Paris : après la fusillade raciste de vendredi, le quartier d’Enghien reste traumatisé
Des manifestants affrontent des policiers anti-émeute français à la suite d’une déclaration du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin sur le site où plusieurs coups de feu ont été tirés le long de la rue d’Enghien dans le 10e arrondissement, à Paris le 23 décembre 2022. AFPVingt-quatre heures après la fusillade dans le 10ème arrondissement, les habitants du quartier restent traumatisés par le drame. Vendredi 23 décembre, un homme armé avait ouvert le feu dans le centre de Paris, tuant trois personnes et en blessant trois autres. L’agresseur a pris pour cible un centre culturel kurde et a tiré sur des membres de la communauté locale. Un mobile raciste et islamophobe font l’objet d’une enquête. Le suspect, âgé de 69 ans, a été rapidement arrêté et il est rapidement apparu qu’il avait été récemment libéré de prison. Il avait déjà été inculpé pour des violences racistes. C’était suite à un incident qui s’était déroulé le 8 décembre 2021 à Bercy. Armé d’une épée, il s’en était pris à des tentes dans un camp de migrants à Paris. Arrêté après la fusillade de Paris, le suspect a été transféré dans une unité psychiatrique. Reportage dans le 10ème arrondissement après la fusillade de vendredi.
Le Conseil démocratique kurde de France (CDF-K), qui gère le centre culturel, a condamné l’attaque dans un communiqué. Une veillée a été organisée pour rendre hommage aux personnes tuées. Une manifestation a eu lieu ce samedi 24 décembre à midi sur la place de la République à Paris. Mais, tout comme la veille, il y a encore eu des affrontements entre une partie des manifestants et les forces de l’ordre envoyées par le préfet de Police de Paris, Laurent Nunez. Interrogée par L-Post sur les événements du 23 décembre, Sabrina raconte ce qu’elle a vu. Elle dit avoir d’abord entendu des coups de feu, par sa fenêtre puis des cris provenant de l’intérieur d’un salon de coiffure situé en face du centre culturel. Elle confirme que des passants ont maîtrisé le tireur lorsqu’il a tenté de recharger son arme à feu à plusieurs reprises. Fatiha, une jeune femme kurde vivant dans le quartier semble être résignée. « Cela peut être choquant pour quelqu’un qui n’a jamais assisté à ce genre de scène dans sa vie. Mais nous avons grandi sous la menace des armes et des bombes, c’est ainsi que la vie est pour nous les Kurdes », témoigne-t-elle.
Décrivant ce qu’elle a entendu pendant la fusillade, une commerçante Françoise, âgé de 75 ans nous décrit la scène qu’elle a vécu. « Sept ou huit coups de feu avaient été tirés, provoquant le chaos dans la rue. C’était la panique totale, croyez-moi. Une scène d’horreur ! Nous nous sommes enfermés à l’intérieur avec mes employés tellement nous avions eu peur ».
Un restaurateur, Mohammed, renchérit : « Nous avons vu un vieil homme blanc entrer puis commencer à tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé chez le coiffeur d’à côté. »
Un autre témoin qui souhaite rester anonyme a déclaré à L-Post : « j’ai entendu plusieurs coups de feu qui venaient de 50 m à 100m. Après, j’ai vu une personne dans la soixantaine qui a sorti une arme de son petit sac et s’est mise à tirer sur une maison ».
Rappelant la fusillade de vendredi, le CDF-K indique qu’elle s’est produite « peu avant le 10ème anniversaire du triple assassinat de militantes kurdes à Paris le 9 janvier 2013 ». Parmi les trois militantes kurdes assassinées, il y a près de 10 ans, figure une cofondatrice du militant nationaliste Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Aucun lien officiel n’est établi entre triste anniversaire et la fusillade de vendredi.
Après la fusillade, le quartier reprend tout doucement vie, mais les habitants restent traumatisés. Aux dernières nouvelles, la garde à vue du tireur a été levée pour raison de santé, il est désormais transféré à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.
Hamid CHRIET, éditorialiste L-Post (à Paris)
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Source: LPOST
