« Première conférence des Femmes d’influence » en Iran : coup de communication de Téhéran qui ne trompe personne
La première conférence des femmes influentes en Iran trancge avec la mobilisation contre le régime des Mollahs: ici manifestation appelant à la poursuite du président iranien Ebrahim Raisi lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York le 20 septembre 2022. AFPDepuis la mort à Téhéran le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, cette jeune fille qui avait retiré son voile et était morte des suites de son arrestation musclée par la police iranienne, le pays est en proie à de nombreuses manifestations de protestation contre le régime iranien. Cela fait quatre mois que les émeutes se multiplient dans tout le pays et que plus de 500 citoyens iraniens sont déjà morts. Parmi les manifestants figurent des femmes et des filles qui se sont soulevées et ont payé le prix de leur vie. Le pays a organisé à la mi-janvier, la première conférence des femmes d’influence sous l’égide de l’épouse du président. L’événement a rassemblé les Premières dames de plusieurs pays : Burkina Faso, Nigéria, Irak, Sri Lanka, Guinée, Kirghizistan, Serbie, Arménie. Mais personne n’est dupe, car il s’agit d’une opération de marketing destinée à redorer le blason des Mollahs.
Téhéran, malgré tout, et malgré surtout une répression féroce, tente de faire diversion par des opérations de communication pour redorer l’image du pays à l’international. Et notamment par un évènement tout à fait surréaliste. Ainsi, le 19 janvier dernier, le pays a lancé en grande pompe la « Première Conférence des Femmes Influentes du Monde », sous les auspices de Jamileh Alamolhoda, l’épouse même du président iranien Ibrahim Raisi.
Réunion des épouses de présidents
Cette initiative avait clairement pour but de montrer que le régime se souciait du sort des femmes plus qu’autre chose, ce qui était difficile à croire et comprendre. On sait, de la part des organisations de défense des droits de l’homme, les nombreuses atteintes aux libertés et la violence qui sont faites en particulier aux femmes. Selon la presse iranienne, Ebrahim Raisi qui ouvrait la Conférence, a exprimé sa satisfaction que la République islamique d’Iran accueille des femmes influentes de différents pays et n’a pas hésité à même déclarer : « J’espère que les femmes présentes à cette réunion pourront réfléchir ensemble, converger et que les personnes partageant les mêmes idées pourront faire un pas vers la réalisation des droits des femmes dans le monde ». Qu’en dirait Mahsa Amini ?
L’évènement a ainsi réuni les Premières dames de dix pays. Parmi elles, celle du Burkina Faso, du Nigéria, d’Irak, du Sri Lanka, de Guinée, du Kirghizistan, de Serbie et aussi d’Arménie. Dans un tel contexte de répression, il est bien curieux de voir que ces dirigeants n’y ont rien eu à redire que de se présenter à Téhéran. Plusieurs médias iraniens en ont profité pour saluer notamment l’amitié historique entre l’Iran et l’Arménie. Une posture qui ne semble pas déranger Erevan déjà partenaire historique et de premier plan de la Russie actuelle et plus que jamais depuis l’invasion de l’Ukraine, et manifestement allié irréversible du régime des Mollahs. D’ailleurs, le 25 novembre 2022, c’était déjà un signe : l’Arménie avait voté contre la résolution alertant sur la situation des droits de l’homme en Iran au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)
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Source: LPOST
