Sénégal : entre mémoire et modernité, le tourisme, porte-étendard du pays de la Téranga, garantit plus de 100.000 emplois


Sénégal : entre mémoire et modernité, le tourisme, porte-étendard du pays de la Téranga, garantit plus de 100.000 emplois
Balnéaire, affaires, éco-tourisme, sport, santé… Le Sénégal multiplie les facettes de son tourisme, une richesse singulière portée par une stabilité enviable. Sous l’impulsion du président Macky Sall et de son Plan Sénégal émergent (PSE), l’ambition est claire : attirer 3 millions de touristes cette année. Et les mesures incitatives ne manquent pas à l’appel.
En posant le pied sur le sol sénégalais, le voyageur, qu’il soit novice ou aguerri, est accueilli par une mosaïque d’expériences : le poids de l’histoire sur l’Île de Gorée, le murmure des lions au Parc national du Niokolo-Koba, le miroitement des eaux le long de la Petite Côte, ou encore les chants séculaires de la Casamance. Pourtant, derrière ces attraits se cache une autre force, plus discrète mais tout aussi puissante : pour investisseurs et observateurs avertis, le Sénégal évoque aussi une stratégie touristique solide, couplée à une stabilité politique enviable en Afrique de l’Ouest.
Un secteur qui pèse 300 milliards de francs
Dans une récente intervention, Pape Mahawa Diouf, à la tête de l’Agence sénégalaise de Promotion touristique (ASPT), a souligné la portée économique du tourisme au Sénégal. Représentant 6,8% du PIB, ce secteur infuse 300 milliards de Francs CFA dans l’économie nationale et garantit au moins 100.000 emplois, directement et indirectement. Le responsable insiste : « C’est un secteur extrêmement important pour l’économie nationale. »
Pour renforcer cette industrie, plusieurs initiatives ont été déployées : inauguration d’une nouvelle infrastructure aéroportuaire, l’opérationnalisation de l’AIBD (Aéroport International Blaise Diagne), des allègements fiscaux, notamment en faveur de la destination Casamance, l’établissement d’un crédit hôtelier ou encore des soutiens à des compagnies aériennes, dont Transair et Air Sénégal. C’est cet « ensemble de mesures qui sont prises et qui contribuent à augmenter la fréquentation touristique du Sénégal », affirme Pape Mahawa Diouf.

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La pêche sur le fleuve Ziguinchor en Casamance. (Photo prise par John WESSELS / AFP)
Effectivement. Alors que la sous-région ouest-africaine est souvent éclipsée par des récits d’instabilités, le Sénégal s’érige en phare, nonobstant les dernières échauffourées dans la capitale, Dakar, autre pôle touristique du pays de la Téranga. Depuis son élection en 2012, le président Macky Sall s’est attaché à valoriser le potentiel touristique du pays. À la croisée des chemins entre tradition et modernité, son administration s’est efforcée à faire du tourisme un levier central de développement.
Valorisation du patrimoine sénégalais et retour des touristes
La pierre angulaire de cette stratégie réside, entre autres, dans la valorisation du patrimoine. L’ouverture du Musée des Civilisations Noires à Dakar, en 2018, est l’expression concrète de cette ambition. Avec plus de 14.000 mètres carrés, le musée est un témoignage vibrant de l’histoire millénaire de l’Afrique tout en ouvrant des ponts vers d’autres civilisations.
Le Plan Sénégal émergent (PSE) 2014-2023 témoigne d’un optimisme. En effet, le Sénégal avait enregistré une affluence de 1,6 million de touristes en 2019. Toutefois, l’année 2020, marquée par la pandémie, a vu ce chiffre chuter drastiquement à 454.450 touristes. Mais 2021 a apporté un vent d’optimisme : 836.784 touristes internationaux ont visité le pays. Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme, salue une croissance de 3,2% de ce secteur en 2021, un revirement notable après une baisse de 19,8% en 2020. En 2022, les autorités sénégalaises ont dénombré 1,8 million de touristes au total, les touristes locaux y compris. Selon le ministère du Tourisme, avant la pandémie de 2020, le Sénégal enregistrait une croissance annuelle confortable des arrivées touristiques.
Et le paysage touristique sénégalais ne cesse de s’étoffer. Avec plus de 1.100 hôtels, 330 agences de voyage et une capacité d’accueil de 41.500 lits, le Sénégal avait accueilli en moyenne un million de touristes par an entre 2011 et 2015. L’objectif ? Toucher la barre des 3 millions de visiteurs en 2023.
Confiance des groupes hôteliers
Cet essor s’est accompagné de l’implantation de grandes chaînes hôtelières internationales. Si Radisson Blu a marqué sa présence dès 2014, Marriott International lui a emboîté le pas en 2018, preuve de la confiance croissante des investisseurs. « Le Sénégal offre une expérience unique, combinant le charme authentique de l’Afrique avec les standards internationaux. En tant que promoteur, c’est une destination où l’on ressent un énorme potentiel », témoigne Stéphane, promoteur européen d’un établissement hôtelier à Dakar.

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Le président sénégalais Macky Sall s’exprime lors de l’ouverture du 1er Forum international de l’investissement du Sénégal au Centre international de conférences Abdou Diouf à Diamniadio le 6 juillet 2023. (Photo prise par SEYLLOU / AFP)
D’autres investisseurs ont également pris note du potentiel du Sénégal. Après la réouverture du Club Med de Cap Skirring en Casamance à la fin de 2021, le groupe hôtelier espagnol Riu a inauguré un hôtel 5 étoiles en avril 2022, prévoyant d’offrir 1.000 chambres d’ici deux ans. Ces développements reflètent l’engouement croissant des acteurs internationaux pour le marché touristique sénégalais. « Ce que j’aime au Sénégal, c’est la sensation d’être à la fois dans un lieu chargé d’histoire et dans un pays résolument tourné vers l’avenir. C’est une combinaison rare », s’enthousiasme Laura Thompson, voyageuse canadienne ayant visité le Sénégal en 2021, pour sa troisième fois.
Mais l’équilibre est fragile, comme l’on l’a vu lors de la pandémie qui a mis à rude épreuve l’ensemble du secteur. Le défi du Sénégal aujourd’hui ? Préserver cette singularité, ce mélange subtil entre histoire, nature et modernité, tout en gardant le cap vers un développement touristique durable. Une danse délicate, où chaque pas est un équilibre entre le respect du passé et l’embrassement de l’avenir.
Baudouin de Petiville
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Source: LPOST

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