Thimister-Clermont : un projet immobilier majeur de 164 habitations sous la menace des eaux et des critiques


Thimister-Clermont : un projet immobilier majeur de 164 habitations sous la menace des eaux et des critiques
Les inondations de juillet 2021 avaient fait de sérieux dégâts dans la vallée de la Vesdre. bePress Photo Agency / BOURGUETAlors que le conseil communal de Thimister-Clermont doit se prononcer ce lundi soir, 26 mai, sur un premier permis relatif aux voiries d’un ambitieux projet de 164 logements sur le site de l’ancienne cidrerie Ruwet, les critiques citoyennes se multiplient. En cause : la disparition d’une étude de perméabilité réalisée en 2021, l’absence de prise en compte de l’arrêté ministériel wallon de 2023 et une évaluation jugée légère de l’impact sur la mobilité. Le tout dans un contexte de dérèglement climatique où les risques d’inondation restent une préoccupation majeure. « Nous nous posons des questions, alors qu’il y a clairement un manque de considération dans la prise de connaissance de divers documents », déplore Manu Verbrugghen, riverain et membre du groupe citoyen « Créons au quotidien ».
Ce lundi 26 mai 2025, le conseil communal de Thimister-Clermont se prononce sur un premier permis lié aux voiries d’un vaste projet immobilier : 164 logements à construire sur le site désaffecté de l’ancienne cidrerie Ruwet. Une opération de redynamisation urbaine saluée sur le principe, mais dont la méthode suscite de nombreuses critiques.
Le projet est d’autant plus sensible qu’il concerne une commune de seulement 400 habitations. À cette échelle, l’impact en termes d’urbanisation, de mobilité et d’environnement est loin d’être anodin. Et pourtant, plusieurs éléments essentiels semblent avoir été ignorés ou mis de côté dans la procédure d’instruction.
Une étude de perméabilité disparue du dossier
La principale inquiétude concerne la gestion des eaux et le risque d’inondations. En 2021, le bureau FREMEN avait été mandaté pour réaliser 13 tests de perméabilité des sols sur le site. Les résultats étaient clairs : l’infiltration des eaux y est fortement déconseillée. Cette étude a pourtant disparu de la procédure actuelle. Elle n’est citée dans aucun document officiel lié à la demande de permis.
Ce qu’on sait, c’est que cette étude n’est mentionnée nulle part pour le projet alors qu’elle a été faite en 2021.
En 2024, le résumé non-technique de l’étude d’incidences, en page 27, précise même qu’aucune étude de perméabilité n’a encore été réalisée, malgré l’existence du rapport d’analyse du bureau FREMEN, réalisée trois ans plus tôt. Interrogé à ce sujet, Manu Verbrugghen, riverain du site et membre du groupe « Créons au quotidien », déclare : « Nous avons posé la question, mais chacun se renvoyait la balle. Ce qu’on sait, c’est que cette étude n’est mentionnée nulle part pour le projet alors qu’elle a été faite en 2021 ».
Cette omission prend une dimension particulière dans un contexte de dérèglement climatique. Le territoire de Thimister-Clermont fait partie du sous-bassin de la Vesdre, durement touché par les inondations de juillet 2021. Ces événements, encore présents dans la mémoire collective, devraient inciter à la prudence, d’autant qu’une étude récente de l’IRM et de l’Université de Liège prédit une augmentation de la fréquence et de l’intensité des pluies extrêmes d’ici 2100. « Il nous paraît logique qu’il faille considérer à l’heure d’aujourd’hui ce type de données dans les projets futurs ».
Une procédure qui fait l’impasse sur l’arrêté ministériel
En 2023, un arrêté ministériel du Gouvernement wallon a officialisé le périmètre du site à réaménager sous le nom SAR/VE184, dit « Cidrerie Ruwet ». Ce texte, publié au Moniteur belge, impose notamment une campagne de tests de perméabilité et formule des recommandations détaillées en matière de pollution des sols, d’infiltration des eaux, de qualité de l’air, de biodiversité, de nuisances sonores et de prévention des accidents.
Ce projet ne prend pas en compte l’arrêté de 2023 avec ses recommandations climatiques.
Dans le projet de décision relatif au permis de voirie soumis lundi soir au conseil communal, aucune de ces recommandations n’est reprise. Pour Manu Verbrugghen, « ce projet ne prend pas en compte l’arrêté de 2023 avec ses recommandations climatiques ».
Mobilité sous-estimée et garanties absentes
Autre sujet de préoccupation : la mobilité. Le projet affirme que l’impact des 164 nouveaux logements « ne peut être considéré comme notable ». Or, selon les données de Statbel, chaque ménage wallon dispose en moyenne de 1,41 véhicule. L’implantation du projet en plein centre de Thimister entraînerait donc potentiellement l’arrivée de plus de 230 véhicules supplémentaires dans une zone déjà contrainte.
Le projet se trouve en plein centre. C’est 164 habitations avec l’ajout de 200 voitures dans un petit village. Pas grand-chose n’a été pris en considération.
« Le projet se trouve en plein centre. C’est 164 habitations avec l’ajout de 200 voitures dans un petit village. Pas grand-chose n’a été pris en considération », souligne Manu Verbrugghen. L’étude de circulation, réalisée en une seule journée (le 25 mai 2023), suscite un profond scepticisme : « Ils vont réaliser une étude de mobilité, mais après la délivrance des permis de construire. Pour l’instant, ils estiment qu’il n’y aura pas de problèmes, mais ça a été fait en un jour pour arriver à cette conclusion, ce qui nous paraît assez léger comme étude de circulation ».
Enfin, le projet de décision ne prévoit aucune garantie financière exigée du promoteur HJO Real Estate SRL pour la réalisation des voiries, une mesure pourtant courante dans ce type de dossier.
Une concertation citoyenne ignorée
La tension est aussi palpable sur le plan démocratique. Durant l’enquête publique, 149 lettres de réclamation ont été déposées. Les habitants ont participé à plusieurs ateliers de concertation, mais affirment n’avoir reçu aucune réponse, ni de la commune, ni du promoteur.
« Non, elle n’a pas été prise en compte vu nos 149 lettres de réclamations », regrette Manu Verbrugghen. « C’était principalement pour des soucis de mobilité du projet, mais également des soucis environnementaux et climatique. Mais, il y a eu la sourde oreille de la commune ».
Un vote crucial
La séance du conseil communal prévue à 20 h 30 à la maison communale de Thimister-Clermont sera déterminante. Elle marque la première décision officielle dans le cadre de ce projet. Si les élus valident le permis de voirie, le chantier pourrait s’accélérer malgré les zones d’ombre persistantes.
Ils disent qu’il n’y a aucun problème. Cependant, il n’y a ni trace de l’étude de perméabilité, ni de l’arrêté ministériel.
Les citoyens, eux, espèrent encore un sursaut de prudence et de transparence. « On attend de voir pour ce soir (lundi 26 mai, ndlr). C’est la première décision officielle pour le permis des voiries par le promoteur. Ils disent qu’il n’y a aucun problème. Cependant, il n’y a ni trace de l’étude de perméabilité ni de l’arrêté ministériel ».
Méderic Guisse (st)
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Source: LPOST

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