Paris et Londres s’accordent pour maîtriser l’immigration clandestine via la Manche
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a accueilli le Président français, Emmanuel Macron, pour une visite d’État historique, destinée à resserrer les liens diplomatiques et commerciaux entre Londres et Paris. Pendant trois jours de pourparlers, qui ont culminé jeudi 10 juillet avec le 37ᵉ sommet franco-britannique, les questions transfrontalières, notamment migratoires, ont occupé une place centrale. Un nouvel accord sur la lutte contre les traversées illégales de la Manche en petites embarcations est attendu. Mais les échanges ont également porté sur des dossiers clés : commerce, défense, sécurité et coopération économique, dans un contexte mondial en rapide évolution.
Un tournant post-Brexit
Après des années de tensions liées au Brexit, Starmer et Macron espèrent tourner la page et afficher une unité retrouvée, notamment face aux incertitudes suscitées par les ambitions commerciales de Donald Trump. Le président français a été reçu mardi au château de Windsor par le roi Charles III et la reine Camilla (Buckingham Palace étant en rénovation). Il a ensuite prononcé un discours devant le Parlement et participé mercredi soir à un dîner d’État fastueux au Guildhall, dans la City de Londres.
Il s’agit de la première visite d’État du président d’un pays membre de l’Union européenne au Royaume-Uni depuis la sortie du pays de l’UE en 2020, donc un symbole fort de la volonté britannique de renouer avec ses anciens partenaires. La dernière visite officielle d’un Président français remontait à 2007, lorsque Nicolas Sarkozy et le Premier ministre Gordon Brown avaient lancé un appel commun à la coopération face à la crise financière mondiale imminente.
Une alliance contre la migration clandestine
Le 37ᵉ sommet franco-britannique, s’est déroulé jeudi à Downing Street, entre le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et le Président français, Emmanuel Macron. Les deux hommes ont annoncé des contrôles migratoires plus stricts, ainsi que des accords sur la défense, la coopération nucléaire et des plans de soutien à l’Ukraine en cas de cessez-le-feu.
Concernant les migrants, l’accord vise à dissuader les candidats au départ de faire des voyages dangereux via la Manche de la France pour rejoinder le Royaume-Uni dans de petits bateaux. Cette année jusqu’à présent, plus de 20 000 personnes ont déjà entrepris ce voyage.
Nous sommes tous d’accord pour dire que la situation dans la Manche ne peut pas continuer telle qu’elle est, alors nous apportons de nouvelles tactiques.
Lors de la rencontre de jeudi, Starmer a indiqué que les deux pays devaient appliquer leur force collective et leur leadership aux défis de la migration des sans papiers.
« Nous sommes tous d’accord pour dire que la situation dans la Manche ne peut pas continuer telle qu’elle est, alors nous apportons de nouvelles tactiques et une nouvelle intention de lutter contre la migration illégale et de briser le modèle commercial des gangs criminels », a déclaré le Premier minister britannique.
AFP
Des migrants à bord d’un canot naviguent dans la Manche vers la côte sud de l’Angleterre le 1er septembre 2020 après avoir traversé depuis la France. (Photo par Glyn KIRK / AFP)
50 migrants par semaine pour démarrer
Dans le cadre d’un nouvel accord, la France acceptera de reprendre les demandeurs d’asile qui ont traversé le Royaume-Uni et qui ne peuvent pas prouver un lien familial avec le Royaume-Uni. Pour chaque migrant que la France reprend, le Royaume-Uni accordera l’asile à un migrant venant de France et qui peut prouver un lien familial avec le Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni devrait envoyer environ 50 migrants par semaine en France dans le cadre d’un programme pilote.
D’après le journal français, Le Monde, le Royaume-Uni devrait envoyer environ 50 migrants par semaine en France dans le cadre d’un programme pilote. Il semble que le Royaume-Uni ne pourrait renvoyer que 2.600 migrants par an.
D’parès La presse britannique a citant une source gouvernementale, les plans seraient intensifiés si le projet pilote initial réussissait.
Pourquoi cet accord est-il conclu maintenant ?
L’accord a été conclu en raison du nombre croissant de migrants non autorisés arrivant de France au Royaume-Uni. Un an seulement depuis que la victoire du parti travailliste aux dernières élections qui lui a ouvert les portes du 10 Downing Street, la cote de popularité du Premier ministre Keir Starmer a chuté au Royaume-Uni. Et c’est en grande partie à cause de l’échec de l’arrêt de la migration des sans papiers.
Les migrants illégaux qui viennent au Royaume-Uni seront détenus et expulsés. Et si nécessaire, les migrants dans de petits bateaux seront pris en charge et ramenés en France.
Dans le même temps, le soutien au parti britannique d’extrême-droite et anti-migration Reform UK a bondi. Surtout que le manifeste de Reform UK s’engage à réprimer les migrants venant au Royaume-Uni dans de petits bateaux. « Les migrants illégaux qui viennent au Royaume-Uni seront détenus et expulsés. Et si nécessaire, les migrants dans de petits bateaux seront pris en charge et ramenés en France », y lit-on.
Surenchère du parti conservateur
Le Parti conservateur, qui était au pouvoir avant que Starmer ne remporte les élections générales de l’année dernière, s’est engagé à imposer un plafond contraignant pour la migration légale et à expulser les demandeurs d’asile qui arrivent par des moyens irréguliers vers le Rwanda pour un traitement et une éventuelle réinstallation. Les travaillistes ont abandonné ce plan dès qu’ils sont arrivés au pouvoir.
Un récent sondage de YouGov de début Juillet indique que l’immigration et l’asile sont le problème le plus important au Royaume-Uni pour 51 % des Britanniques.
Un récent sondage de YouGov de début Juillet indique que l’immigration et l’asile sont le problème le plus important au Royaume-Uni pour 51 % des Britanniques.
Selon les commentaires des médias britanniques, la rencontre de Starmer avec Macron a également une signification symbolique, car elle permet au Premier ministre britannique de montrer qu’il a été en mesure de maintenir de bonnes relations avec ses principaux partenaires européens depuis qu’il a négocié un accord commercial de « réinitialisation » avec l’UE en mai 2025.
AFP
Le chef de Reform UK, Nigel Farage, se tient devant une camionnette sur laquelle est écrit « Keir Starmer n’arrêtera pas les bateaux » en référence aux traversées de migrants à travers la Manche lors d’un événement de campagne à Blackpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le 20 juin 2024, à l’approche des élections générales britanniques du 4 juillet 2024. (Photo par Oli SCARFF / AFP)
De nombreuses critiques du nouvel accord
Étant donné qu’une moyenne de 700 migrants entrent au Royaume-Uni par de petits bateaux chaque semaine, si le gouvernement britannique renvoie en moyenne 50 personnes en France par semaine, cela équivaudrait à un retour sur 14.
Cet accord signifiera que 94% des migrants illégaux traversant la Manche resteront. C’est pathétique et ne dissuadera personne.
Le ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme des Conservateurs (dans l’opposition), Chris Philp, a déclaré au journal The Times : « Cet accord signifiera que 94% des migrants illégaux traversant la Manche resteront. C’est pathétique et ne dissuadera personne. En revanche, la dissuasion rwandaise aurait vu 100% des migrants illégaux expulsés et cela aurait fonctionné pour dissuader les personnes de traverser la Manche. L’échec de Keir Starmer continue ».
Le plan pourrait potentiellement faire face à une contestation juridique en vertu de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés, qui reconnaît le droit des demandeurs d’asile à demander une protection.
Des responsables français critiquent également l’accord, estimant qu’il ferait de la France un « centre de retour » pour les migrants que le Royaume-Uni refuse d’accepter. « Nous nous mettons entre les mains des Britanniques sans un minimum d’éléments réciproques », a déclaré au Monde un responsable français anonyme impliqué dans les pourparlers.
Le Royaume-Uni n’est pas soumis à la règlementation de Dublin de l’UE, alors que la France l’est. Cela rend peu clair le statut des migrants revenant de Grande-Bretagne vers la France, ce qui suscite l’inquiétude d’autres pays européens, qui sont contrariés par la France pour avoir négocié bilatéralement l’accord sans consulter l’UE.
Alexander Seale (à Londres)
L’article Paris et Londres s’accordent pour maîtriser l’immigration clandestine via la Manche est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST