Syndicat : les défis de la première femme, secrétaire générale de la CGT en France


Syndicat : les défis de la première femme, secrétaire générale de la CGT en France
Une grande première. Mieux, affirment certains, ce n’est rien moins qu’une révolution. En effet, en cette fin de semaine, réunie pour son 53ème Congrès à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), la CGT (Confédération générale du travail, créée le 23 septembre 1895) va être dirigée par une femme puisque Sophie Binet, 41 ans, a été élue pour succéder à Philippe Martinez, secrétaire général en poste depuis le 3 février 2015 et qui ne souhaitait pas un nouveau mandat. Son arrivée à la tête du deuxième syndicat des salariés de France est une surprise, car elle n’é »tait pas en lice pour le poste. Mais les deux autres femmes, Marie Buisson (proposée par le secrétaire général sortant, Philippe Martinez) et Céline Verzeletti (poussée par les plus grosses fédérations comme celles de la Chimie et des Cheminots) n’ont pas réussi à s’imposer. La nouvelle secrétaire générale de la CGT, âgée de 41 ans, va devoir notamment recoller les morceaux d’un syndicat, d’obédience communiste, qui se déchire à ciel ouvert.
L’élection de Sophie Binet à la tête du deuxième syndicat de France, « c’est une bonne nouvelle pour toutes les femmes », a commenté la Première ministre Elisabeth Borne. « C’est aussi une bonne nouvelle pour le gouvernement en cette période de contestation de la loi de réforme des retraites », a commenté avec un soupçon d’ironie un syndicaliste présent à Clermont-Ferrand. Pourtant, l’accession de Sophie Binet à la direction de la CGT ressemble fort, pour certains, à un compromis ; pour d’autres à un deuxième choix. Lorsqu’il a annoncé le 31 mai 2022 sa décision de se retirer à l’issue du 53ème Congrès, Philippe Martinez avait également avancé le nom de Marie Buisson pour lui succéder. Pendant près d’un an, le leader à la moustache brune et frissonnante a préparé le terrain.
Maigre bilan pour le secrétaire général sortant
Mais au sein du deuxième syndicat de France avec ses 650.000 membres revendiqués, les luttes sont violentes. On dit même qu’avant même et durant ce 53ème Congrès, de couteaux dans le dos ont été plantés. Et le bilan de Philippe Martinez, secrétaire général pendant huit ans, a été remis en cause : chute du nombre d’adhérents, opacité des finances, opposition systématique sans débat interne à toute réforme lancée par le gouvernement, idéologie à géométrie variable et même des plaintes pour violences sexuelles…
Tout cela a ressurgi à Clermont-Ferrand. Le « parlement » de la centrale a retoqué Marie Buisson, la candidate présentée par Philippe Martinez, tout comme celle estampillée « plan B », Céline Verzeletti. Et c’est ainsi que Sophie Binet a été élue au poste de secrétaire générale de la CGT, succédant ainsi aux « historiques » Léon Jouhaux (1909-1947), Benoît Frachon (1945-1967), Georges Seguy (1967-1982) et Henri Krasucki (1982-1992) et aux récents Louis Viannet (1992-1999), Bernard Thibault (1999-2013), Thierry Lepaon (2013-2015) et Philippe Martinez (2015-2023).
Présente à Matignon le 5 avril
« Je suis sûre qu’on sortira de ce congrès largement rassemblés », a twitté la nouvelle secrétaire générale dans la foulée de son élection. Elle a fait savoir également qu’elle se rendra, le 5 avril prochain, à Matignon avec l’Intersyndicale et répondra ainsi à l’invitation lancée par la Première ministre pour discuter de la loi sur les retraites, adoptée récemment à l’Assemblée Nationale avec l’usage du fameux article « 49.3 ». Ce sera donc une première pour Sophie Binet qui, avec cette élection, les cumule, les premières !

Le secrétaire général sortant, Philippe Martinez, part sur un maigre bilan et en laissant une centrale syndicale divisée. AFP
Jugé autoritaire, Philippe Martinez, secrétaire général sorant de la CGT.  (AFP)
En effet, conseillère principale d’éducation (CPE), elle n’est pas issue du monde ouvrier ; elle est responsable, à la CGT, de la section « cadres » ; elle a milité à la direction de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France), mais n’a jamais milité, ni été encartée au Parti Communiste français (PCF), ce qui, jusqu’alors, était une condition sine qua non pour être élu.e au poste de secrétaire général (e) de la CGT, même si Philippe Martinez a toujours affirmé qu’il avait quitté le PCF au début des années 2000 ; elle a été sympathisante du Parti Socialiste (PS) et proche des mouvances de Martine Aubry et Benoît Hamon, ancien candidat à l’élection présidentielle en 2017…
Egalité salariale homme-femme
Toutefois, Sophie Binet écrit régulièrement une chronique sur le monde du travail pour « L’Humanité Dimanche », l’hebdomadaire relais du PCF. Elle milite dans diverses associations féministes, dont celle dirigée par l’ultra-féministe Caroline de Haas, et réclame l’égalité statutaire et salariale homme-femme dans le monde du travail. Le représentant d’ArcelorMittal à la CGT y est allé de son commentaire : « C’est quelqu’un qui a de l’expérience, c’était important que ce soit une femme pour tous les camarades. Ça règle les comptes, c’est balle au centre, car c’est quelqu’un de neutre : c’est un autre choix que celui de Philippe Martinez, ce n’est pas l’opposition non plus, donc c’est bien ».
Baptême du feu pour Sophie Binet, la jeune femme aux cheveux longs et bruns : ce 5 avril à Matignon chez Elisabeth Borne avec l’Intersyndicale, puis le lendemain dans la rue pour la 10ème journée d’action et de manifestations contre la loi des retraites, alors que le mouvement de contestation donne des signes d’essoufflement…
Serge Bressan (à Paris)
>La cinquième…
 
Elue secrétaire générale de la CGT à lors du 53ème congrès du deuxième syndicat de France à Clermont-Ferrand, Sophie Binet est la cinquième femme à la tête d’une organisation syndicale. Revue de détails.
Nicole Notat, la pionnière. La première femme à diriger une grande organisation syndicale en France, la CFDT (Confédération française démocratique du travail), entre 1992 et 2002.
Carole Couvert. A 40 ans, elle devient, en 2013, la première femme à diriger la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres). Elle est poussée vers la sortie en 2016 en raison de querelles internes de personnes au sein de l’organisation.
Bernadette Groison. Professeure en école maternelle dans la banlieue parisienne est issue du SNUipp-FSU, le syndicat des enseignants du primaire, elle devient, à 48 ans en 2010, secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire, poste qu’elle occupera jusqu’en 2019.
Annick Coupé. Ancienne secrétaire régionale de la CFDT-PTT en Ile-de-France, démise de ses responsabilités pour avoir soutenu un conflit à contre-courant de son organisation, Annick Coupé co-fonde en 1988 avec plusieurs centaines de militants la fédération SUD-PTT, dont elle prend la tête, puis participe à la création de Solidaires dont elle sera la déléguée générale de 2001 à 2014.
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Source: LPOST

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