Moyen-Orient : fortes tensions entre Israël et le Hamas autour de la deuxième phase des négociations


Moyen-Orient : fortes tensions entre Israël et le Hamas autour de la deuxième phase des négociations
Alors que la première phase du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas s’est achevée ce samedi 1er mars, la « deuxième phase » peine à se mettre en route. En cause de profondes divergences entre Jérusalem et l’organisation terroriste. Cette deuxième phase, il faut le souligner est la plus délicate de l’ensemble du processus devant aboutir à une paix durable : c’est maintenant que doivent être discutés l’avenir de la bande de Gaza et, en particulier, sa gouvernance. Et sur ce point en particulier, les positions des belligérants sont totalement incompatibles.
La première phase de l’accord de trêve négocié par l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis a expiré samedi 1er mars. Cet accord en trois phases distinctes avait mis fin à 15 mois de combats entre le Hamas et l’armée israélienne, permettant la libération de 33 otages israéliens vivant et la remise d’une quinzaine de corps en échange d’environ 1 900 prisonniers et détenus palestiniens.
Le plan de cessez-le-feu négocié au niveau international, initialement proposé par Joe Biden, prévoyait trois étapes.
Le plan de cessez-le-feu négocié au niveau international, initialement proposé par Joe Biden, prévoyait trois étapes. Les négociations sur la deuxième phase, censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, à la libération de tous les otages encore en vie et au retrait des forces israéliennes de Gaza, devaient commencer il y a plusieurs semaines, mais elles ont à peine démarré. La troisième phase devrait aboutir à la restitution de tous les corps des otages décédés et à la reconstruction de Gaza, ce qui devrait prendre des années.
Washington propose de prolonger la première phase
Devant les difficultés soulevées par le démarrage de la deuxième phase, l’administration américaine a proposé, par le biais de l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, de prolonger le cessez-le-feu d’environ six semaines pendant le mois du Ramadan (sacré pour les musulmans, il a débuté samedi) et la période de la Pâque juive.
Israël affirme que l’envoyé spécial de Donald Trump a proposé la prolongation temporaire après s’être convaincu que plus de temps était nécessaire pour tenter de surmonter les divergences entre Israël et le Hamas.
Steve Witkoff n’a pas rendu sa proposition publique mais, selon les sources israéliennes, la prolongation de la première phase commencerait par la libération de la moitié de tous les otages restants, vivants ou morts. Israël affirme que l’envoyé spécial de Donald Trump a proposé la prolongation temporaire après s’être convaincu que plus de temps était nécessaire pour tenter de surmonter les divergences entre Israël et le Hamas sur les conditions de la fin de la guerre.

AFP
Des gens se rassemblent près des décombres de bâtiments détruits pour un repas de rupture du jeûne de l’iftar le deuxième jour du mois sacré musulman du Ramadan dans la région d’al-Dahduh dans le district de Tal al-Hawa de la ville de Gaza, le 2 mars 2025, au milieu de la trêve en cours dans la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo par Omar AL-QATTAA / AFP).
Israël menace de reprendre la guerre
Le Hamas a déjà déclaré qu’il n’accepterait aucune prolongation de la phase 1 sans garanties de la part des médiateurs que la phase 2 aurait finalement lieu. Israël, en revanche, a accepté la proposition américaine, mais non sans préciser que, si, à la fin de cette période, les négociations aboutissaient à une impasse, Israël se réserverait le droit de reprendre la guerre.
Israël n’autorisera pas de cessez-le-feu sans la libération de nos otages. Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d’autres conséquences.
Les tensions se sont encore aggravées dimanche matin, 2 mars, avec un communiqué du bureau du Benyamin Netanyahu. « Avec la fin de la phase 1 de l’accord sur les otages, et à la lumière du refus du Hamas d’accepter le plan de Witkoff pour la poursuite des pourparlers (auquel Israël a consenti), le Premier ministre Netanyahu a décidé qu’à partir de ce matin, toute entrée de marchandises et de fournitures dans la bande de Gaza cessera. Israël n’autorisera pas de cessez-le-feu sans la libération de nos otages. Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d’autres conséquences », indique le bureau du Premier ministre.
On estime à 24 le nombre d’otages encore en vie, et à 39 le nombre de morts présumés.
Réaction courroucée du Hamas
La réaction du Hamas est venue par la voix d’un de ses porte-paroles. « La décision de Netanyahu d’interrompre l’acheminement de l’aide à Gaza montre une fois de plus le visage hideux de l’occupation israélienne… La communauté internationale doit faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il cesse d’affamer notre peuple », a rétorqué le porte-parole.
La décision de Netanyahu d’interrompre l’acheminement de l’aide à Gaza montre une fois de plus le visage hideux de l’occupation israélienne.
Les organismes d’aide ont confirmé qu’aucun camion d’aide n’avait été autorisé à entrer dans Gaza dimanche matin. « L’aide humanitaire doit continuer à affluer à Gaza. C’est essentiel. Et nous appelons toutes les parties à s’assurer qu’elles parviennent à une solution », a déclaré le Belge Antoine Renard, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM). Des milliers de camions entraient dans la bande de Gaza chaque semaine depuis l’accord de cessez-le-feu à la mi-janvier.
On notera toutefois que les organismes d’aide ont réussi à stocker des fournitures, ce qui signifie que la décision israélienne annoncée dimanche matin ne représente aucun danger dans l’immédiat pour la population civile.

AFP
Des manifestants anti-gouvernementaux manifestent devant le siège du ministère israélien de la Défense à Tel Aviv, le 1er mars 2025. Ils demandent une action pour libérer les otages restants détenus en captivité à Gaza depuis les attaques du 7 octobre 2023 par le Hamas.  (Photo par Jack GUEZ / AFP).
Concertations au sommet de Tsahal et soutien de Washington
L’Egypte a appelé à la mise en œuvre intégrale de l’accord de cessez-le-feu précédemment convenu. Par ailleurs, le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré que son pays présenterait un plan de reconstruction de Gaza sans déplacement de population lors d’un sommet arabe d’urgence mardi 4 mars. Ce projet sera la première réponse arabe à la proposition, tout à fait utopique, de Donald Trump de déplacer la population gazaouie pour construire une « Riviera » à Gaza.
Eyal Zamir, le nouveau chef d’Etat-major de Tsahal réunissait ses généraux dans le sud pour marquer que l’armée était prête à tout moment à reprendre les combats.
Dimanche soir, Eyal Zamir, le nouveau chef d’Etat-major de Tsahal réunissait ses généraux dans le sud pour marquer que l’armée était prête à tout moment à reprendre les combats. Benyamin Netanyahu, quelle que soit sa décision, sait qu’il peut compter sur le soutien indéfectible de Washington.
Washington confirme son soutien à Israël
Dans une déclaration rendue publique ce dimanche, la Maison Blanche martèle. « Israël a négocié de bonne foi depuis le début de cette administration pour assurer la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas. Nous soutiendrons leur décision concernant les prochaines étapes, étant donné que le Hamas a indiqué qu’il n’était plus intéressé par un cessez-le-feu ».
Si les Etats-Unis tentent de protéger l’entité sioniste, de soutenir son agression contre notre peuple à Gaza ou d’attaquer notre pays.
La réponse du Hamas n’a pas tardé. Hazzam al-Assad, membre du bureau politique du mouvement terroriste, a lancé une mise en garde concernant une éventuelle reprise des combats à Gaza. « Si la guerre reprend à Gaza, nous sommes prêts à entrer dans une guerre totale qui affectera les intérêts américains dans la région », a-t-il déclaré.
Et de préciser que cette menace s’appliquerait « si les Etats-Unis tentent de protéger l’entité sioniste, de soutenir son agression contre notre peuple à Gaza ou d’attaquer notre pays ».
Une fois de plus, le compte-à-rebours est lancé sur la rive orientale de la Méditerranée.
Hugues Krasner
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Source: LPOST

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