Réforme des retraites : la contestation s’essouffle en France
Selon le décompte des autorités, la 12ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites a mobilisé environ 380.000 manifestants dans les rues, alors que la CGT annonce, de son côté, un million de manifestants. Mais les observateurs s’accordent sur une certaine lassitude chez les contestataires. Une fissure est d’ailleurs perceptible dans l’intersyndicale, alors que le Conseil constitutionnel annoncera sa décision ce vendredi 14 avril en fin de journée. Il dira si le texte de la réforme est conforme à la Constitution ou pas. Dans le cas d’une validation du Conseil constitutionnel, la CFTD a déjà indiqué qu’elle ne participerait plus aux mouvements de contestation.
Au soir de la 12ème journée de mobilisation contre la réforme du système des retraites en France avec, en point d’orgue, le passage de l’âge de départ de 62 à 64 ans, nombre de commentateurs sont sur la même longueur d’ondes : ce 13 avril 2023, on a assisté, peut-être pas à la fin de la mobilisation, mais très certainement à l’essoufflement du mouvement de contestation. Un commentaire corroboré par la fréquentation partout en baisse tant dans les manifestations que dans les grèves. Ainsi, selon le ministère de l’Intérieur, 380.000 personnes ont défilé en France (1 million, selon la Confédération générale du travail/CGT). Dans le détail, on compte 42.000 manifestants à Paris (contre 57.000, le 6 avril dernier), alors que le décompte de la CGT indique 400.000 manifestants dans la capitale française (nombre également inférieur à celui de la semaine passée). A Nantes, les manifestants étaient 10.000 ; à Toulouse 9.000, à Marseille et Rennes 6.500… Commentaire de Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT qui a succédé tout récemment à Philippe Martinez : « La participation est massive. Ce n’est pas fini ». De son côté, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail, le plus important des syndicats français) renchérit: « On est là avec un mouvement social qui va marquer l’histoire sociale de ce pays… Le combat syndical est loin d’être terminé ». Quant à Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste (PS), elle confie que « oui, en France, il y a bien une crise démocratique. Et durant ces trois derniers mois, le Président de la République Emmanuel Macron a brutalisé les partenaires sociaux ».
Décision du Conseil constitutionnel ce 14 avril
Pour nombre d’acteurs, donc, la lutte continue, alors que certains commentateurs présentent cette 12ème journée de mobilisation comme « la der des der »… En fait, toute cette séquence de ce projet de réforme du système des retraites est suspendue à la décision que va communiquer le Conseil constitutionnel ce vendredi 14 avril en fin de journée. Les « neuf Sages » de l’institution, sous la présidence de Laurent Fabius (ancien Premier ministre socialiste), vont annoncer si, selon eux et l’armée de juristes qui les épaule, cette loi adoptée par l’Assemblée Nationale grâce au recours du fameux article 49.3 de la Constitution de la Vème République, est, dans entièreté ou pour l’essentiel, constitutionnelle ou non.
La mobilisation s’essouffle un peu, mais la détermination est présente. Photo Claire Serie
Environ 380.000 manifestants ont battu le pavé jeudi 13 avril contre la réforme des retraites. Photo Claire Série / bePress Photo Agency/bppa
Basé au cœur de Paris, le Conseil constitutionnel, pour la première fois de son histoire, a été placé par le ministre de l’Intérieur sous haute protection policière, avec pas moins de cinq rangées de membres des CRS (Compagnies républicaines de sécurité). Avant même la communication des « Sages », ont filtré les trois sujets sur lesquels le Conseil constitutionnel a phosphoré. Le plus important : le report de l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans, s’il le tient pour légal, le texte de loi pourra être promulgué par le Président de la République ; si le texte est invalidé, le Président et le gouvernement auront la possibilité de le retravailler et de le présenter à nouveau au vote des députés et des sénateurs… En attendant, de nouvelles manifestations (avec des débordements?) sont annoncées pour ce vendredi 14 avril.
Fissures dans l’intersyndicale
L’Intersyndicale qui laissait paraître, depuis janvier et les premières journées de mobilisation, une « belle unité » est désormais confrontée à quelques fissures pour envisager le futur. Ainsi, la CFDT a fait savoir qu’en cas d’avis favorable du Conseil constitutionnel pour le texte de loi, elle respectera cette décision et ne participera pas à de prochaines actions, alors qu’à la CGT, on promet la poursuite de la lutte.
Ultime information : si l’essentiel de la loi est validé par les « neuf Sages », Emmanuel Macron interviendra à la télévision dans le « 20 Heures » le week-end ou en début de semaine prochaine pour annoncer sa décision d’accélérer, de relancer son quinquennat en axant son action sur trois grands sujets : l’éducation, la santé et l’emploi. Avec ou sans Elisabeth Borne, la Première Ministre en poste depuis mai 2022 ? That’s the question…
Serge Bressan (à Paris)
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Source: LPOST