Gabon, enjeux d’un scrutin que l’opposition pense enfin remporter face au président sortant Ali Bongo Ondimba
Le président sortant, Ali Bongo (à gauche sur la photo) et son adversaire, Albert Ondo Ossa (à droite), candidat de l’opposition, briguent le fauteuil présidentiel. AFPLes Gabonais sont appelés aux urnes ce 26 août 2023 pour un scrutin qui combine la présidentielle, les législatives et les locales. Les enjeux sont de taille puisque l’opposition nourrit le vœu secret d’évincer du pouvoir le Président sortant Ali Bongo Ondimba qui a succédé à son papa Omar Bongo à sa mort en 2009 et brigue un troisième mandat. Bongo père et fils cumulent un peu plus de 55 ans au pouvoir avec le PDG, le parti démocratique gabonais.
Fermeture des frontières et avertissement
Le ministre gabonais de l’Intérieur Lambert Noël Matha a fait une mise en garde le 24 août déplorant l’apparition d’un « climat délétère » dans le pays pouvant « impacter la stabilité et la paix ». Il a annoncé dans la foulée la fermeture des frontières terrestres et maritimes du vendredi 25 août à minuit au samedi 26 août à minuit. Les débits de boissons seront également fermés. Le ministre, accusant indirectement l’opposition, a dénoncé « des actes d’incivisme », déploré l’installation « des barricades » et appelé à « endiguer tout comportement, tout acte de nature à nuire à la stabilité du pays ». Et d’avertir « qu’aucun compromis ne sera trouvé si d’aventure l’ordre public et la sécurité des populations venaient à être mis en danger ».
Pour l’opposition, ces propos laissent présager une répression en cas de révolte, de contestation d’une victoire programmée. Elle soutient que « l’atmosphère actuelle est due aux actes du gouvernement ». Alexandra Panga, la porte-parole de Alternances 2023, la plate-forme qui porte la candidature unique de l’opposition représentée dans ce scrutin par l’ancien ministre d’Omar Bongo, le professeur Albert Ondo Ossa, a répliqué en indiquant que « L’atmosphère actuelle n’est pas due à la classe politique, elle est actuellement due aux actes du gouvernement. Dans plusieurs villes, c’est effectivement dû au manque de réactivité par rapport à des sujets que les populations ont mis sur la table du gouvernement, tel le problème homme/faune. L’opposition n’est pas à l’origine de cela. C’est juste une manière d’essayer de montrer à l’opinion nationale qu’ils ne sont pas responsables de ce qu’il se passe ». Une belle ambiance…
Pas d’observateurs de l’Union européenne
Ils sont 846.000 Gabonais à être appelés aux urnes ce samedi 26 août 2023 pour élire leur président, leurs députés et leurs élus locaux.
A quelques mois du scrutin, l’exécutif avait opéré des changements sur le mode de scrutin. Désormais, les Gabonais voteront à bulletin unique, ce qui signifie que ce sera le même bulletin qui permettra à un électeur de choisir dans sa circonscription électorale le candidat de son parti pour être Président de la république ou le député de son choix ou inversement. Le mode de scrutin est désormais à un tour, il désignera le vainqueur à la majorité relative. Ce qui avait suscité la colère de l’opposition qui avait dénoncé une élection taillée sur mesure pour le candidat Bongo.
Autre sujet qui fâche, l’absence des observateurs de l’Union européenne pour ces élections générales. L’UE affirme n’avoir pas été saisie par les autorités gabonaises pour la surveillance de ce scrutin. Les observateurs européens avaient, lors des dernières élections de 2009 et 2016, vivement critiqué la transparence du scrutin.
L’élection présidentielle de 2016, qui avait opposé le candidat Jean Ping à Ali Bongo, avait été émaillée de violents incidents ayant fait, selon les organisations de la société civile, au moins 35 morts. Ali Bongo n’avait dépassé son challenger que de 5.000 voix.
Au cours de toute cette campagne électorale, les candidats et les responsables de la société civile avaient appelé au calme et demandé un scrutin transparent et surtout l’acceptation des résultats par chaque candidat afin d’éviter les violences post-électorales.
Anani Sossou, correspondant L-Post en Afrique de l’Ouest
L’article Gabon, enjeux d’un scrutin que l’opposition pense enfin remporter face au président sortant Ali Bongo Ondimba est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST
