Renforçons enfin la Défense européenne : priorité à la paix, la diplomatie et la solidarité


Renforçons enfin la Défense européenne : priorité à la paix, la diplomatie et la solidarité
Le ministre de la Défense et du Commerce extérieur Theo Francken (N-VA, à gauche sur la photo), le représentant permanent de la Belgique auprès de l’OTAN Pascal Heyman (au centre) et le Premier ministre Bart De Wever (N-VA, à droite) se prennent en photo lors du sommet des chefs d’État de l’OTAN, le mardi 24 juin 2025, à La Haye, aux Pays-Bas. BELGALe sommet de l’OTAN de ces 24 et 25 juin constituera un moment politique important à l’heure où l’ordre mondial est largement chamboulé avec des conflits de haute intensité en Ukraine évidemment suite à l’invasion militaire russe, mais aussi en Palestine, en République Démocratique du Congo, au Soudan et dans bien d’autres régions du monde (bombardements réciproques entre Israël et l’Iran, etc.). Nous vivons une époque dangereuse où le multilatéralisme est remis en question par de nombreuses capitales.
Pendant des années, les Européens n’ont pas su, ou pas voulu, organiser une véritable Défense européenne. Ce ne sont pourtant pas les tentatives qui ont manqué ces dernières années.
L’Europe doit prendre son destin en main
L’Europe doit prendre d’urgence son destin en main à l’heure où le partenaire américain, sous la présidence de Donald Trump, a largement démontré sa défiance vis-à-vis de notre sécurité mais aussi et surtout des valeurs fondamentales que nous défendons comme le respect du droit international.
Face à ce climat, l’OTAN reprend de la vigueur, et certains de ses membres poussent à un réarmement précipité.
Pourtant, nous constatons que face à ce climat, l’OTAN reprend de la vigueur, et certains de ses membres poussent à un réarmement précipité. Plusieurs États suivent, soit par docilité, soit par intérêt économique, notamment en raison des retombées pour leurs industries de défense. Or, dans de telles circonstances, l’improvisation dictée par la peur est toujours une mauvaise conseillère.
Au contraire, il est temps de réfléchir ensemble, de manière solidaire et responsable. Il ne s’agit pas de dépenser toujours plus, mais de dépenser mieux : en mutualisant les efforts, en activant pleinement nos industries et centres de recherche, en évitant la dispersion et en investissant avec une vision à long terme, fondée sur l’anticipation plutôt que sur la réaction immédiate.
Et la Belgique dans tout cela ?
La Belgique aura-t-elle, comme lors de son refus de participer à la guerre en Irak, le courage de ne pas suivre aveuglément les Etats qui parlent maintenant de consacrer 5% de leur PIB à l’armement ?
Va-t-elle choisir de suivre ou de subir ? Ou bien saura-t-elle se faire respecter à l’instar de l’Espagne, en refusant de mettre en péril son fonctionnement interne, sa politique de solidarité et le bien-être de sa population ?
La Belgique aura-t-elle, comme lors de son refus de participer à la guerre en Irak, le courage de ne pas suivre aveuglément les Etats qui parlent maintenant de consacrer 5% de leur PIB à l’armement ?
La Belgique a toujours été un pays solidaire. Elle a toujours veillé à respecter sa souveraineté, le droit international et les principes du multilatéralisme.
Si, face au contexte géopolitique, une augmentation des moyens en matière de Défense afin d’assurer notre sécurité peut se justifier, nous ne pouvons céder à une telle folie. Une telle augmentation ne peut se faire n’importe comment et à n’importe quel prix par exemple en remettant en cause le pilier que constituent la protection sociale et les services publics dans notre pays.
Cette trajectoire budgétaire supportable, raisonnée et financée doit s’accompagner de conditions strictes notamment en matière de retours sociétaux pour notre économie, d’investissements duaux et de la contribution à un véritable pilier de la Défense européenne au sein de l’OTAN en particulier sur le plan industriel.
Privilégier le réinvestissement humain
La recapitalisation de la Défense ne se limite pas à une seule augmentation des moyens budgétaires exprimée en pourcentage du PIB mais bien à un réinvestissement dans l’humain, dans le soutien des conditions de travail des femmes et des hommes qui la composent et dans les moyens dont ils disposent pour accomplir leurs missions.
Les débats ne peuvent se cantonner à fixer de manière dogmatique des objectifs budgétaires sans se poser la question de comment les financer ou quant à savoir pour quoi faire.
L’heure est à l’avènement d’un véritable pilier européen au sein de l’OTAN et il revient à la Belgique de continuer de pleinement jouer son rôle en la matière comme le permettaient le Plan STAR et la DIRS mis en œuvre par l’ancienne ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS).
La recherche de synergies européennes est donc centrale. L’heure est à l’avènement d’un véritable pilier européen au sein de l’OTAN et il revient à la Belgique de continuer de pleinement jouer son rôle en la matière comme le permettaient le Plan STAR et la DIRS mis en œuvre par l’ancienne ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS). Nous devons pleinement activer les leviers mis en place aujourd’hui par la Commission européenne sans pour autant remettre en cause des politiques de solidarité intra-européenne comme les fonds de cohésion ou procéder à la vente d’actifs stratégiques.
Priorité à la paix, à la diplomatie et à la solidarité.
D’autres pistes de financement innovantes sont possibles comme la saisie des fonds russes gelés.
Enfin, l’ensemble de la stratégie belge et européenne en matière d’autonomie stratégique doit se faire dans le cadre d’une approche globale des conflits en privilégiant toujours la diplomatie et la recherche d’une solution de paix durable.
Plus que jamais, nous devons agir avec lucidité, dans l’intérêt commun, sans céder à la peur ni aux pressions extérieures.
André Flahaut (PS)
Ministre d’Etat
Ancien ministre belge de la Défense
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