La colère monte après l’invitation à Bruxelles du maire de Téhéran
AFPAlireza Zakani, maire de Téhéran est présent à Bruxelles, invité par « Metropolis », une organisation qui regroupe les villes de plus d’un million d’habitants. Cerise sur le gâteau, si l’on ose dire, le secrétaire d’Etat bruxellois, le socialiste flamandn Pascal Smets (Vooruit) aurait fortement insisté pour qu’un visa lui soit accordé. Le tout moins de trois semaines après le retour de l’otage Olivier Vandecasteele. Prologue d’un scandale d’Etat ? Prologue d’un scandale d’Etat ?
D’abord, on se pince pour s’assurer qu’on n’est pas en train de rêver. Puis, on se demande s’il faut rire, pleurer ou s’indigner. Sans doute les trois à la fois. Du 12 au 15 juin, se tient le « Brussels Urban Summit » et le congrès mondial de l’association Metropolis (regroupant, on l’a dit, des villes de plus d’un million d’habitants). Et au titre de participant à cette double manifestation, la Belgique a jugé bon de délivrer un visa au Maire de la capitale iranienne.
Sur son site internet (www.metropolis.org), l’association se vante d’une « vision » favorisant « une gouvernance participative […] la cohésion sociale, l’égalité des genres et la qualité de la vie. » Fermez le ban !
30% de Chinois et Iraniens dans une association sponsorisée par l’UE et le Conseil de l’Europe…
Tout cela est fort bien. Metropolis, dont le siège est à Barcelone, est, du reste, sponsorisée par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, toujours très à cheval sur le respect des droits humains et compte la Région de Bruxelles-Capitale parmi ses membres. C’est rassurant.
Le gratin, vraiment…
Au nombre des membres du « Board » de Metropolis, on trouve deux représentants du gouvernement de Bruxelles : Jean-Luc Vanraes (Open VLD, ancien ministre bruxellois des Finances et du Budget) qui fait office de trésorier et le secrétaire d’Etat Pascal Smet (Vooruit), vice-Président régional de l’association. Mais quand on va plus loin, les choses commencent à se gâter. Au nombre des dirigeants de Metropolis, on trouve en effet des hiérarques de deux démocraties particulièrement avancées : les maires d’Harbin, Wuhan, Fuhzou, Chengdu, Hangzhou et Guangzhou, toutes d’énormes villes chinoises, mais aussi ceux de Téhéran, Mashad et Shiraz, en Iran.
Bref, neuf Chinois et Iraniens sur 31 membres. En clair, près de 30% de la direction de Metropolis est constituée par des cadres de deux Etats qui détiennent le triste privilège d’être les champions du monde de la peine de mort et de la répression de toute dissidence. Et c’est avec eux que l’on veut construire un avenir meilleur ?
Un léger malaise s’installe. Comment peut-on sérieusement discuter de « bonne gouvernance » ou « d’égalité des genres » avec les représentants de pays qui bafouent allègrement, et chaque jour, les droits de l’homme ? Comment deux représentants belges (et d’autres, venus de Paris, Montréal, Berlin, etc.) peuvent-ils accepter de siéger aux côtés de ces hommes venus d’horizons qui n’ont rien de démocratique ? Et comment l’Union européenne et le Conseil de l’Europe peuvent-ils fouler aux pieds leurs principes en finançant cette association ?
Zakani, un dur parmi les durs, membre des Gardiens de la Révolution
Alireza Zakani, Monsieur le Maire de Téhéran, fait donc partie de cet estimable aéropage au sein duquel il est en charge du portefeuille de l’Architecture et de la Rénovation urbaine. Parfait. Mais sa carrière interroge, pour le moins. Zakani est en effet un membre des Gardiens de la Révolution (organisation que le Parlement européen souhaite voir inscrite sur la liste des groupes terroristes).
Mieux : il a dirigé la section des étudiants du Basij, la « réserve opérationnelle » des Gardiens en 1999, à l’époque où elle s’illustrait dans la sanglante répression de la révolte des étudiants (entre 5 et 17 morts recensés, 1500 arrestations). Et il est, qui s’en étonnera, considéré comme un « dur » parmi les durs du régime des mollahs.
Voici donc un représentant d’un régime terroriste, qualifié il y a peu par le ministre de la Justice Vincent van Quinckenborne d’ « Etat voyou », reçu en grande pompe à Bruxelles et posant, tout sourire, dans les salles somptueuses de l’Hôtel de ville .
Son collègue Pascal Smet, interrogé par la presse a tenu à temporiser, expliquant que Zakani ne se trouvait à Bruxelles qu’au titre d’une « grande conférence internationale » et qu’il « n’était pas favorable à sa venue ».
La seule présence à Bruxelles d’un haut représentant d’un régime assassin qui a retenu en otage le Belge Olivier Vandecasteele pendant 455 jours, (…) est une honte
Certes, certes. Mis à part que selon nos sources, les choses se sont passées de manière légèrement différente : les Affaires étrangères s’opposaient à sa venue et c’est uniquement, nous affirme-t-on, sur la forte insistance d’un certain…Pascal Smet que le visa lui a finalement été délivré.
Quoiqu’il en soit, la seule présence à Bruxelles d’un haut représentant d’un régime assassin qui a retenu en otage le Belge Olivier Vandecasteele pendant 455 jours, qui a condamné à mort le professeur Ahmed Reza Djalali (enseignant la médecine d’urgence à la VUB) et qui détient plusieurs dizaines d’Européens et de doubles nationaux dans le cadre de sa répugnante « diplomatie des otages » est une honte.
Quelles que soient les pressions exercées par Pascal Smet, les Affaires étrangères auraient dû refuser de délivrer un visa à cet homme dont la seule présence dans la capitale européenne est un scandale.
Une certain idée de la fermeté
Sur son blog (https://hermanusinfo.wordpress.com) consacré, entre autres, à Bruxelles, l’ancien responsable socialiste Merry Hermanus – homme de cœur et de conviction, écrit : « Il faut savoir que ce maire est l’un des « durs » du régime, l’un de ceux qui maintiennent la politique féroce à l’égard des femmes, des jeunes, des homosexuels. De beaux esprits proclament qu’il n’a pas de sang sur les mains. Croyez-vous que Sauckel (Fritz Sauckel, ndlr), pendu à Nuremberg pour sa politique de travail forcé et d’esclavagisme avait du sang sur les mains ? Croyez-vous qu’Eichmann (Adolf Eichmann, ndlr) ait de sa blanche main tué un seul Juif ? Quand vous appartenez à un régime, quand vous y occupez l’éminente fonction de maire de la capitale, il est évident que vous êtes responsable de ce qui se produit dans ce pays ! S’il est vrai que le procès de Nuremberg a exclu la responsabilité collective du peuple allemand, il est tout aussi vrai qu’il a établi le principe de la coresponsabilité de la classe dirigeante nazie. Donc ce maire est responsable ! » On ne saurait mieux dire.
En défendant les tractations qui ont mené à la libération de Vandecasteele, les représentants du gouvernement laissaient entendre qu’ils n’avaient pas eu le choix et que le régime iranien serait, dans l’avenir, traité avec fermeté. On allait voir ce qu’on allait voir.
Eh bien on voit. Et ce n’est pas très joli.
Hugues KRASNER
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Source: LPOST
