Royaume-Uni : le nouveau visa électronique imposé aux Européens est passé à 19 euros
Depuis mercredi 9 avril, il faudra désormais débourser 19 euros pour avoir l’autorisation électronique de voyage pour se rendre au Royaume-Uni. BELGADepuis mercredi 2 avril 2025, tous les citoyens européens, y compris les bébés et les mineurs, devront obtenir une Autorisation électronique de voyage (ETA) pour entrer au Royaume-Uni, sauf s’ils possèdent un visa, un statut de résident permanent (settled status) ou temporaire (pre-settled status). Une tolérance de quelques mois est prévue jusqu’en octobre 2025. Cette nouvelle mesure s’applique donc à l’ensemble des voyageurs. L’ETA, dont le coût initial est fixé à 10 £ (12 euros), est valable 2 ans (ou jusqu’à l’expiration du passeport s’il expire en premier) et permet de faire plusieurs séjours de courte durée (durée maximale de 6 mois par visite). Cependant, depuis le 9 avril, son prix est passé à 16 £ (19 euros). La demande pourra être effectuée en ligne sur le site du gouvernement britannique ou via une application dédiée.
Qu’est-ce que l’ETA ?
L’ETA (Electronic Travel Authorization) est un dispositif électronique permettant aux autorités britanniques de contrôler l’entrée des voyageurs sur leur territoire, sous réserve de certaines conditions. Son fonctionnement est similaire à celui de l’ESTA pour les Etats-Unis. Destinée aux séjours de courte durée (tourisme, affaires), l’ETA s’obtient après une demande en ligne et le paiement des frais requis. Une fois approuvée, elle est liée électroniquement au passeport du voyageur, lui permettant ainsi d’entrer sur le territoire britannique.
Le Gouvernement britannique justifie cette mesure par la nécessité de « sécuriser les frontières » et de « numériser le système d’immigration ». L’ETA a été introduite progressivement depuis 2023, d’abord pour les citoyens du Qatar, puis étendue aux autres pays du Golfe. En revanche, les ressortissants de nombreux pays asiatiques et africains, comme l’Inde, l’Afghanistan, le Cameroun ou l’Egypte, restent soumis au traditionnel système de visa.
Tolérance jusqu’en octobre 2025
Les ressortissants d’une trentaine de pays européens, dont tous les membres de l’Union européenne à l’exception de l’Irlande, devront désormais se conformer à cette obligation. L’ETA est obligatoire depuis le 2 avril 2025. Cette mesure découle directement du Brexit, qui a mis fin à la libre circulation des personnes entre l’UE et le Royaume-Uni en 2020.
Selon les autorités britanniques, l’objectif principal de l’ETA est de renforcer la sécurité aux frontières, en s’inspirant du modèle américain.
Selon les autorités britanniques, l’objectif principal de l’ETA est de renforcer la sécurité aux frontières, en s’inspirant du modèle américain. Une période transitoire avec une certaine tolérance est prévue jusqu’en septembre ou octobre 2025. Passé ce délai, aucun voyageur ne pourra embarquer pour le Royaume-Uni sans cette autorisation électronique.
Vers un système similaire en Europe
L’Union européenne prévoit de mettre en place un dispositif équivalent, baptisé ETIAS (European Travel Information and Authorisation System). Cette autorisation concernera les voyageurs souhaitant entrer dans 30 pays européens et devrait entrer en vigueur en 2026. Un premier déploiement a eu lieu en janvier 2025 pour les ressortissants d’une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Australie.
Une hausse du tarif controversée
Le Gouvernement britannique a confirmé une augmentation du coût de l’ETA. Initialement fixé à 10 £ (12 euros), son tarif est passé à 16 £ (19 euros) depuis le 9 avril, soit une hausse de 60 %. Cette décision a suscité de nombreuses réactions, notamment dans le secteur du tourisme.
L’aéroport londonien d’Heathrow a déjà dénoncé ce dispositif, qu’il juge « dévastateur pour la compétitivité » du Royaume-Uni. Selon ses responsables, l’introduction de l’ETA a entraîné une baisse significative du nombre de passagers en provenance des pays du Golfe, une clientèle historiquement importante.
En Irlande du Nord, les inquiétudes se multiplient également. Le Gouvernement local plaide pour une exemption de l’ETA dans cette province britannique, où le tourisme dépend fortement des visiteurs en provenance d’Irlande. Environ 70% des touristes séjournant en Irlande du Nord arrivent de la République d’Irlande, pays membre de l’UE qui n’exige pas d’ETA. Jusqu’ici, ces visiteurs pouvaient passer librement d’un territoire à l’autre, une facilité désormais remise en cause.
Qu’en pensent les professionnels et les voyageurs ?
David, guide accompagnateur de voyages à Londres pour un grand tour opérateur francophone, a pris les devants. « J’ai réalisé et posté sur ce groupe un tutoriel pour obtenir l’ETA via l’application. J’indique les étapes pas à pas, traduites en français, car malheureusement l’application n’est qu’en anglais. Ce tutoriel sera également envoyé aux clients du tour opérateur pour lequel je travaille afin de les aider dans leurs démarches. Vu le nombre de retours positifs, cela semble être une aide précieuse ».
J’indique les étapes pas à pas, traduites en français, car malheureusement l’application n’est qu’en anglais.
Pour Hafsa, organisatrice de voyages à Bruxelles, l’ETA représente un nouveau défi logistique. « C’est encore un poids à gérer. Je suis obligée de rencontrer toutes les personnes qui voyagent avec moi pour leur montrer comment faire. Financièrement, Londres n’était pas une destination chère, mais avec cette augmentation, cela devient coûteux. En quelques semaines, le prix est passé de 12 euros à 19 euros. Beaucoup de Bruxellois aiment partir à Londres pour un week-end ou les fêtes de Noël, mais franchement, ça devient cher. Moi-même, je voyage cinq fois par an à Londres, et ça commence à peser ».
Sébastien, quant à lui, évoque une procédure plus complexe qu’il ne l’imaginait. : « Ça m’a pris du temps, car l’application semblait saturée, alors j’ai fait ma demande depuis le site web. Pas mal d’informations sont demandées, y compris une copie des pièces d’identité. Cela peut sembler fastidieux juste pour aller en Grande-Bretagne, surtout que je n’y vais souvent que pour une journée. Mais c’est le jeu… L’avantage, c’est qu’une fois obtenu, l’ETA est valable plusieurs mois ».
L’avantage, c’est qu’une fois obtenu, l’ETA est valable plusieurs mois.
Entre nécessité sécuritaire et contraintes administratives, l’ETA redessine les contours du voyage au Royaume-Uni. Une porte entrouverte, mais sous surveillance. Cette nouvelle étape de la politique migratoire britannique marque-t-elle un simple ajustement post-Brexit ou le début d’une ère de restrictions durables ? L’avenir nous le dira.
Alexander Seale (à Londres)
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Source: LPOST
