Allemagne : un attentat à la voiture-bélier fait 28 blessés à Munich, le suspect a reconnu les faits


Allemagne : un attentat à la voiture-bélier fait 28 blessés à Munich, le suspect a reconnu les faits
Ce jeudi matin, vers 10h30, une Mini-Cooper a foncé dans la foule dans le centre de Munich, faisant 28 blessés dont plusieurs étaient toujours, en fin de journée, dans un état grave. Parmi eux, plusieurs enfants. Le conducteur du véhicule, un jeune Afghan de 24 ans a été arrêté sur place. Très vite, les autorités ont, preuves à l’appui, évoqué une attaque terroriste. Elle intervient alors qu’un sommet international sur la sécurité s’est ouvert vendredi 14 février dans la ville et que les Allemands se rendront aux urnes le 23 février pour élire leurs parlementaires fédéraux…. Le suspect a reconnu les faits, il a été présenté au juge vendredi 14 février qui a requis sa mise en examen. Il a été transféré dans un établissement pénitentiaire bavarois.
C’est en milieu de matinée que le drame s’est produit jeudi 13 février 2025. Un cortège d’un milieu de personnes participait à une manifestation syndicale exigeant des hausses de salaires pour les fonctionnaires municipaux lorsqu’un véhicule a doublé la voiture de police qui fermait le cortège. Le conducteur a accéléré et a foncé sur les manifestants, en renversant plusieurs dizaines (dont des enfants qui accompagnaient leurs parents). La police a aussitôt cerné la voiture et a ouvert le feu pour forcer son conducteur à ouvrir les portières qui étaient bloquées. L’homme a aussitôt été placé en état d’arrestation.
Après une courte hésitation, la piste terroriste est confirmée
Alors que les secours s’activaient, la police munichoise a publié un bref communiqué dans lequel elle s’interrogeait : l’incident était-il volontaire ou bien le conducteur avait-il « confondu la pédale de frein avec l’accélérateur ? ».
Mais en début d’après-midi, alors que le ministre-Président de Bavière, Markus Söder (CSU, droite traditionnelle) évoquait une « possible attaque », le profil de l’auteur des faits permettait de lever les derniers doutes. Fahrad N. est un ancien candidat réfugié afghan de 24 ans, né à Kaboul et dont la demande d’asile avait été rejetée. Il avait pourtant obtenu un permis de séjour provisoire, mais le très sérieux « Spiegel » découvrait, sur ses réseaux sociaux, des « posts » islamistes mis en ligne juste avant l’attaque. Un peu plus tard dans l’après-midi, l’Office central de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme du parquet de Munich confirmait « les indices d’un contexte extrémiste » et le chancelier Olaf Scholz parlait d’un « terrible attentat ».
A quelques heures de l’ouverture du « Davos de la Sécurité »
L’enquête, bien entendu, commence à peine (l’appartement occupé par le suspect a été perquisitionné en fin d’après-midi) et devra faire la lumière sur les motivations exactes de Fahrad N. et ses liens éventuels avec une organisation terroriste islamiste. Il est d’ores et déjà évident que ce n’est pas la manifestation syndicale en tant que telle qui a été visée mais que le terroriste visait un rassemblement de foule allemand.
Cette année, parmi les invités au Davos de la sécurité, figurent notamment le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et le vice-Président américain James D. Vance.
Le contexte est en effet très particulier : c’est ce vendredi 14 février que s’ouvrira la « Conférence de sécurité de Munich », une sorte de « Davos de la sécurité » qui, depuis le début des années soixante, rassemble dans la capitale bavaroise tout ce qui compte dans le monde en la matière. Cette année, parmi les invités, sont par exemple attendus le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et le vice-Président américain James D. Vance.
Il est donc possible – sinon hautement probable – que l’auteur des faits ait voulu s’en prendre aux participants à cet évènement prestigieux mais que, dans l’impossibilité de s’approcher de l’hôtel Bayerischer Hof (où se tient traditionnellement la conférence), distant d’environ un kilomètre de l’endroit où s’est produite l’attaque mais placé sous haute protection policière, il se soit rabattu sur les manifestants.

AFP
Le vice-président américain JD Vance (2e à droite), le secrétaire d’État américain Marco Rubio (3e à droite) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky (2e à gauche) se rencontrent en marge de la 61e Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 14 février 2025. (Photo par Tobias SCHWARZ / AFP)
Un contexte sécuritaire tendu
Cette nouvelle tragédie s’inscrit dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu en Allemagne. Depuis l’été dernier, les attaques terroristes se sont, en effet, multipliées.
En août, à Solingen (Rhénanie du Nord), une attaque au couteau commise par un réfugié syrien lié au groupe Etat islamique faisait trois morts. À la fin du mois de décembre 2024, c’est une attaque à la voiture bélier, déjà, qui tuait six personnes et en blessait 200 autres sur le marché de Noël de Magdebourg (Saxe-Anhalt).
L’auteur, cette fois, était un médecin saoudien, totalement déséquilibré, animé par une idéologie xénophobe et voulant attirer l’attention du pays sur les risques liés à l’immigration et à l’islamisme.  Enfin, le 22 janvier, un réfugié afghan se jetait sur un groupe d’enfants sortis d’une crèche pour une promenade encadrée dans un parc d’Aschaffenburg (Bavière). Il poignardait à mort un éducateur de 41 ans et un enfant de 2 ans. Et l’on ne citera que pour mémoire la tentative d’attentat, en septembre dernier, contre le consulat d’Israël à Munich au cours de laquelle l’assaillant, un jeune Autrichien avait été abattu par la police…
Pour ces législatives anticipées, les sondages placent la coalition de droite classique CDU-CSU en tête, avec 30% des intentions de vote, mais l’AfD, parti d’extrême droite, atteint aujourd’hui 21%.
Or, dans un peu plus d’une semaine – le dimanche 23 février -, on votera en Allemagne. Pour ces législatives anticipées, si les sondages placent la coalition de droite classique CDU-CSU en tête, avec 30% des intentions de vote, l’AfD, parti d’extrême droite qui a fortement progressé lors de tous les récents scrutins régionaux ou locaux, atteint aujourd’hui 21%. Un drame comme celui de Munich pourrait encore la faire grimper dans l’électorat.
Vers une Allemagne ingouvernable et polarisée ?
Or, il est clair que si l’Afd devait faire un excellent résultat, aucun autre parti n’acceptera de figurer à ses côtés dans une coalition. Mais ladite coalition pourrait être impossible à réaliser sans son apport, sauf à mettre sur pied un attelage liant la droite, les verts, le SPD et éventuellement l’extrême gauche et qui serait, par la force des choses, brinquebalant.
Un blocage qui pourrait rendre le pays ingouvernable et encore aggraver la polarisation à laquelle on assiste en matière d’immigration.
Berlin se retrouverait ainsi en situation de blocage politique. Un blocage qui pourrait rendre le pays ingouvernable et encore aggraver la polarisation à laquelle on assiste en matière d’immigration.
Le risque est très réel : si l’attentat de Munich rappelle le danger du terrorisme islamiste en Europe, l’Allemagne est également le pays ou, dans l’UE, l’ultra droite non parlementaire et violente est (de loin) la plus forte. Pas plus tard qu’aujourd’hui, la police a déjoué un attentat en préparation contre un centre d’accueil de réfugiés à Senftenberg, une petite ville de moins de 25 000 habitants à 140 kilomètres au sud-est de Berlin…
Hugues Krasner
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Source: LPOST

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