Jean-Luc Mélenchon, bientôt rattrapé par le scandale des violences sexuelles sur des élèves de Bétharram ?
Contrairement à son prédécesseur Michel Barnier, il a échappé à deux motions de censure et grimpé dans les sondages (quatre points pour l’un, sept pour l’autre). Pourtant, François Bayrou, Premier ministre de la France depuis le 13 décembre 2024, est plongé dans un maelstrom qui risque fort de perturber ses prochaines semaines, voire ses prochains mois en tant que locataire de l’Hôtel de Matignon. En effet, suite à des révélations récentes, il est directement ciblé par l’« affaire Bétharram ». Mais son principal accusateur, Jean-Mélenchon, risque de se prendre un boomerang dans la figure. En effet, il était, de 2000 à 2002 dans le gouvernement Jospin, ministre délégué à la formation professionnelle. Or, l’institution Bétharram compte une section d’enseignement professionnel, et des plaintes avaient déjà été déposées. François Bayrou aurait su, Mélenchon non ?
A une trentaine de kilomètres au sud-est de Pau (Pyrénées-Atlantiques), Lestelle-Bétharram, un village d’à peine 800 habitants, qui doit sa réputation à l’institution Notre-Dame de Bétharram, un établissement catholique fondé par le prêtre Michel Garicoïts et qui propose, à près de 600 élèves, un enseignement qui va des premières classes de l’école primaire aux dernières du lycée.
Bétharram, la menace ultime, et viol
Dans la région, depuis toujours et jusqu’à Bordeaux, Toulouse et même Paris, Bétharram a longtemps été présenté comme « la menace ultime » par les parents à leurs enfants « difficiles ». Dans le département et au-delà, il n’était pas rare d’entendre des commentaires sur la sévérité du traitement physique réservé aux enfants et adolescents par les enseignants et le personnel encadrant.
En 1996, une plainte a été déposée par des parents dont l’enfant de 14 ans a été giflé si violemment qu’il a, en partie, perdu l’audition.
Et puis en 1996, une plainte a été déposée par des parents dont l’enfant de 14 ans a été giflé si violemment qu’il a, en partie, perdu l’audition : la presse locale et nationale se fait écho de l’affaire. Deux ans plus tard, le père Pierre Silviet-Carricart, ancien directeur de l’établissement et membre de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, est mis en examen et écroué pour viol. Il se suicide en 2000 alors qu’il vient d’être visé par une nouvelle plainte.
Pas moins de 112 plaintes pour violences sexuelles et physiques
A l’époque de 1993 à 1997, François Bayrou est ministre de l’Education nationale dans les gouvernements d’Edouard Balladur et d’Alain Juppé. Quatre de ses enfants sont scolarisés à Bétharram et sa femme y enseigne le catéchisme…
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Le Premier ministre français François Bayrou (à gauche) s’adresse à la presse après une réunion avec des membres du collectif des victimes des violences de Notre-Dame-de-Bétharram et son porte-parole Alain Esquerre (à droite). (Photo par Philippe Lopez / AFP)
En mai 1996, un mois après le dépôt de la plainte pour la gifle, en sa qualité de ministre de l’Education nationale, il défend l’établissement face aux « attaques » qui ont provoqué « un sentiment d’injustice » chez un grand nombre de Béarnais…
Mais depuis la première plainte pour « mauvais traitements », pas moins de 112 autres plaintes ont été déposées pour des violences physiques et sexuelles subies par les élèves à partir des années 1960 jusqu’à 2011. Alerté par un groupe Facebook (environ 1.500 membres) initié par un ancien élève, et même s’il y a prescription pour les plus anciennes plaintes, le parquet de Pau a lancé au moins une enquête sur un « viol caractérisé » en 1996…
François Bayrou sur la sellette
Suite à ces révélations, François Bayrou s’est retrouvé soumis aux questions de nombre de députés le 12 février 2025, et il en sera de même ce 19 février.
Le Premier ministre est accusé, par la gauche, d’avoir eu connaissance de faits graves alors qu’il était ministre de l’Education nationale et que, par conséquent, il aurait dû déclencher l’article 40 du Code de procédure pénale selon lequel il devait « signaler à la justice des faits dont il aurait eu connaissance avant elle ».
Vous pensez bien que si j’avais su cela, je n’y aurais pas mis quatre de mes enfants et ma femme n’y aurait pas enseigné le catéchisme.
A-t-il, comme l’affirment tant le Parti socialiste (PS) que La France Insoumise (LFI), les écologistes ou encore le Parti communiste français (PCF), « participé d’une manière ou d’une autre à la loi du silence pour protéger l’institution » ?
Dans une réunion à la mairie de Pau ce 15 février, il a affirmé à neuf des victimes que, s’il avait été informé en 1996 pour les traitements physiques violents et demandé alors une enquête, il ne savait rien des abus sexistes ou sexuels. Et de leur répéter ce qu’il avait dit aux députés quelques jours plus tôt : « Vous pensez bien que si j’avais su cela, je n’y aurais pas mis quatre de mes enfants et ma femme n’y aurait pas enseigné le catéchisme », tout en annonçant des moyens accrus avec des magistrats supplémentaires pour enquêter sur ces affaires…
AFP
Jean-Luc Mélenchon tire à boulets rouges sur le Premier ministre Bayrou, mais il pourrait être rattrapé par le scandale des violences sexuelles sur commises sur des élèves du lycée scolaire catholique de Bétharram. (Photo par JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP).
La gauche et l’extrême gauche vent debout
Un ancien élève qui a récemment déposé plainte confie simplement : « Bétharram, c’est encore plus secret que la franc-maçonnerie »…
Si les représentants des victimes se sont déclarés satisfaits des réponses (quelque peu floues, quand même) du Premier ministre, ses opposants à gauche ont décidé de cogner fort.
François Bayrou a menti. Il n’a pas pris de mesures pour faire en sorte que ces faits s’arrêtent.
Ainsi, le quotidien communiste « L’Humanité » dénonce « un mensonge d’Etat » et un député du PCF est catégorique : « En France, les écoles privées catholiques sont protégées par des élites locales ». De son côté, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, ne s’embarrasse pas avec les circonvolutions : « J’encourage François Bayrou à démissionner en conscience » tandis que Manuel Bompard, coordinateur de LFI, affirme : « François Bayrou a menti. Il n’a pas pris de mesures pour faire en sorte que ces faits s’arrêtent ».
A droite (Les Républicains/LR) tout comme à l’extrême-droite (Rassemblement national/RN), officiellement on ne commente pas. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin dénonce « un procès politicien contre François Bayrou qui a l’intérêt général chevillé au corps ». Et d’ajouter : « D’ailleurs, le fait que La France Insoumise l’utilise politiquement et en profite pour demander la censure du gouvernement montre bien qu’elle se fiche de la violence faite aux enfants et fait de la politique sur tout. C’est déplorable ».
Boomerang dans la figure de Jean-Luc Mélenchon ?
Ainsi, à l’exemple de Gérald Darmanin, d’autres personnalités politiques et proches du dossier assurent que la gauche, et surtout le « lider minimo » de LFI Jean-Luc Mélenchon, se trompe de cible en pointant François Bayrou. Certains n’hésitent pas à rappeler, comme dans « Le Figaro », que dans cette histoire de Bétharram, le boomerang va inévitablement revenir dans la figure de celui qui l’a lancé, à savoir Mélenchon, élégamment surnommé « le sous-commandante de la Canebière » : n’a-t-il pas été, de 2000 à 2002 dans le gouvernement Jospin, ministre délégué à la formation professionnelle ?
Mélenchon veut le scalp de Bayrou. Il n’a pas réussi avec les motions de censure, il va sur un autre terrain : le personnel.
Or, l’institution Bétharram compte une section d’enseignement professionnel, et des plaintes avaient déjà été déposées. François Bayrou aurait su, Mélenchon non ? Un grand connaisseur de la chose publique est catégorique : « Mélenchon veut le scalp de Bayrou. Il n’a pas réussi avec les motions de censure, il va sur un autre terrain : le personnel »…
Serge Bressan (correspondant à Paris)
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Source: LPOST