France : mobilisation monstre contre la réforme des retraites, mais sans blocage du pays
Les manifestants tiennent des pancartes indiquant (G/D) « C’est l’heure de la révolution », « nos voix brisent le silence », « vivons, ne survivrons pas », « nous ne prendrons pas leur retraite » alors qu’ils participent à une manifestation à Dijon, dans le centre-est de la France le 7 mars 2023. AFPAu matin de ce 7 mars 2023, nombre d’observateurs se posaient la question : cette sixième journée de mobilisation contre la réforme de la retraite portée par la Première ministre, Elisabeth Borne et son gouvernement sera-t-elle un flop pour les manifestations ou un succès pour les syndicats ? Au soir de cette même journée, les responsables syndicalistes ne cachent pas leur satisfaction, allant jusqu’à évoquer 700.000 manifestants dans les rues de Paris, soit quasiment le double par rapport à la manifestation du 31 janvier dernier. La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toute la France, alors que le ministère de l’Intérieur évalue leur nombre à 1,28 million. Dans les coulisses du gouvernement, on a regardé ce qui s’est passé dans les rues ainsi que dans les entreprises et constaté que la France a été mobilisée mais pas bloquée. Ce qui fait dire à un fin connaisseur du sujet : « Ça a été une marée haute, très haute mais pas une marée d’équinoxe. Il n’y a pas eu de raz-de-marée… ». Analyse d’une journée d’action hors du commun qui se poursuivra par des perturbations ce mercredi 8 mars dans certains secteurs (SNCF, RATP, EDF, etc.). L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation le samedi 11 mars.
Dans les jours précédant cette journée d’action, les opposants à cette réforme promettaient « une mobilisation comme on n’en a jamais vu depuis 30 ou 40 ans ». Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, « lider minimo » sans aucun mandat électif, mais toujours grand maître à penser de LFI (La France Insoumise) annonçait « un événement de l’Histoire de notre pays ». Ainsi, on a compté, à travers le territoire, 320 points de mobilisation, tant à Paris qu’à Lille, Bordeaux, Lyon ou encore Marseille. Dès la mi-journée, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT (Confédération générale du travail), lançait : « C’est une journée très réussie. Il faut passer à la vitesse supérieure ».
Un appel à la grève diversement suivi
Concrètement, l’appel à la grève a été relativement suivi : 41,5% de grévistes chez EDF (Electricité de France), 39% à la SNCF, 32% à l’Education nationale, soit des taux moindres que lors des journées des 19 et 31 janvier derniers. Nombre de chauffeurs de poids lourds ont levé les blocages sur les axes routiers. Sur les sept raffineries que compte la France, quatre seront encore bloquées jusque, au moins, à la fin de la semaine, mais pour l’heure, on n’évoque pas encore la pénurie d’essence à la pompe, les réserves assurant au moins une grosse semaine aux consommateurs.
Dans certains secteurs, telles chez EDF, à l’Education nationale, à la SNCF ou encore à la RATP (Régie autonome des transports parisiens), des perturbations sont encore annoncées pour ce 8 mars et très vraisemblablement les jours suivants. « On a eu l’échauffement avant avec quelques petites journées de manif, et là, c’est le vrai début », s’enthousiasmait une salariée de la SNCF et membre de la CGT. « Ce 7 mars, c’est le début du tordage de bras ! », ajoutait un contrôleur de train et délégué syndical Unsa-Ferroviaire. Et Jean-Luc Mélenchon, encore lui, de marteler : « Je tiens le Président Emmanuel Macron directement et personnellement responsable de cette situation ».
Deux autres responsables syndicaux ne mâchent pas leur déclaration : « On est dans un mouvement dur », affirme Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), « Nous sommes persuadés que cette réforme ne sera pas votée… Le gouvernement ne propose que des rustines », assure Frédéric Souillot, le secrétaire général de FO (Force ouvrière).
75% des Français sont opposés à la réforme des retraites
« Jamais le pessimisme n’a été aussi fort », confie Frédéric Dabi, le directeur général de l’institut de sondage, IFOP. « Les Français n’ont rien compris à cette réforme de la retraite », poursuit-il. Un propos confirmé par le résultat d’un récent sondage : 75% des Français sont opposés à la réforme du régime de la retraite. Un autre sondage indiquait, dans la foulée de cette journée d’action du 7 mars 2023 : 66% des Français pensent que le texte de loi sera adopté par l’Assemblée nationale, très certainement le 16 mars prochain, et que les manifestations ne changeront rien.
Dans la coulisse, se joue une partie essentielle pour les actions contre ce projet de réforme de la retraite : la cohésion de l’intersyndicale ne serait qu’illusion. Avec deux positions divergentes : si la loi est votée à l’Assemblée nationale, la CGT refusera alors que la CFDT respectera le vote des députés et ne demandera pas le blocage…
L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites le samedi 11 mars et demande à être reçue par le Président de la République, Emmanuel Macron.
Serge Bressan (à Paris)
L’article France : mobilisation monstre contre la réforme des retraites, mais sans blocage du pays est apparu en premier sur L-Post.
Source: LPOST
