Blaise Metreweli est la première femme à diriger le service de renseignement extérieur britannique, MI6
Le Royaume-Uni vient de tourner une page décisive de son histoire du renseignement. Le Gouvernement britannique vient de nommer Blaise Metreweli, directrice du MI6. C’est la première femme à prendre les rênes du très secret Service de renseignement extérieur, aussi connu sous le nom de « C ». Si sa nomination est historique, elle s’inscrit néanmoins dans une longue tradition de femmes de l’ombre ayant marqué le monde de l’espionnage.
Qui est Blaise Metreweli ?
Âgée de 47 ans, Blaise Metreweli est une espionne de carrière. Elle occupait jusqu’à récemment le poste de directrice générale de la technologie et de l’innovation au sein du MI6, un rôle communément associé à « Q », l’alter ego technologique des agents de terrain dans la fiction.
Blaise Metreweli a rejoint le service en 1999 comme agente de liaison, opérant notamment au Moyen-Orient et en Europe.
Elle a rejoint le service en 1999 comme agente de liaison, opérant notamment au Moyen-Orient et en Europe. Polyglotte, elle parle l’arabe et a également travaillé pour le MI5, le service de renseignement intérieur. Diplômée en anthropologie du Pembroke College de l’Université de Cambridge, Blaise Metreweli incarne une nouvelle génération de dirigeantes à la croisée des savoirs, du terrain et de la technologie.
Quel est le rôle du chef du MI6 ?
Dirigeant l’une des agences de renseignement les plus secrètes au monde, le ou la chef du MI6 est le seul membre du service officiellement nommé et placé directement sous l’autorité du ministre britannique des Affaires étrangères, un poste actuellement occupé par David Lammy.
Fondé en 1909, le MI6 est chargé de collecter des renseignements à l’étranger pour défendre les intérêts du Royaume-Uni.
L’agence collabore étroitement avec ses homologues britanniques : le MI5 (sécurité intérieure) et le GCHQ (interception et cybersécurité).
L’agence collabore étroitement avec ses homologues britanniques : le MI5 (sécurité intérieure) et le GCHQ (interception et cybersécurité). Elle participe également à des alliances stratégiques comme le groupe des « Five Eyes » (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, États-Unis).
Des femmes dans l’espionnage, une longue histoire
Si Blaise Metreweli est la première femme à diriger le MI6, elle rejoint une lignée de figures féminines majeures du renseignement britannique.
Stella Rimington devient en 1992 la première directrice générale du MI5, après y avoir travaillé depuis 1969. Elle fut suivie en 2002 par Eliza Manningham-Buller. Aujourd’hui, Anne Keast-Butler est à la tête du GCHQ, après avoir été directrice adjointe du MI5.
Mais les femmes ont œuvré dans l’ombre bien avant que leurs noms n’apparaissent sur les organigrammes officiels.
AFP
ne photo non datée, distribuée par le service de presse du gouvernement britannique et reçue à Londres le 13 juin 2025, montre un portrait de Blaise Metreweli, première femme à diriger le Secret Intelligence Service (MI6). (Photo par BRITISH GOVERNMENT / AFP).
Espionnes de guerre, héroïnes oubliées
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des femmes ont risqué leur vie pour transmettre des renseignements cruciaux. Le Special Operations Executive (SOE), service britannique créé pour soutenir la résistance en Europe occupée, comptait parmi ses agents Noor Inayat Khan, Violette Szabo et Krystyna Skarbek (connue sous le nom de code Christine Granville).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des femmes ont risqué leur vie pour transmettre des renseignements cruciaux.
Inayat Khan, opératrice radio en France, fut arrêtée puis exécutée par la Gestapo. Szabo, parlant couramment le français, fut capturée et assassinée dans un camp de concentration. Skarbek, intrépide espionne polonaise, parvint à s’échapper à deux reprises des griffes de l’armée allemande.
Moins connue du grand public, Melita Norwood, Britannique et communiste convaincue, fut l’une des plus anciennes espionnes au service de l’URSS. Elle transmit des informations sensibles sur le programme nucléaire britannique de la Seconde Guerre mondiale à la Guerre froide. Découverte tardivement, elle est décédée en 2005, à l’âge de 93 ans.
Une exposition inédite du MI5
La nomination de Blaise Metreweli coïncide avec une initiative inédite : « MI5 : Official Secrets », une exposition organisée par les Archives nationales à Kew, au sud-ouest de Londres, qui lève le voile sur 115 ans de secrets du renseignement intérieur britannique.
Préparée pendant plusieurs années par les archivistes du MI5, cette exposition révèle, pour la première fois au grand public, des objets et documents classifiés : un passeport appartenant à l’espion soviétique Guy Burgess, une mallette laissée dans un club londonien juste avant sa fuite à Moscou, ou encore… un citron de 110 ans utilisé comme encre invisible par l’espion allemand Karl Muller, exécuté à la Tour de Londres en 1915.
Préparée pendant plusieurs années par les archivistes du MI5, cette exposition révèle, pour la première fois au grand public, des objets et documents classifiés.
On y découvre aussi la première caméra d’espionnage du MI5, des clés appartenant au Parti communiste britannique, ou encore une bombe artisanale de l’IRA.
Le directeur général du MI5, Sir Ken McCallum, souligne que l’exposition marque « l’engagement croissant du service envers la transparence, partout où cela est possible ». Un virage amorcé dans les années 1990 avec la révélation publique du nom des dirigeants de l’agence et le transfert progressif de ses archives.
L’ombre mise en lumière
« Pendant des décennies, le MI5 opérait dans le plus grand secret. On ne connaissait que sa boîte postale : PO Box 500 », rappelle Mark Dunton, expert aux Archives nationales.
Longtemps, le MI6 a préféré les costumes sombres, les noms de code et les boîtes postales sans visage.
Dans l’imaginaire collectif, l’espionnage a souvent le visage d’un homme en smoking, armé d’un Walther PPK. Le réel vient de réécrire le scénario.
Dans l’imaginaire collectif, l’espionnage a souvent le visage d’un homme en smoking, armé d’un Walther PPK. Le réel vient de réécrire le scénario : derrière le calme apparent de son tailleur, c’est une femme polyglotte, technophile, et discrète qui dirige désormais le MI6.
Aujourd’hui, il a un « C » en jupe crayon et un passé qui s’expose dans les vitrines de Kew.
Et dans ce jeu d’ombres, même un citron centenaire a quelque chose à dire. Car parfois, les secrets les mieux gardés ne dorment pas au fond d’une mallette : ils tiennent les rênes du pouvoir.
Après tout, dans ce métier, mieux vaut être redouté que remarqué.
Alexander Seale (à Londres)
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Source: LPOST