France : à la télévision, Emmanuel Macron peine à éteindre le feu de la contestation


France : à la télévision, Emmanuel Macron peine à éteindre le feu de la contestation
Il a parlé. Enfin, ont dit certains. C’était prévu, leur répondent d’autres. Dans la foulée de la décision du Conseil constitutionnel relative à la « constitutionnalité » sur l’essentiel de la loi de réforme des retraites en fin de journée du 14 avril dernier, l’entourage d’Emmanuel Macron glissait qu’avant la fin de cette semaine, le Président de la République parlerait. Restait à définir la forme de cette intervention. Formule retenue : ce lundi 17 avril à 20 heures, une allocution télévisée, courte pour Emmanuel Macron puisqu’il est intervenu pendant 13 minutes. Dès l’après-midi, les fuites ont alimenté les conversations, parmi lesquelles pas de remplacement de la Première ministre Elisabeth Borne ; fin de l’épisode, après trois mois de crise, de mobilisations et de manifestations, du débat sur la loi de réforme des retraites puisqu’elle a été adoptée par le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat), validée par le Conseil Constitutionnel et promulguée par le Président de la République ; début d’une nouvelle séquence autour de sujets comme le travail, la santé, l’école, l’immigration… Les réactions, tant de l’opposition que des syndicats et de la population indique que le Président français n’a pas convaincu.
Dans l’après-midi de ce lundi 17 avril, avant son allocution télévisée, Emmanuel Macron a reçu pendant plus de deux heures dans les salons du Palais de l’Elysée des ministres et des cadres de la majorité présidentielle. Il leur a indiqué que deux textes, l’un sur le travail, l’autre sur l’immigration, devront être adoptés par le Parlement avant la fin de l’été, « sinon ce sera mort ». Et d’ajouter : « Ceux qui nous empêcheront, il faudra leur crever la paillasse »… Commentaire d’une personne présente à ce rendez-vous : « Le Président est offensif. Il va donner son analyse de la situation… » Alors, d’emblée, face caméra, réélu il y a un an tout juste pour un second quinquennat présidentiel, Emmanuel Macron a attaqué sur cette fameuse loi de réformes de retraite qui a été « adoptée conformément à ce que prévoit notre Constitution… Cette réforme était nécessaire ». Et d’ajouter : « Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. J’ai entendu la colère des Français, personne ne peut y rester sourd… Colère face à un travail qui, pour trop de Français, ne permet plus de bien vivre, face à des prix qui montent, du plein, des courses, de la cantine (…). Colère parce que certains ont le sentiment de faire leur part, mais sans être récompensés de leurs efforts, ni en aides ni en services publics efficaces… Personne ne peut rester sourd à cette demande de justice sociale. Mais la réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme ».
Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. J’ai entendu la colère des Français, personne ne peut y rester sourd.
Appel à l’unité du Président Macron
Puis, comme prévisible, le Président de la République, de passer à la séquence suivante. L’ouverture de « trois grands chantiers, à commencer par celui de l’emploi ». Suivent la sécurité, la délinquance et l’immigration, et le progrès pour mieux vivre de la petite enfance au grand âge. Pour parvenir à mener à bien ces chantiers, un mot martelé par Emmanuel Macron : ensemble. Avec une méthode et pour guide le seul intérêt de la nation : « Je sollicite toutes les forces d’action et de bonne volonté. Il nous faut moins de loi, moins de bureaucratie ».
Avec, également, la confirmation du maintien de la Première ministre Elisabeth Borne à la tête du gouvernement, laquelle, la semaine prochaine, présentera sa feuille de route pour conduire ce qui a les allures d’une relance, voire du lancement du second quinquennat d’Emmanuel Macron, et l’annonce d’un premier bilan établi et présenté le 14 juillet prochain. Et après 13 minutes, la conclusion : « Je vous fais confiance, je nous fais confiance »…
Réaction immédiate de l’opposition
Dans quelques grandes villes de France dont Paris, Marseille et Rennes, durant l’allocution présidentielle, à l’appel de la Nupes (gauche radicale) étaient organisés des concerts avec tambourinades sur des casseroles. De son côté, la cheffe historique du Rassemblement National (RN, extrême droite) et candidate déclarée pour la présidentielle 2027, Marine Le Pen, y allait de son tweet : « Par l’annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d’ignorer leurs souffrances. (…) Cette pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir annonce la poursuite d’un quinquennat de mépris, d’indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes ».
Par l’annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français.

AFP
Manifestation spontanée à Strasbourg ce lundi 17 avril au soir après l’allocution télévisée du Président français, Emmanuel Macron.(AFP)
A l’opposé sur l’échiquier politique, commentaires de Fabien Roussel, secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF) : « Ceux qui n’ont pas écouté n’ont rien perdu », d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) : « Depuis le Palais de l’enlisé, le président pyromane promet cent jours pour éteindre le feu qu’il alimente quotidiennement », et de Jean-Luc Mélenchon, le « lider minimo » de La France Insoumise (LFI) : « Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste ».
Depuis le Palais de l’enlisé, le président pyromane promet cent jours pour éteindre le feu qu’il alimente quotidiennement .
Les syndicats ignorent la main tendue de Macron
Réactions aussi du côté des syndicats qui ont répondu par la négative à l’invitation du Président de la République avec le patronat pour une rencontre d’échanges, Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT (Confédération générale du travail) : « Macron s’enfonce dans la crise ». Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail) : « Rien de concret dans les perspectives ouvertes par le Président de la République qui propose un nouveau pacte de la vie au travail. (…) L’apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l’embrasement social, la réforme des retraites, il n’en a pas dit un mot ».
Les représentants syndicaux n’ont pas manqué de glisser que ces 20 et 26 avril, des appels à la mobilisation et même à la grève dans certains secteurs ont été lancés mais surtout, ils annoncent, pour le 1er mai, de grandes manifestations, « ce sera une journée exceptionnelle par son ampleur », prédit Sophie Binet.
A travers les réactions qui ont suivi l’allocution présidentielle, plus que jamais la fracture entre deux « France » paraît évidente. Longtemps, Emmanuel Macron s’est considéré comme le maître des horloges, en ce printemps après la séquence de la loi de réforme des retraites et l’allocution télévisée de ce 17 avril, il semble demander une pause des horloges. Parce que, comme l’affirme Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, « nous vivons une crise démocratique majeure qui est en train de créer les conditions d’un accès du pire au pouvoir ».
Serge Bressan (à Paris)
L’article France : à la télévision, Emmanuel Macron peine à éteindre le feu de la contestation est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST

Check Also

Files d’attente à Charleroi Airport : BSCA Security va désigner un second prestataire de services de sûreté

Files d’attente à Charleroi Airport : BSCA Security va désigner un second prestataire de services …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.