Qatargate : l’eurodéputée Eva Kaili est, à son tour, « libérée » sous bracelet électronique
L’eurodéputée grecque Eva Kaili est libérée après quelques mois de détention préventive. Mais elle devra porter un bracelet électronique. AFPComme nous l’annoncions hier, la sortie de prison d’Eva Kaili, sous le régime du bracelet électronique était inévitable. La décision a été annoncée ce mercredi 12 avril et confirmée par son avocat. L’ancienne vice-présidente grecque du parlement européen restera donc en détention préventive, mais chez elle. Elle rejoint ainsi son compagnon, Francesco Giorgi, qui avait déjà bénéficié d’une mesure similaire en février dernier. Arrêtée le 9 décembre, Eva Kaili était la dernière inculpée à se trouver derrière les barreaux.
Eva Kaili et ses défenseurs avaient réclamé à plusieurs reprises sa remise en liberté. En vain. Le 16 février, la chambre des mises en accusations avait confirmé sa détention pour deux mois. Le 7 mars, elle introduisait donc un pourvoi en cassation contre cette décision et elle vient donc d’obtenir une décision positive. Mais même si elle continue à nier toute implication dans le dossier, rejetant la faute sur son compagnon, Francesco Giorgi, qui lui aurait caché l’origine des énormes sommes en liquide qui avaient transité par son appartement, l’eurodéputée socialiste n’est pas pour autant tirée d’affaire.
D’abord, elle a pris, à plusieurs reprises, des positions favorables au Qatar alors que son compagnon distribuait allègrement les fonds que lui transmettait Pier Antonio Panzeri afin de convaincre d’autres élus à faire de même et elle a, elle-même, effectué au moins un déplacement dans le richissime Emirat.
La parole d’Eva Kaili contre celle d’Antonio Panzeri
Certes, cela ne prouve rien : Eva Kaili a très bien pu agir pour des raisons politiques honorables. Mais il y a un hic, dans ses aveux circonstanciés, le repenti Panzeri la charge lourdement, avançant qu’elle était l’une des quatre parlementaires que le Qatar comptait « remercier » à hauteur de 250.000 euros en cash. Eva Kali et ses défenseurs démentent, mais si Panzeri ment, il perdra immédiatement les avantages (une peine négociée et assez légère) négociés dans le cadre de son statut de repenti. Prendrait-il ce risque ? L’avenir le dira.
Mais surtout, les explications qu’elle donne sur la présence des fonds résultant de la corruption à son domicile laissent perplexes. Si elle ignorait que leur origine était douteuse, pourquoi diable aurait-elle demandé à son père d’emporter en catastrophe entre 500.000 et 600.000 euros dans une valise ? « Bien entendu », admet une source proche du dossier, « cette demande a été formulée après qu’elle eut été avertie de l’arrestation de son compagnon. Mais même si elle ignorait la provenance et la nature des fonds, elle a, alors tenté de faire disparaître des preuves en faisant sortir l’argent de son appartement, il y a là, a minima, une complicité à posteriori… ».
La décision d’impliquer son père fut d’ailleurs fatale à Eva Kaili, puisque c’est après l’interpellation de ce dernier (à la sortie de l’hôtel Sofitel de la place Jourdan, à un jet de pierre du Parlement européen), avec, à la main, la valise gonflée d’argent sale que le juge d’instruction belge Michel Claise, agissant alors en flagrant délit a pu perquisitionner chez la parlementaire, malgré son immunité. A son domicile, les enquêteurs allaient encore trouver plus de 150.000 euros…
Une clé USB à cacher
Par ailleurs, il se dit avec insistance que Mme Kaili, après sa propre interpellation, aurait pris contact avec des « amis » pour qu’ils fassent disparaître une clé USB et un téléphone. Pourquoi ?
Les justices belge et grecque, en tout cas, enquêtent sur le patrimoine de la famille Kaili et, en particulier, des projets d’investissement immobilier qu’Eva Kaili et Francesco Giorgi avaient en Grèce.
On apprenait par ailleurs, toujours ce mercredi, que l’audience, devant un tribunal italien, qui devait décider de la remise du député Andrea Cozzolino à la Belgique (sur base d’un mandat d’arrêt délivré par Michel Claise) avait été reportée au début du mois de mai.
On notera, bien évidemment, que comme Mme Kaili, M. Cozzolino nie toute implication dans le Qatargate…
Hugues Krasner
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Source: LPOST
