Réforme de la politique migratoire de l’UE : une stratégie plus restrictive en marche


Réforme de la politique migratoire de l’UE : une stratégie plus restrictive en marche
L’illustration montre le bâtiment nouvellement occupé, numéro 91, Rue de la Loi, à Bruxelles, dimanche 23 avril 2023 par des migrants du groupe « Stop crise d’accueil ». BELGAPrès d’un million de demandeurs d’asile en 2022 pour le continent européen, soit deux fois plus qu’en 2021 et le plus haut niveau depuis 2016. 40% de ces demandes ont reçu une réponse positive. Parmi eux, des Syriens comme depuis de nombreuses années, mais surtout des Ukrainiens, guerre oblige. La question migratoire est probablement l’un des sujets qui occupent le plus le débat politique en Europe et qui est le plus l’objet d’instrumentalisation politique. Réfugiés, migrants, les mots sont importants et souvent confondus. Le glissement progressif d’une partie des Etats membres de l’Union européenne, surtout de l’est, vers l’extrême-droite signifie une volonté de moins d’immigration. Les courants d’extrême-gauche qui luttent contre eux ne voient pas la question des flux migratoires comme un problème, bien au contraire, et arguent souvent que l’Europe s’est faite, refaite, reconstruite et dynamisée démographiquement grâce à ceux-ci.
L’accord trouvé par l’Union européenne jeudi dernier prévoit une réforme profonde de la politique migratoire. Il résulte de plusieurs heures de négociations entre les ministres européens de l’Intérieur. Mais il devra passer encore le Parlement européen.
Pourquoi cet accord est-il qualifié d’historique ? Car il a mis tout le monde d’accord au sein de l’Union et a surtout réussi finalement par séduire les Etats les plus récalcitrants au départ par le projet de texte : c’est-à-dire l’Italie, la Grèce et la Hongrie, les pays les plus concernés par l’arrivée à leurs frontières et de celles de l’Union d’une immigration massive depuis des années. C’est le cas de l’Italie de Georgia Méloni, dont l’île de Lampedusa est un symptôme majeur de la crise migratoire en Europe, mais aussi et surtout du drame vécu chaque mois par des centaines d’individus qui ont tout quitté en Afrique par la voie maritime pour tenter de construire un avenir meilleur dans l’Union. Et dont beaucoup meurent en Méditerranée.
Système de solidarité flexible
C’est le cas de la Grèce, qui a connu après les Printemps arabes et la guerre en Syrie, un afflux massif de réfugiés venus cette fois-ci par la terre avant que l’on trouve déjà un premier accord avec la Turquie pour empêcher leur arrivée.
C’est enfin le cas de la Hongrie, comme d’autres pays de l’Europe de l’est telle que la Pologne, qui tentent de se barricader face à l’afflux de personnes du Moyen-Orient, en particulier d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie. Légalement, de plus en plus d’individus viennent d’Inde, de Mongolie et même d’Indonésie.
Que prévoit l’accord trouvé jeudi et qui a rassuré d’emblée ces trois pays ? Une immigration plus restrictive et une meilleure répartition des réfugiés comme une procédure accélérée pour décider de qui peut rester ou pas sur le sol européen. On parle ainsi d’un système de solidarité « flexible », alors que l’Europe a connu en 2022 un nombre record de demandeurs d’asile, et qui devrait voir chacun des Etats membres assumer une partie de ces individus en attente sur leur sol ou indemniser les pays de première entrée sous pression. On parle déjà de 20.000 euros par demandeur d’asile non redispatché dans un autre pays moins soumis à un afflux massif. C’est la Commission européenne qui gèrera ce fonds créé pour l’occasion. Les pays évoqués plus haut, dont l’Italie, avaient au départ refusé de servir de centre d’accueil de migrants en situation irrégulière aux Etats membres du Nord pour les « alléger ».
Accélérer les procédures d’asile
Parallèlement, la réforme prévoit une accélération des procédures à seulement douze semaines pour les demandeurs d’asile : leur dossier sera étudié dans un temps réduit et se fera dans des centres situés aux frontières de l’Europe, sont visés ici principalement les candidats qui ont la plus forte probabilité de ne jamais obtenir le droit d’asile. La secrétaire d’Etat à l’Asile et à Migration, Nicole de Moor (CD&V) a précisé que sont concernés les ressortissants du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, du Bengladesh et du Pakistan. Non seulement pour que ces individus soient triés sur le volet avant leur entrée en Europe et, par voie de fait, éviter que ces personnes basculent en situation irrégulière durablement au cœur du vieux continent. Objectif clairement avoué : renvoyer les migrants déboutés au plus vite dans leur pays d’origine.  On voit bien que l’Europe cherche à dégonfler l’épouvantail de l’immigration massive à ses frontières et qui fait le lit des extrêmes politiques aujourd’hui en Europe en proposant à la fois une meilleure répartition et une accélération de procédures qui permettront plus rapidement à un individu de savoir de quoi sera fait avenir : pouvoir vivre ici ou devoir malheureusement repartir dans son pays.
S.B.
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Source: LPOST

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