Hôpitaux menacés en Wallonie : le PS accusée de propager des fake news et de semer la panique
La fédération Unessa (union en soins de santé) trouve injustifiée l’analyse du PS affirmant que plusieurs hôpitaux wallons sont menacés de fermeture par le programme de la majorité gouvernementale Arizona. Pour son directeur général, le Dr Philippe Devos, la réforme envisagée par le nouveau Gouvernement fédéral suit la tendance au niveau international et garantira l’efficacité des soins pour les patients. Il est question notamment de transformer les hôpitaux de moins de 250 lits en institution de jour. Cette réforme permettrait, d’après le Dr Devos, de rassembler sur un même site plusieurs spécialisations et l’engagement a été pris qu’aucun Belge ne devrait faire plus de 20 minutes en ambulance pour se rendre dans un service d’urgence. Le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit) avait déjà indiqué à la Chambre, il y a quelques jours, que le plan dénoncé par le PS était le résultat d’analyse réalisée par les hôpitaux flamands. Le vice-Premier ministre et ministre fédéral des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés) qui a participé aux négociations pour la formation de l’exécutif fédéral accuse le PS de faire de la « désinformation » et d’angoisser inutilement les citoyens. La question est de savoir ce qu’en pensent les mutualités (Solidaris, mutualité chrétienne, etc.).
Lancé dans une opposition virulente depuis la formation du nouveau Gouvernement fédéral, le PS fait feu de tout bois et critique durement la nouvelle majorité Arizona (N-VA, CD&V, Vooruit, MR, Les Engagés). La dernière sortie dans la presse des responsables socialistes concerne le secteur de la santé. Dans une interview accordée vendredi 14 février à nos confrères de Sudinfo, le président des socialistes francophones, Paul Magnette dit avoir découvert un projet secret du gouvernement De Wever.
Corrections et rationalisations
Le président du PS affirme que le nouvel exécutif a décidé de transformer les hôpitaux de moins de 250 lits en hôpitaux de jours proposant uniquement des consultations de spécialistes. Et de soutenir qu’un hôpital sur deux est menacé en Wallonie, un sur trois à Bruxelles, mais seulement un sur 5 en Flandre. Il faut dire que le point avait été relevé par le chef de groupe PS à la Chambre, Pierre-Yves Dermagne, lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, Bart De Wever (N-VA) le 4 février. Il avait brandi un article du « Standaard » pour soutenir ses affirmations.
Des corrections et des rationalisations sont absolument nécessaires. A l’avenir, nous aurons besoin de moins de nuitées, on le voit déjà aujourd’hui.
Le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) avait répondu en précisant que « des corrections et des rationalisations sont absolument nécessaires. A l’avenir, nous aurons besoin de moins de nuitées, on le voit déjà aujourd’hui. On peut, à un certain moment, se demander que faire de tous ces hôpitaux où on organise ces nuitées. Pouvons-nous les organiser de façon plus rationnelle et la réponse est oui. Car certains hôpitaux vont devenir trop petits ».
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Le vice-Premier et ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, reconnaît qu’il y aura des corrections et des rationalisations dans le secteur hospitalier. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK).
Plan des hôpitaux flamands
Frank Vandenroucke avait également indiqué à la Chambre que le plan tiré du quotidien flamand « De Standaard » ne reflète pas la réalité et qu’il est « le résultat d’exercices d’hôpitaux flamands qui réfléchissent eux-mêmes à leur avenir, ce n’est pas moi. Le fil rouge sera des soins aussi proches que possibles et a concentration quand c’est nécessaire ».
Il s’agit en fait d’un travail réalisé par Zorgnet-Icuro, la puissante structure faîtière flamande des soins de santé. Elle suggère de transformer les petits hôpitaux en institution de jour, condamnant les nuitées dans une douzaine de petits hôpitaux. C’est ce travail que « De Standaard » a publié.
La critique du PS brandissant la menace de fermeture d’hôpitaux en Wallonie est injustifiée.
La réponse du vice-Premier ministre Frank Vandenbroucke n’a pas éteint la critique des socialistes francophones qui ont continué à marteler leurs critiques. Ce lundi 17 février, ils ont reçu une réponse cinglante d’une partie du secteur et selon nos informations, la réforme portée par le Gouvernement De Wever n’est pas sortie de nulle part. « La critique du PS brandissant la menace de fermeture d’hôpitaux en Wallonie est injustifiée. Il y a environ 3 ans, le cabinet du ministre Vandenbroucke est venu demander au secteur ce qui lui simplifierait la vie. On lui a répondu plus de souplesse sur les sites de plus petite taille (moins de 250 lits). Il était aussi question d’avoir une vraie réflexion sur les services d’urgence et nous aider à développer l’hôpital de jour, d’autant plus que c’est une tendance médicale forte au niveau international », nous a confié le Dr Philippe Devos, directeur général de la fédération Unessa (Union en soins de santé).
Le Dr Philippe Devos, directeur général d’Unissa fustige l’analyse du PS sur les hôpitaux de petite taille. Photo Unessa
Gain d’efficacité
Il rappelle donc que le projet du ministre Vandenbroucke vise une réforme de la répartition géographique des hôpitaux et de leurs fonctionnalités. Il précise que la réforme permettrait aux hôpitaux de jour de disposer de médecins spécialistes (gastro-entérologues, etc.) et qu’elle débouchera sur un gain d’efficacité. « Cette réforme a été unanimement bien accueillie : toutes les fédérations hospitalières, toutes les mutualités et tous les syndicats médicaux du pays y sont favorables. En effet, le défi du vieillissement de la population va mettre une pression supplémentaire sur notre système de soins. Une réforme courageuse des missions et des sites hospitaliers s’impose donc. Depuis deux ans, le cabinet Vandenbroucke avance dans la concertation avec les fédérations hospitalières sur le sujet. L’écoute nous semble réelle. Plusieurs principes généraux ont été formalisés tels que, par exemple, le fait qu’aucun Belge ne devrait faire plus de 20 minutes d’ambulance pour se rendre dans un service d’urgence, de jour comme de nuit », poursuit le Dr Devos.
Et de préciser que la liste qui circulent actuellement « est fantaisiste ». Unessa estime que les informations diffusées par les socialistes francophones, sont « au pire des fake news, au mieux une mauvaise compréhension totale du travail en cours ».
Que diront les mutuelles ?
Il nous revient que la sortie des socialistes francophones ne fait pas l’unanimité chez les camarades. La question est de savoir la position que vont adopter les mutuelles sur le sujet, notamment Solidaris (dirigée par le socialiste Jean-Pascal Labille). Surtout quand on sait qu’il s’agit d’une structure fédérale et le parti socialiste flamand (Vooruit) est dans la majorité fédérale…
Le PS semble s’être trouvé un nouveau thème pour créer de la peur et caricaturer le gouvernement. On sait que cela va être son fil rouge durant 5 ans.
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Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (à gauche sur le photo), aux côtés du Premier ministre Bart De Wever (à droite), à la Chambre. (BELGA PHOTO JONAS ROOSENS).
En attendant, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés) a taclé le PS. « Le PS semble s’être trouvé un nouveau thème pour créer de la peur et caricaturer le gouvernement. On sait que cela va être son fil rouge durant 5 ans. Cette fois, c’est sur les hôpitaux, balançant sans fondement une liste de sites prétendument menacés de fermeture. Les coups de com politiques n’autorisent pas tout, certainement pas la désinformation et la panique pour feindre de s’émouvoir de quelque chose qui n’est nullement décidé dans l’accord de gouvernement. C’est de l’extrapolation perverse du PS, désireux de se refaire une santé à coups de fake news. Faire de la politique de la sorte ne grandit personne. Cela joue avec l’angoisse de milliers de patients, de soignants et de familles que le PS feint de vouloir défendre. L’engagement pour le maintien de services hospitaliers de proximité figure au contraire explicitement dans l’accord de gouvernement ! », a publié l’ex-président des Engagés qui a participé aux négociations pour la formation du Gouvernement fédéral.
Le Dr Devos partage son analyse. « On vit une déferlante depuis les élections qui se base sur le concept de tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Par conséquent, dès une déclaration un peu courte ou insuffisamment détaillée d’un représentant du Gouvernement, tout de suite l’opposition se défoule et la transforme en scénario catastrophe. Si on fermait la moitié des services d’urgence en Wallonie, ce serait une catastrophe et une telle option n’a jamais été discutée », conclut le directeur général d’Unessa.
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Source: LPOST