Ridouane Chahid (PS) : « le MR de Georges-Louis Bouchez ternit l’image de Bruxelles et met la capitale en danger face à la N-VA »


Ridouane Chahid (PS) : « le MR de Georges-Louis Bouchez ternit l’image de Bruxelles et met la capitale en danger face à la N-VA »
Le député fédéral et président du conseil communal d’Evere critique sévèrement l’attitude du MR et accuse les libéraux francophones de Bruxelles d’être le bras armé de la N-VA pour mettre la capitale sous tutelle. Il rejette toute ambition cachée des socialistes bruxellois de former une majorité régionale de gauche. Soutien du président du PS, Ahmed Laaouej, Ridouane Chahid va plus loin et accuse le MR d’être le cheval de Troie du parti nationaliste flamand pour démanteler la Belgique. Découvrez la première partie du grand entretien qu’il a accordé à L-Post.
Depuis les élections fédérales et régionales du 9 juin 2024, Bruxelles est aujourd’hui la seule Région qui n’a pas encore de Gouvernement de plein exercice au grand dam de tous les acteurs (économiques, politiques, associatifs, etc.). Le blocage est attribué au PS. Que répondez-vous à ce constat ?
Je dis simplement que c’est de la mauvaise foi. Tout le monde sait que la tradition veut que le parti arrivé en tête à l’issue des élections soit celui qui prenne les choses en main et mette en place les conditions devant amener les différentes formations politiques à négocier pour former un gouvernement. Aujourd’hui, on voit que le MR est incapable d’y arriver et ce, pour une raison qui est simple : ces dirigeants, avec à leur tête leur président, Georges-Louis Bouchez, ont annoncé depuis le début que leur parti frère aujourd’hui, c’est la N-VA, ils sont scotchés à la N-VA et veulent imposer ce parti nationaliste à Bruxelles alors qu’il y a perdu les élections.
C’est-à-dire…
Les Bruxelloises et les Bruxellois ont répondu deux fois à la N-VA. La première fois, c’était le 9 juin lors des élections législatives à l’issue desquelles le parti frère du MR a perdu un siège au Parlement régional. La seconde fois, c’est en octobre dernier où là la N-VA a perdu tous ses conseillers communaux dans les différentes communes de Bruxelles. C’est une réponse politique et démocratique. Mais le MR ne veut pas le comprendre. Aujourd’hui, il est possible d’avoir une majorité. Il est possible de mettre autour d’une table 7 formations politiques pour avancer et former rapidement un Gouvernement afin de répondre aux attentes des Bruxellois, un gouvernement qui apporte des réponses en matière de budget, en matière d’emploi ou encore qui donne des réponses aux associations.
Malheureusement, la seule chose qui motive le MR et son président (Georges-Louis Bouchez, ndlr), c’est la haine que dernier a vis-à-vis du PS et sa volonté unique de vouloir mettre le PS dans l’opposition.
Dès demain, si le MR a la volonté d’avancer dans cette voie, à savoir celle suggérée par les informateurs, Elke Van den Brandt (Groen) et Christophe De Beukelaer (Les Engagés), et qui rassemble 7 formations politiques, le PS bruxellois est prêt à le suivre pour former un gouvernement régional. Malheureusement, la seule chose qui motive le MR et son président (Georges-Louis Bouchez, ndlr), c’est la haine que dernier a vis-à-vis du PS et sa volonté unique de vouloir mettre le PS dans l’opposition. S’il pense y arriver de cette façon, je lui souhaite bon vent.

bePress Photo Agency / BOURGUET
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est accusé par les socialistes bruxellois de ternor l’image de Bruxelles. (Photo Philippe BOURGUET / bePress Photo Agency/bppa).
A vous entendre, c’est le MR qui est donc à l’origine du blocage ?
À un moment donné, il faut mettre les cartes sur table et que les choses soient dites. Ça fait plus de 35 ans que la Région bruxelloise existe et c’est la deuxième fois que le MR devient le premier parti sorti des urnes, c’est la deuxième fois que ce parti ternit l’image de Bruxelles. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. En 1999, ils nous ont mis 4 ministres présidents et le dernier, à savoir Daniel Ducarme, a été obligé de démissionner pour des problèmes fiscaux.
Sur quoi vous basez-vous pour dire que le MR ternit l’image de Bruxelles ?
Eh bien, quand on n’arrive pas à former un gouvernement, quand on n’arrive pas à un moment donné à positionner Bruxelles, la capitale de ce pays, au centre de toutes les préoccupations des Belges d’ailleurs, parce que Bruxelles, tout le monde y passe, il y a les Bruxelloises et les Bruxellois qui y vivent, mais il y a aussi des Wallons et des Flamands qui viennent y travailler. Il y a des millions de touristes qui la visitent chaque année.
Quand on est la première formation politique à Bruxelles, il faut pouvoir mettre de l’eau dans son vin et faire des concessions.
Donc Bruxelles c’est le rayonnement national et international. Et quand nous sommes aujourd’hui face à une formation politique, arrivée en tête aux élections, mais qui n’arrive pas à mettre de l’eau dans son vin et à comprendre qu’en tant que première formation politique, il faut pouvoir faire des concessions, elle fait du tort à la région. Le MR est soumis à la N-VA. Cette soumission est en train de mettre en danger le statut de Bruxelles. Ce qui est un rêve pour les nationalistes flamands : toucher à un symbole comme celui de notre capitale. Aujourd’hui le MR est en train de réaliser le rêve des séparatistes, à savoir mettre fin petit à petit à la Belgique.
Pourquoi cette opposition viscérale à la N-VA dans le chef du PS bruxellois ?
D’abord, entre une formation politique qui pèse aujourd’hui 17 sièges, à savoir la nôtre aujourd’hui, et 2 sièges pour la N-VA, je pense que le choix est vite fait. Il faut à un moment donné que tout le monde comprenne que Le PS ne montera pas avec la N-VA au gouvernement bruxellois. De plus, ça fait quelques années que nous avons adopté cette position et elle n’a pas changé. Je rappelle que la fédération bruxelloise du PS déjà exprimée contre une discussion avec la N-VA en 2020 alors qu’au fédéral, Il y a eu les premières tentatives, nous nous étions exprimés tant en interne du PS qu’en externe pour dire que nous ne voulions pas avoir une discussion gouvernementale avec un parti nationaliste et séparatiste.
Entre une formation politique qui pèse aujourd’hui 17 sièges, à savoir la nôtre aujourd’hui, et 2 sièges pour la N-VA, je pense que le choix est vite fait.
Donc, notre opposition à la N-VA ne date pas d’hier. Certains font semblant de la découvrir, mais cela ne veut pas dire qu’elle est neuve. La N-VA n’a jamais considéré Bruxelles. Je vous rappelle les propos de Théo Francken (ministre fédéral de la Défense et du Commerce extérieur, N-VA) contre la capitale et ses déboires nocturnes dans les rues de la capitale. Il y a quelques mois, il s’était encore exprimé en affirmant que les Bruxellois étaient incapables de voter eux-mêmes leurs représentants démocratiques, etc.

BELGA
Ridouane Chahid est un des lieutenants du présudent du PS bruxellois, Ahmed Laaouej (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).
On vous soupçonne de vouloir tout faire, en vous opposant la N-VA, de vouloir tout faire pour mettre en place un gouvernement de gauche…
Ce sont des supputations qui ne veulent rien dire. En août dernier, le PS bruxellois a donné son accord aux Engagés et au MR sur base d’une feuille de route. Le bureau du PS bruxellois s’est mis d’accord avec ces deux formations politiques, nous avons négocié avec elles pour fixer un cadre sur un accord socio-économique. Notre bureau politique s’est exprimé favorablement en ce sens-là et jusqu’à novembre dernier, il y avait une majorité francophone pour mettre en place un gouvernement dans la capitale. Notre choix n’a jamais été favorable à un gouvernement avec la N-VA.
Ceux qui disent que nous avons un objectif caché qui est de mettre en place un gouvernement de gauche sont dans le déni de la volonté du PS, affichée depuis des mois, de vouloir avancer et d’être constructif.
Il est donc inutile de venir avec un attelage dans lequel on voit la N-VA participer à un Gouvernement bruxellois de quelque manière que ce soit. Ceux qui disent que nous avons un objectif caché qui est de mettre en place un gouvernement de gauche sont dans le déni de la volonté du PS, affichée depuis des mois, de vouloir avancer et d’être constructif. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a aujourd’hui une volonté de Georges-Louis Bouchez de vouloir faire plaisir à Bart De Wever (Premier ministre et ancien président de la N-VA) pour des raisons qui sont stratégiques et qui sont liées au Gouvernement fédéral. Ce n’est pas le problème des Bruxellois. Ils ne doivent pas payer les conséquences d’un accord Arizona (Gouvernement fédéral, ndlr).
On voit maintenant que le MR fait le forcing et veut former un gouvernement à quoi qu’il arrive. Le PS bruxellois est-il prêt à aller dans l’opposition ?
Pour Bruxelles et les Bruxelloises, le PS est prêt à tout. Nous ne tirons pas des plans sur la comète et nous ne ferons pas passer l’intérêt du parti avant celui des Bruxelloises et des Bruxellois. L’intérêt de la population bruxelloise est primordial et capital. Nous avons donné notre parole pour que le poste de ministre-Président revienne naturellement à David Leisterh (chef de file du MR à Bruxelles, ndlr) dans la mesure où le MR est devenu la première formation politique à Bruxelles. Malgré tout ça, si Georges-Louis Bouchez estime que dans une région majoritairement francophone, le Gouvernement bruxellois doit être minoritairement francophone et majoritairement néerlandophone, c’est un choix qu’il va devoir assumer. Il devra rendre des comptes aux Bruxellois le moment venu.
Nous ne tirons pas des plans sur la comète et nous ne ferons pas passer l’intérêt du parti avant celui des Bruxelloises et des Bruxellois.
En attendant, nous allons avancer au Parlement bruxellois, de manière concrète et nous le faisons déjà. Nous avons déposé un texte avec d’autres formations politiques sur la régulation des loyers abusifs pour que ça ne soit plus le cas, une majorité de gauche s’est dégagée au Parlement. Nous allons avancer petit à petit. Mais tant qu’il n’y aura pas une majorité de gouvernement, nous ne laisserons pas le Parlement être pris en otage par celles et ceux qui ont des petits jeux partisans avec la N-VA. Pour le reste, ce sont des accusations gratuites pour nous discréditer pour masquer l’échec de la famille libérale.

BELGA
Pour Ridouane Chahid, le projet de fusion des zones de police bruxelloises présenté par le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR, photo) va déforcer les petites communes bruxelloises au profit des grandes. (BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE).
Un autre sujet brûlant est sur la table : la fusion des zones de police. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin a même déposé un projet sur la table. Qu’en pensez-vous ?
La fusion des zones de police est un cadeau institutionnel qui ne répond à aucune demande opérationnelle. Ces dernières semaines, ces derniers mois, on a vu des policiers s’exprimer sur le sujet, on a vu des acteurs du monde judiciaire donner leur avis aussi. On a vu évidemment entendu les bourgmestres expliquer en quoi ça ne répondait en rien aux enjeux de sécurité à Bruxelles. Et qu’est-ce qu’on voit ? Un ministre MR qui fait fi de tous ces éléments et qui vient avec un projet de fusion des zones de police. Je pense qu’il veut masquer son échec budgétaire en forçant la fusion des zones de police bruxelloises.
Vous ne croyez donc pas à ce projet de fusion des zones de police ?
Fusionner les zones de police avec le même nombre d’effectifs qu’il y a aujourd’hui, ce n’est rien d’autre qu’un nouveau bidule institutionnel que le ministre Quintin va mettre en place avec, dans un seul collège de police, notamment 19 bourgmestres. Ce faisant, il apporte une petite réponse institutionnelle à la question de l’insécurité, mais au niveau opérationnel, il n’apportera aucune réponse. Il va plutôt créez un problème supplémentaire. Car que va-t-il se passer ensuite ? Primo, il va atténuez la possibilité d’avoir une police de proximité plus efficace. Secundo, demain, il va renforcez certaines communes qui ont, à des moments spécifiques, des problèmes, que ce soit des problèmes liés à des trafics de drogue, à des émeutes, à manifestations.
Le projet du ministre Quintin va déforcer les petites communes de Bruxelles qui vont se retrouver en déficit de policiers lorsqu’elles en auront besoin.
Dans le même temps, le projet du ministre va déforcer les petites communes de Bruxelles qui vont se retrouver en déficit de policiers lorsqu’elles en auront besoin. Et on va, à ce moment-là, petit à petit, voir des commissariats de quartier qui vont fermer parce qu’il n’y aura plus d’utilité d’avoir un commissariat de quartier à Uccle ou à Etterbeek, Woluwe-Saint-Pierre parce que ça coûte de l’argent. On arrivera à une situation où on aura une sécurité moindre avec des policiers moins présents sur le terrain. Les choix vont être inévitablement de diminuer la présence policière dans certaines communes au profit d’autres et donc indéniablement, vous allez commencer par créer des petites zones de non-droit, des endroits où la police n’aura pas eu le temps d’aller parce qu’elle n’aura pas de renfort. Et indirectement, on débouchera sur d’autres problèmes…
Lesquels ?
Vous allez avoir le bien-être du personnel notamment des agents de police qui va être affecté puisqu’ils vont avoir des charges supplémentaires et il n’y aura pas pour autant des moyens pour les soutenir. Donc en soi, la fusion des zones de police, c’est un cadeau institutionnel, mais ça n’apporte aucune réponse opérationnelle.
Un cadeau institutionnel à qui ?
Ce sera institutionnel que le MR fera principalement aux partis néerlandophones qui l’exige depuis 30 ans. Comment un parti francophone comme le MR peut-il trahir les Bruxelloises et les Bruxellois en acceptant la fusion des zones de police à Bruxelles, en ne le faisant pas par exemple, dans le brabant flamand ou vous avez, pour le même nombre d’habitants qu’à Bruxelles, 27 zones de police ? Si on veut vraiment parler d’équité, ce n’est pas le bon sujet. La vraie raison, c’est la volonté de la N-VA de prendre la main et d’avoir un contrôle sur la sécurité à Bruxelles et pour cela, ils ont trouvé le bras armé qui est le MR, devenu l’exécutant de la N-VA sur des questions institutionnelles et met en danger de Bruxelles.
Entretien: Philippe Lawson
 
L’article Ridouane Chahid (PS) : « le MR de Georges-Louis Bouchez ternit l’image de Bruxelles et met la capitale en danger face à la N-VA » est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST

Check Also

L’habitat durable en Belgique : quand l’architecture fait équipe avec la nature

L’habitat durable en Belgique : quand l’architecture fait équipe avec la nature Le changement …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.