De quoi la visite en Israël d’Alexander de Croo, futur président belge du Conseil de l’UE, a-t-elle été le nom ? 


De quoi la visite en Israël d’Alexander de Croo, futur président belge du Conseil de l’UE, a-t-elle été le nom ? 
Le Premier ministre Alexander De Croo, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez photographiés lors d’une visite d’une journée des Premiers ministres belge et espagnol (présidence entrante et sortante de l’Europe) en Israël et en Palestine, à Jérusalem, jeudi 23 Novembre 2023. BELGADepuis près d’un mois, c’est le bal des officiels qui défilent à Tel Aviv, en Israël, à la fois pour apporter un soutien politique dans la tragédie qu’a vécu l’Etat hébreu avec la mort de près de 1.200 personnes lors de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre dernier. Mais aussi pour, petit à petit, s’élever contre la riposte israélienne contre Gaza (surtout contre sa population civile), que de plus en plus de pays et d’opinions jugent désormais démesurée. Après le Président français, Emmanuel Macron ; son homologue américain, Joe Biden et le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, le dernier représentant politique en date à s’être rendu en Israël est le Premier ministre belge, Alexander De Croo, en compagnie, de son homologue espagnol, Pedro Sanchez. La visite de ces deux responsables européens intervient, alors que les premières libérations d’otages, objet de tractations diplomatiques depuis des semaines entre le Hamas, le Qatar, Israël et les Etats-Unis, étaient en cours. Leurs déclarations sur le respect du droit international et la fin des victimes civiles provoquent un incident diplomatique.
Si beaucoup étaient sceptiques sur la portée du message que pourrait délivrer le Premier ministre belge, Alexander De Croo, à son homologue israélien, Benjamin Netanyahou, c’est avant tout parce que la Belgique pèse peu dans les rapports de force dans la région. Mais aussi parce que le Gouvernement israélien n’est pas d’humeur, plus que jamais, à entendre des critiques sur sa politique actuelle et sur la riposte militaire contre le Hamas à Gaza. Et enfin, parce que De Croo, comme Sanchez, pris à partie par le Président israélien, Isaac Herzog, prenaient pour l’ensemble des Européens qui auraient financé la construction des tunnels à Gaza et, indirectement, auraient apporté leur soutien au terrorisme. Faut-il rappeler que la presse israélienne s’est largement fait l’écho des propos de Benjamin Netanyahou en 2019, appelant clairement à soutenir le Hamas et le renforcer afin de finir d’affaiblir l’Autorité palestinienne et condamner toute possibilité d’un Etat palestinien ?
Accord d’association Europe-Israël
Alexander de Croo, prendra bientôt la présidence tournante de l’Union européenne au 1erjanvier prochain et a déjà été rapidement plongé dans le bain. Sauf que beaucoup pensent, dans le même temps côté arabe, que l’accord d’association plus que favorable à l’Etat hébreu avec l’Union, fait quasiment de facto Israël, membre de l’Europe. Pas de quoi considérer que Bruxelles néglige Tel Aviv.
Au sortir de la réunion avec Isaac Herzog, les deux Premiers ministres ont rencontré Benjamin Netanyahou, étonnement moins braqué que le Président israélien qui, il faut le rappeler, n’a qu’un titre purement honorifique sans réel pouvoir.
Alexander De Croo a tenté de mettre à l’ordre du jour la question humanitaire à Gaza et la catastrophe humaine en cours sur place, tout en demandant un meilleur accès pour les convois humanitaires afin de venir en aide aux populations civiles. Se projetant déjà dans son rôle institutionnel européen, De Croo a rappelé par la suite à la presse qu’après la guerre en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait fallu envisager une réconciliation et une reconstruction qui permet encore aujourd’hui d’avoir un semblant de paix en Europe.
Quand De Croo suscite la colère des responsables israéliens
Légataire des grandes valeurs européennes, les Premiers ministres belge et espagnol se sont ensuite rendus à Gaza pour évaluer la situation sur place et se sont exprimés depuis le poste frontière de Rafah, provoquant un incident diplomatique, pour avoir demandé un cessez-le-feu permanent, qui n’a guère été apprécié du côté israélien. Alexander De Croo a aussi appelé à un respect du droit international, précisant que la mort des civils doit s’arrêter.
Cette prise de position n’a pas été au goût de l’Etat hébreux qui a annoncé prochainement la convocation des ambassadeurs respectifs de Belgique et d’Espagne pour s’expliquer auprès des autorités israéliennes qui considèrent que de tels propos reviendraient à soutenir l’organisation terroriste du Hamas. Si même Joe Biden s’était cassé les dents sur le sujet, il y a quelques semaines, on doute fort que nos dirigeants européens aient plus de poids pour convaincre Israël de s’y engager. En attendant, le Gouvernement israélien a réitéré dans la foulée son souhait de poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination définitive du Hamas. Est-ce seulement possible ?
Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), du CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense) et du Nordic Center For Conflit Transformation (NCCT Stockholm).
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Source: LPOST

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