Iran : Un nouveau front s’est ouvert au Moyen-Orient
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. AFP
Dans la nuit de jeudi à vendredi, Israël a lancé des frappes aériennes massives sur l’Iran afin de mettre fin à son programme nucléaire. Il ne s’agit pas, comme ce fut le cas en 2024, d’une opération limitée et essentiellement symbolique, mais d’une opération chirurgicale menée avec des moyens extrêmement importants. Plusieurs installations liées à l’enrichissement de l’uranium ont été totalement ou partiellement détruites, ainsi que des bases militaires et des sites de lancement de missiles. Les opérations se poursuivaient dans l’après-midi de ce vendredi et tout indique que ce sera encore le cas dans les jours à venir. D’autant que Téhéran va, évidemment, riposter. Une escalade est donc possible, si n’est certaine, mais son ampleur dépendra, pour l’essentiel, de la force de la réponse du régime des mollahs. Seule certitude : le paysage politique du Moyen-Orient est à nouveau en train de changer du tout au tout.
Il était deux heures trente du matin à Bruxelles (trois heures trente à Tel Aviv et quatre heures à Téhéran) lorsque la nouvelle est tombée sur les écrans de toutes les rédactions du monde : Israël annonçait procéder à une « frappe préventive » contre l’Iran.
De minute en minute, au rythme des dépêches d’agences, la situation se précisait. Téhéran était frappée, de même que la centrale de Natanz, un rouage essentiel du programme nucléaire iranien, et une demi-douzaine de sites liées à la Défense.
Une attaque qui est tout sauf une surprise
La date et l’heure de l’attaque n’étaient évidemment pas connues, mais on ne peut pas dire que cette offensive israélienne soit une surprise.
Le début du programme nucléaire iranien remonte à 1967 (avec la construction du centre de recherche de Téhéran). Mais le Shah régnait encore et les ambitions atomiques de son royaume était alors purement civiles et pacifiques.
La révolution de 1979, le gelait, mais il était relancé (avec l’aide de la Russie et de la Chine) en 1984, au plus fort de la guerre avec l’Irak et prenait, dès cette époque, une tournure militaire.
En juillet 2004, après d’internes débats internes (ndlr: l’ayatollah Khomeiny était opposé à la fabrication de l’arme nucléaire), les scellés placés sur les centrifugeuses d’uranium de Natanz par l’AIEA étaient brisés et Téhéran annonçait reprendre la construction de nouvelles centrifugeuses, un élément indispensable à la production de plutonium pour amener l’uranium à un degré de pureté de 90% indispensable à un usage militaire mais totalement inutile pour une utilisation civile de l’atome.
Plus de deux cents chasseurs bombardiers et des dizaines de missiles ont déjà frappé l’Iran.
Deux ans plus tard, les premières sanctions de l’ONU liées au programme étaient prises et le 14 juillet 2015, l’Iran et le groupe dit « P5+1 », les cinq membres permanents du conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l’Allemagne) signaient les accords de Vienne. Ceux-ci prévoyaient la levée progressive des sanctions en échange d’un démantèlement des centrifugeuses et un rétablissement des inspections de l’AIEA. Trois ans plus tard, Donald Trump se retirait de ce traité.
Multiples avertissements face à une « menace existentielle »
Depuis, il est devenu évident que Téhéran n’avait jamais arrêté de construire des centrifugeuses et d’enrichir l’uranium. On estime que le pays disposerait aujourd’hui d’un total de 10 000 à 20 000 de ces machines. Par ailleurs, si les dirigeants répétaient à l’envi qu’ils ne se doteraient « jamais » de l’arme nucléaire, ils continuaient à clamer haut et fort leur volonté d’éradiquer l’entité sioniste.
Israël estimait donc être confronté à une menace « existentielle » – la seule en fait à mettre réellement en danger la survie à court terme de l’Etat juif. Depuis, le régime de Mollahs a été prévenu à moulte reprises – par Israël, bien entendu, mais également par les Etats-Unis, par les puissances européennes et par l’ONU – que le monde n’accepterait pas de le voir se doter de la bombe. Mais rien n’y fit : enrichissement et menaces continuèrent.
Une option militaire envisagée depuis…20 ans
La nuit dernière, Israël a donc décidé de passer à l’offensive. Une option qui était sur la table depuis au moins vingt ans. Au début des années 2000, on nous répétait déjà, lors de nos passages à Washington ou à Tel Aviv, que la guerre serait la seule issue si l’Iran arrivait « à quelques mois » de l’obtention de l’arme interdite.
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Source: LPOST