Royaume-Uni : le gouvernement travailliste ne veut plus accorder la nationalité aux illégaux


Royaume-Uni : le gouvernement travailliste ne veut plus accorder la nationalité aux illégaux
Le gouvernement britannique dirigé par Keir Starmer a récemment annoncé une mesure controversée : les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, notamment par la Manche, ne pourront plus prétendre à la citoyenneté britannique. Cette décision s’inscrit dans une volonté plus large du Parti travailliste de durcir sa politique migratoire. Entre pressions électorales, héritage des conservateurs et considérations humanitaires, cette approche soulève de nombreuses questions. En interne au Parti travailliste, la députée Stella Creasy a comparé la situation de ces migrants à celle de Paddington, l’ourson emblématique de la culture britannique, arrivé clandestinement au Royaume-Uni et chaleureusement accueilli. Près de 19.000 illégaux expulsés du Royaume-Uni depuis l’arrivée des Travaillistes au pouvoir en juillet 2024. 
Depuis plusieurs années, le Royaume-Uni fait face à une augmentation du nombre de migrants traversant la Manche sur de petites embarcations. En 2024, environ 37 000 personnes sont arrivées de cette manière, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Ces traversées, souvent organisées par des réseaux de passeurs, sont périlleuses et ont causé plusieurs drames humains.
Une décision pour dissuader les traversées illégales
Face à cette situation, le gouvernement travailliste a décidé d’adopter une ligne dure. En annonçant que les personnes arrivées illégalement ne pourront pas obtenir la citoyenneté, l’exécutif espère réduire l’attractivité du Royaume-Uni pour les migrants et casser le modèle économique des passeurs.
Cette mesure s’inscrit dans une approche plus large visant à limiter l’immigration clandestine tout en évitant les controverses associées aux politiques du précédent gouvernement conservateur.
Entre défi électoral et pression de la droite
L’adoption d’une politique migratoire stricte n’est pas anodine pour le Parti travailliste. Le Premier ministre Keir Starmer doit composer avec une opposition de droite en pleine ascension, notamment le parti Reform UK de Nigel Farage, qui attire un électorat mécontent des politiques migratoires jugées trop permissives.
Depuis la défaite des conservateurs aux élections générales, le Labour doit convaincre qu’il peut gérer l’immigration de manière plus efficace. En adoptant une position ferme, Keir Starmer espère couper l’herbe sous le pied de la droite radicale et rassurer une partie des électeurs traditionnellement plus conservateurs sur ces questions.
Un héritage politique délicat
Avant son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur de Rishi Sunak avait tenté d’adopter des mesures radicales pour limiter l’immigration clandestine, notamment le « plan Rwanda ». Ce projet prévoyait d’envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda plutôt que de les traiter au Royaume-Uni. Jugé inhumain et illégal par plusieurs instances, il n’a jamais été pleinement mis en œuvre.
Keir Starmer a choisi d’abandonner ce plan, mais il maintient une ligne dure en matière d’immigration illégale. L’annonce de l’interdiction de citoyenneté pour les migrants entrés illégalement en est un exemple.
Cependant, cette mesure ne résout pas le problème du traitement des demandeurs d’asile et pourrait aggraver la situation des personnes déjà présentes sur le territoire britannique sans possibilité de régularisation.

AFP
Des manifestants brandissent des pancartes alors qu’ils protestent près des portes du 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 mai 2024, lors d’un rassemblement antiraciste appelé par des associations, dont Stand Up To Racism, pour dénoncer le projet de loi du gouvernement britannique sur le Rwanda. (Photo par BENJAMIN CREMEL / AFP).
Les critiques des organisations de défense des droits humains
Les associations de défense des réfugiés et certains experts juridiques dénoncent une politique qui risque de violer les engagements internationaux du Royaume-Uni. La Convention des Nations unies sur les réfugiés stipule qu’un migrant ne peut pas être pénalisé pour son mode d’entrée dans un pays lorsqu’il cherche à obtenir une protection.
Au sein même du Parti travailliste, cette mesure a également suscité des critiques. La députée Stella Creasy a comparé la situation de ces migrants à celle de Paddington, l’ourson emblématique de la culture britannique, arrivé clandestinement au Royaume-Uni, et chaleureusement accueilli.
Selon elle, les demandeurs d’asile devraient bénéficier d’un accueil digne et de la possibilité de s’intégrer pleinement dans la société britannique, plutôt que de se voir refuser la citoyenneté.
Ces critiques internes révèlent les tensions au sein du Labour entre la volonté de durcir la politique migratoire pour répondre aux préoccupations électorales et le respect des principes humanitaires.
Vers une refonte globale de la politique migratoire ?
L’interdiction de citoyenneté pour les migrants arrivés illégalement n’est qu’un volet de la nouvelle politique migratoire du gouvernement travailliste. D’autres mesures sont prévues, notamment :
– Une coopération renforcée avec l’Union européenne : Keir Starmer souhaite développer des accords avec les pays européens pour mieux gérer les flux migratoires et lutter contre les passeurs.
– Une révision du système de visas : le Labour a promis d’examiner le rôle des employeurs qui exploitent le système actuel pour recruter de la main-d’œuvre étrangère à bas coût.
– Un durcissement des expulsions : depuis l’arrivée au pouvoir du Labour, près de 19 000 personnes en situation irrégulière ont été expulsées, une tendance qui pourrait s’accentuer.

AFP
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, durcit sa politique migratoire suscitant des critiques en interne au sein de son parti. (AFP PHOTO / Maria Unger /UK Parliament”.
Une politique efficace ou une impasse ?
Si cette nouvelle approche vise à rassurer l’opinion publique, elle reste confrontée à plusieurs défis. D’un côté, elle pourrait certes dissuader certaines traversées et affaiblir les réseaux de passeurs. En revance, de l’autre, elle risque de créer une situation où des milliers de personnes restent sur le sol britannique sans solution durable.
Keir Starmer joue une carte politique risquée en s’éloignant d’une ligne traditionnellement plus progressiste sur l’immigration, au risque de s’aliéner une partie de l’électorat travailliste. Reste à savoir si cette stratégie permettra au Labour de combiner fermeté et justice sociale sans alimenter de nouvelles crises humanitaires.
Léna Job (à Londres)
L’article Royaume-Uni : le gouvernement travailliste ne veut plus accorder la nationalité aux illégaux est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST

Check Also

Habemus papam! Léon XIV est américain et il invite à la paix

Habemus papam! Léon XIV est américain et il invite à la paix Il s’appelait …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.