1er mai : dans le bastion socialiste à Charleroi, le MR a sonné la charge contre la gauche
Le MR a rassemblé ses troupes au Grand Palais de Charleroi pour la traditionnelle fête du 1er mai avec le mot travail mêlée à toutes les sauces dans les discours. En mettant le cap cette année sur Charleroi, les libéraux francophones investissent un bastion socialiste avec comme « gest star » l’ancien Premier ministre français, Gabriel Attal. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a étrillé les partis de gauche accusant le PS, le PTB et Ecolo d’instrumentaliser la peur des citoyens. « Notre victoire est leur désespoir. Leur désespoir de voir leur monde s’effondrer. Celui où la misère était un business. Celui où l’assistanat garantissait des résultats électoraux. Celui où ils aimaient tellement les pauvres qu’ils en fabriquaient chaque jour », a-t-il égrené devant une assemblée conquise. Le malaise d’un participant a failli plonger la fête dans le drame, mais visiblement plus de peur que de mal. Le MR a mis en avant les réformes qu’il porte notamment en matière d’enseignement et de marché de l’emploi. Sans oublier la réforme fiscale qui va réduire les cotisations sociales d’un milliard d’euros pour les entreprises. Georges-Louis Bouchez assure que les Belges ont voté en connaissance de cause.
Après l’édition 2024 pour laquelle il a rassemblé les militants et sympathisants du parti sur site des anciens laminoirs de Jemappes dans son fief à Mons pour la fête des travailleurs avec Alexander De Croo en guest star, c’est dans le bastion socialiste de Charleroi que le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a réuni cette fois les siens. Rdv-vous donc jeudi 1er mai au Grand Palais avec cette fois un invité de marque venant de l’Hexagone : l’ancien Premier ministre français, Gabriel Attal.
Triste record de Charleroi
Après un accueil qui a duré plus que prévu, il était environ 11h quand les festivités ont commencé. D’abord par une chorégraphie sur la scène réalisée par un couple de danseurs avec une projection de leurs silhouettes en temps réel sur un écran géant. Ensuite par la projection d’une vidéo dans laquelle on dresse un portrait peu reluisant de la localité, symbolique, d’après les libéraux francophones, du bilan catastrophique de la gestion du PS. On y apprend que Charleroi est « l’une des villes les plus pauvres du pays avec un habitant sur trois sous le seuil de pauvreté ». Cette situation, servie à titre d’exemple, justifie donc, pour les libéraux francophones leur politique de rupture avec la promesse faite de prendre des mesures pour travailler rapporte plus de rester inactif ou d’implémenter une meilleure politique d’activation des chômeurs.
Le maître de cérémonie Qassem Fosseprez prend ensuite la relève pour chauffer la salle, invitant chacune des sections du MR, présentes dans l’assemblée à se faire entendre. Aux premiers rangs, on retrouve les leaders des libéraux francophones, des ministres (Eléonore Simonet, Bernard Quintin, Jacqueline Galant, Mathieu Bihet, etc.) et à d’autres endroits, d’autres personnalités (Marie-Christine Marghem/MCC, Willy Borsus, David Leisterh, etc.).
Qassem Fosseprez (au centre), entouré par David Clarinval (à gauche sur la photo) et Pierre-Yves Jeholet (à droite).
Pas de pause pour les réformes
Les organisateurs avaient prévu environ 1.300 places assisses dans la salle du Grand Palais de Charleroi, mais le décompte final indique plus de 2.000 militants à la fête du 1er mai des libéraux francophones.
Nous avons aussi introduit la clause d’essai dans les contrats de travail pour permettre aux entreprises de donner une chance aux jeunes.
Viennent ensuite des questions posées par vidéo par des adhérents du parti sur différents thèmes, notamment la problématique de l’emploi. Elles ont permis au ministre fédéral de l’Emploi et de l’Economie, David Clarinval, et à son homologue wallon, Pierre-Yves Jeholet de réaffirmer les constats et les réformes du MR pour résorber le chômage. « Il y a 320.000 demandeurs d’emploi de longue durée en Belgique, alors que dans le même temps, on dénombre 175.000 emplois vacants. Cette situation justifie la réforme que nous portons et qui vise à limiter le chômage à 2 ans. Il s’agit d’une réforme structurelle », rappelle David Clarinval, rappelant au passage que cela fait 104 ans qu’il n’y a plus eu de ministre fédéral libéral de l’Emploi, depuis Ernest Mahaim en 1921. Il rappellera également la réforme du travail des jeunes qui va permettre désormais aux étudiants de travailler 650 heures par an « sans être taxés. Cette réforme, portée par les jeunes du MR, est déjà votée. Nous avons doublé le plafond fiscal et on peut maintenant travailler dès l’âge de 15 ans. Nous avons aussi introduit la clause d’essai dans les contrats de travail pour permettre aux entreprises de donner une chance aux jeunes ».
Culture de l’excuse et du clientélisme
De son côté, Pierre-Yves Jeholet invite les détracteurs des réformes libérales « d’arrêter de faire peur aux citoyens. Pour la première fois, le travail va être plus récompensé que l’inactivité. Compter avec le PS et la FGTB pour des allocations sociales à vie, c’est terminé ». Terminé aussi d’après lui, la culture de l’excuse et du clientélisme. C’est l’heure des contrôles, des sanctions et d’un meilleur accompagnement des demandeurs pour garantir leur réinsertion dans le monde du travail. Mais, précise-t-il, « il faudra faire des efforts. Tous les métiers sont difficiles, que ce soit dans l’Horeca ou dans le secteur de la santé ».
Compter avec le PS et la FGTB pour des allocations sociales à vie, c’est terminé.
David Clarinval profite d’une autre question pour rappeler la réforme fiscale prévue qui permettra de réduire les cotisations sociales des entreprises d’un milliard d’euros. Pierre-Yves intervient pour insister sur une autre mesure des libéraux pour motiver les entreprises à intégrer davantage les demandeurs d’emploi porteurs de handicap afin d’atteindre l’objectif des 3% via des aides et des incitants.
Des militants sur la scène pour poser des questions, notamment sur l’enseignement. Crédit: Nathalie Bidoul.
Gabriel Attal régale les militants libéraux
Un gros chapitre est consacré au secteur de l’enseignement avec l’intervention de la députée Stéphanie Cortisse, spécialiste de la question chez les libéraux, de décliner l’introduction du Contrat à durée indéterminée pour le secteur (CDIE) pour garantir la stabilité afin de ne pas décourager ceux qui veulent embrasser la carrière d’enseignant. Elle évoque l’introduction du baromètre du respect des enseignants et n’exclut pas l’idée des assises de l’enseignement suggérée par un participant.
Le travail, c’est le cœur même de notre société. Le travail, c’est ce qui nous permettra de nous en sortir, de produire, de créer de la richesse, d’assurer notre indépendance et notre avenir.
C’st après ces séances de questions-réponses permettant de décliner certaines des réformes portées par le MR que la gest sar du jour entre en scène. L’ancien Premier ministre français rejoint, secrétaire général du parti macroniste Renaissance, rejoint les libéraux sur le thème du jour : le travail. « Le travail, c’est le cœur même de notre société. Le travail, c’est ce qui nous permettra de nous en sortir, de produire, de créer de la richesse, d’assurer notre indépendance et notre avenir. Le travail, c’est la solution pour briser tous les chemins tracés à l’avance, pour terrasser les inégalités de destin », assène avec assurance Gabriel Attal.
La députée communautaire, Stéphanie Cortisse répond aux questions sur l’enseignement. Crédit: Nathalie Bidoul.
Les libéraux francophones boivent les paroles d’un responsable politique français qui tiens le même discours qu’eux et qui fait honneur à une ville wallonne. Même si le discours est de circonstance et préparé, les militants du MR jubilent et sont sous le charme. « Je crois au travail et je le dis d’autant plus fortement ici à Charleroi. Dans cette ville, on sait ce que le mot travail veut dire. Dans cette ville de Charleroi qui a connu les heures de gloire de l’industrie. Cette ville de Charleroi qui n’a pas oublié ses mineurs tombés au bois du Cazier, cette ville qui a connu l’angoisse de la désindustrialisation. Et aujourd’hui, cette ville qui regarde devant, cette ville où l’industrie renaît, l’innovation avance et l’avenir s’écrit. A Charleroi, on connaît le sens du mot travail et on veut le remettre à sa juste place, c’est-à-dire tout en haut des priorités, au sommet de tout. En ce 1er mai, nous célébrons le travail, nous célébrons le goût de l’effort, la volonté d’offrir un travail de qualité à tous. Nous célébrons les travailleurs, les travailleurs qui sont au centre de tout et que nous ne devons jamais oublier ; ces travailleurs, ces femmes et ces hommes de la classe moyenne qui sont le ciment de notre société », poursuit-il sous les applaudissements.
La gauche est la fabrique de l’assistanat
Après son discours d’une vingtaine de minutes vient le tour du président du MR. Il est un peu de plus de 12h. Il commence doucement et fait allusion au récent évènement où il a été éclaboussé de bière lors d’un déplacement à Gembloux. « Qu’est-ce que ça fait du bien de vous retrouver, parce qu’ici, on voit des gens heureux, des gens souriants et les bières restent dans les verres… », lance Georges-Louis Bouchez. Il déclenche le sourire de l’assemblée.
D’autres aujourd’hui instrumentalisent des peurs. Ils le font pour une raison simple, Raoul, Paul, Thierry, ou Jean Pascal. Car notre victoire est leur désespoir. Leur désespoir de voir leur monde s’effondrer. Celui où ils aimaient tellement les pauvres qu’ils en fabriquaient chaque jour.
Très vite, il charge la gauche. « Mesdames et Messieurs, ne vous trompez pas. D’autres aujourd’hui instrumentalisent des peurs. Ils le font pour une raison simple, Raoul (Hedebouw, président du PTB, ndlr), Paul (Magnette, président du PS, ndlr), Thierry (Bodson, président de la FGTB, ndlr) ou Jean Pascal (Labille, patron des mutualités socialistes, Solidaris, ndlr). Car notre victoire est leur désespoir. Leur désespoir de voir leur monde s’effondrer. Celui où la misère était un business. Celui où l’assistanat garantissait des résultats électoraux. Celui où ils aimaient tellement les pauvres qu’ils en fabriquaient chaque jour. Ce monde, nous comptons bien tirer un trait dessus », martèle le président du MR, sous les applaudissements nourris des militants.
Georges-Louis Bouchez et Gabriel Attal juste après le congrès du 1er mai du MR à Charleroi. D.R.
La gauche francophone dépasse Mélenchon
Georges-Louis Bouchez ironise sur la position de la gauche qui veut donner des leçons de gestion au libéraux francophones et qui jouent sur la peur des citoyens en soutenant que la droite s’apprête à leur faire les poches.
A Charleroi, vous n’échappez pas à l’impôt, même mort !
« Quel culot de venir nous donner des leçons de gestion quand vous voyez leur bilan. Aujourd’hui, ils nous expliquent que c’est une grande misère sociale qui se profile. Est-ce que vous avez vu les statistiques de la Wallonie et en particulier de Charleroi, ville dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, et je le précise tout de suite, ville pour laquelle j’ai un amour particulier, la ville dans laquelle mon fils est né ? Cette ville qui est la première de Wallonie, qui devrait être le moteur de notre pays, est confrontée à un taux d’emploi dramatiquement bas. Une personne sur 2 en âge de travailler ne travaille pas et le niveau de pauvreté est très élevé. A Charleroi, vous n’échappez pas à l’impôt, même mort ! », dit-il. Les militants applaudissent.
Il renvoie dos à dos l’extrême droite et l’extrême gauche. « Je n’ai pas envie de parler de cette gauche qui, quotidiennement, nous explique qu’il y aurait un péril d’extrême-droite. Que tous ceux qui ne pensent pas comme eux seraient fascistes. Alors qu’on me comprenne bien, l’extrême-droite est un danger mortel pour nos démocraties, un danger mortel pour notre bien-être, un danger mortel pour notre vivre-ensemble. Mais aujourd’hui, force est de constater que c’est la gauche qui détient le monopole de la violence politique. Ce sont aujourd’hui des militants d’extrême-gauche qui s’en prennent à des représentants du centre et de la droite en raison de désaccords. Ce sont des militants de gauche qui empêchent des débats. Ce sont des militants de gauche qui dégradent nos bâtiments. Ce sont des militants de gauche qui nous menacent quotidiennement sur les réseaux. Alors je veux l’affirmer avec force devant vous, no pasaran pour l’extrême-droite, nos pasaran pour l’extrême-gauche », lance Georges-Louis Bouchez. Nouvelle salve d’applaudissements dans la salle.
Il revient sur la limitation du chômage à 2 ans et fustige l’attitude la gauche. « Certains ont fait croire que le chômage à vie pouvait être une perspective. Certains défendent encore aujourd’hui un modèle de société que même Jean-Luc Mélenchon en France n’ose pas défendre », poursuit-il.
A l’avant plan de la photo, les ministres Eléonore Simonet (fédérale) et Jacqueline Galant (Région wallonne). Crédit: Nathalie Bidoul.
Les Belges ont voté en connaissance de cause
Le président des libéraux francophones soutient que si les électeurs ont voté pour le MR, c’est bien en connaissance de cause. Car les réformes que les libéraux concrétisent aujourd’hui étaient connues de tous. « Il n’y a aucune réforme contenue dans les accords de gouvernement que je n’ai pas défendue ces 5 dernières années. Que ça soit la limitation du chômage dans le temps, le droit à la démission, la lutte contre les faux certificats de maladie, un renforcement des règles migratoires, une justice plus stricte » précise Georges-Louis Bouchez.
Il n’y a aucune réforme contenue dans les accords de gouvernement que je n’ai pas défendue ces 5 dernières années.
£Il tente de rassurer en affirmant que son parti tient à la solidarité et traquera toutes fraudes, tant fiscales que sociales. « Oui, dans notre pays, il y a des certificats de complaisance, il y a des gens qui aujourd’hui bénéficient de la solidarité alors qu’ils ne sont pas malades. Oui, aujourd’hui, notre système social a généré le fait que certaines personnes préfèrent ne pas travailler que travailler. Oui, aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, il y a des mutuelles et des syndicats qui ont fait de la précarité sociale un business. Nous allons mettre un terme à ces mécanismes. Les gens honnêtes n’ont rien à craindre. Mais ceux qui trichent seront sur notre chemin. J’ai un message à leur faire passer : le Mister Cash est fermé », dit-il.
Après avoir évoqué d’autres thèmes dans son discours, notamment les défis et les réformes en Wallonie, le blocage politique à Bruxelles, etc., il conclut son intervention, clôturant en même temps le congrès avant d’être happé pour les interviews et les selfies. Et de sonner l’heure du barbecue…
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Source: LPOST
