oui, tout cela est inquiétant !
Un appel à l’engagement
Mais tout cela peut encore être arrêté si les Francophones de Wallonie et de Bruxelles se mobilisent. Il est temps de s’engager pour l’équilibre, pour l’unité, pour une Belgique qui ne soit pas qu’un vestige à célébrer le 21 juillet ou lors d’événements sportifs.
Il est temps de hisser à nouveau nos couleurs, haut et fort, et de rappeler que notre pays ne se construit pas par la domination de l’un sur l’autre, mais par l’écoute, la solidarité.
Il est temps de hisser à nouveau nos couleurs, haut et fort, et de rappeler que notre pays ne se construit pas par la domination de l’un sur l’autre, mais par l’écoute, la solidarité et le respect des uns et des autres.
PS : le titre et le chapeau introductif sont de la rédaction.
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Source: LPOST

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